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Brins d’Éternité n°44
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°44, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles – entretien - critiques - articles, printemps-été 2016, 128 pages, 10$ CAD

Tomislav Tikulin illustre en couverture la nouvelle de Frédérick Durand qui, loin de se contenter de cette seule apparition au sommaire, signe aussi un remarquable article sur les collaborations entre le cinéaste espagnol Jess Franco et le scénariste Harry Alan Towers. En 20 pages, il décrypte bon nombre de films de séries B plus ou moins inspirés. Une filmographie pas avare de nanars, mais très bien analysée par Frédérick Durand qui partage de manière prenante sa connaissance du genre.



Il est aussi l’auteur de “L’insula des louves ardentes”. Le lupanar de Thracius est bien plus luxueux que la concurrence qui exploite à outrance ses femmes esclaves pour le plaisir des hommes, mais il est très exigeant et sévère. Suite aux plaintes de clients sur le manque de nouveautés, il ramène de nouvelles esclaves dont Juliana. Les habitués s’entichent vite d’elle, ainsi que Thracius le maître de maison, dont le comportement commence alors à changer, comme si plus rien n’avait d’importance mise à part coucher avec Juliana.
La situation est décrite du point de vue de Cyriacus, le fils de Thracius, bien différent de ce dernier, et qui assiste médusé au changement, à l’évolution des prostituées en contact avec Juliana. L’histoire est prenante et son contexte, une ville romaine de l’antiquité, est bien rendu avec des termes bien choisis. La touche fantastique est discrète, tout en non dit, aux lecteurs de se faire leur idée sur la nature de Juliana. Entame mystérieuse mais ô combien séduisante.
Il est à noter que ce texte de Frédérick Durand a déjà été publié dans « Dimension Antiquité », une anthologie des éditions Rivière Blanche.

Il en est de même pour “L’homme qui fit couler une mer” de Jean-Louis Trudel qui figurait au sommaire de « Dimension préhistoire ». Guetteur fuit les chasseurs de la tribu qui le poursuivent pour avoir enlevé la nouvelle femme de leur chef. Il prend tous les risques, use d’astuces mais le couple et leur enfant se font tout de même rattraper. La fin est proche...
Jean-Louis Trudel nous convie à une fuite pour gagner la liberté et le bonheur de vivre ensemble, mais la chance ne sourit pas forcément aux amoureux. Quoique... Le résultat est intéressant à plus d’un titre : inscrit dans le passé, les croyances de l’époque auxquelles il donne une légitimité et une réalité sur le terrain, gens simples soumis à des conditions rudes et implacables... Point de départ intelligent pour une belle nouvelle.

Vlad Anoaica nous ramène aussi dans l’antiquité avec “Trois nuits à Canope”. Artémidore se rend à un temple païen de la ville pour découvrir la signification de ses étranges rêves. Le moment est critique car l’évêque d’Alexandrie mène une véritable croisade pour la destruction de ce temple d’un autre culte. Ce jeune philosophe atteindra-t-il la connaissance ?
“Trois nuits à Canope” n’est pas dénué d’une certaine réflexion philosophique, de paradoxes intéressants, propices à intriguer les lecteurs et à nourrir l’intrigue. Stimulant !

“Une robe noire aux manches bordées de dentelle vermeille”, voilà un titre intriguant. Le récit ne l’est pas moins entre souvenirs d’enfance avec les camions de pompiers qui fascinaient le personnage, sa perte de sensibilité, sa compagne Ella qui s’éloigne de lui... Jusqu’au bout j’ai attendu le déclic qui expliquerait certaines allusions à la situation présente, mais rien n’est venu, au point que je me suis demandé s’il ne manquait pas une partie. À rester évasive, Marianne Escher m’a perdu en cours de route. Promesses non tenues.

Ariane Gélinas fait aussi montre de mystère. Cette fois-ci, c’est une femme qui nous fait partager ses affres, les effets d’une mystérieuse maladie qui la ronge, son amour perdu... Toutefois “Laisser ses os en arrière” se termine de façon explicite et pour le moins surprenante, apportant la compréhension à ce qui précédait. L’auteure sait ménager ses effets, ne pas faire dans la surenchère pour un fantastique tout en retenue et de bon aloi.

La partie rédactionnelle débute avec un entretien où Alain Ducharme présente « La République du Centaure », son projet de rendre à nouveau accessible tout un corpus de textes ayant marqué la littérature de l’imaginaire québécois. Une entreprise louable et à encourager !
Les chroniques sont de bonne tenue et d’autant plus intéressantes qu’elles sont consacrées exclusivement à des ouvrages d’outre-Atlantique, ce qui donne un panorama de la production actuelle au Québec.
Pierre-Alexandre Bonin décrypte le cycle de « La Tour sombre » de Stephen King et le confronte à l’œuvre qui l’a inspiré : “Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire”, poème écrit en 1855 par Robert Browning. C’est érudit, fort bien étayé et le rédacteur sait garder l’attention des lecteurs, ce qui n’est pas évident pour ce genre d’articles.

Un très bon numéro de « Brins d’Éternité » avec de belles choses au sommaire, comme les nouvelles ancrées dans le passé et deux articles instructifs et prenants.


Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 44
Éditeurs : Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Tomislav Tikulin
Illustrations intérieures : Ève Chabot, Cédric Godin Olicard
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : printemps - été 2016
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 978-2-924585-02-3
Dimensions (en cm) : 13,9 x 21,4
Pages : 128
Prix : 10 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
14 juin 2016


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