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Akira (T1)
Katsuhiro Otomo
Glénat

2019, Neo Tokyo se prépare à recevoir les 30e jeux olympiques. C’est aussi l’occasion de montrer la reconstruction de la capitale japonaise, trente sept ans après la catastrophe nucléaire qui ravagea l’ancienne ville et provoqua la Troisième Guerre Mondiale. Mais la ville est loin d’avoir retrouvé sa superbe, la nuit appartient aux bandes de motards qui la sillonnent et sèment la panique. Kaneda et sa bande ont décidé de se balader vers la vieille ville cette nuit-là, se retrouvant vite bloqués par le cratère en son centre. Mais alors que les autres lui sont passés devant, Tetsuo voit un enfant se tenir soudainement devant lui et provoquer un terrible accident. La police ne tarde pas à arriver et à l’emmener à l’hôpital. Mais Kaneda a le temps de voir le responsable de l’accident de son ami : un enfant aux traits de vieillard qui disparaît aussi mystérieusement qu’il est apparu. Plus étrange encore, personne ne sait où a pu être emmené Tetsuo. Ce n’est pas ça qui arrête Kaneda, comme rien ne l’empêche de draguer une fille qui lui plait comme Kei...



Kei est entrée en contact avec Ryu. Leur organisation a fait s’évader le numéro 21, mais l’enfant leur a échappé. Plus grave encore, ce dernier commence à sentir le manque de médicaments et ne contrôle plus ses pouvoirs, comme lorsque ce gamin lui a soudainement cherché des noises dans la rue. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de victimes. Mais maintenant, ils se retrouvent avec le gamin dans les pattes, sans parler des militaires qui comptent bien récupérer leur cobaye, surtout le colonel. A force de provoquer des catastrophes, le numéro 21 se fait encercler à la sortie d’un égout, perdant pied et tout contrôle. Mais le colonel a un atout en réserve : le numéro 27, Masaru. Seul ce dernier est capable de calmer son ami seulement quand il lui lance une capsule de médicament pour le soigner, Kaneda la rattrape au vol et parvient à s’enfuir. Pendant ce temps, Tetsuo est de retour, mais le garçon a changé. Il semble plus sûr de lui mais aussi plus violent et souffrant de terribles migraines. Et s’il est un ami d’enfance de Kaneda, il y a toujours eu une forme de concurrence entre les deux garçons, Kaneda ayant toujours été au-dessus de lui... mais pour combien de temps encore...

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2015, Katsuhiro Otomo reçoit le grand Prix de la ville d’Angoulême, glorieux prix du Festival de BD d’Angoulême. C’est donc 33 ans après la parution d’“Akira” au Japon que ce grand mangaka reçoit un des plus grands hommages de la BD en France. Il faut avouer qu’“Akira” est une oeuvre majeure du manga et même de la BD mondiale. Bien avant une autre révolution cyberpunk engagé par Masamune Shirow avec son “Ghost in the Shell” en 1989, c’est en décembre 1982 que les premières pages d’Akira sont publiées au Japon. Il faut attendre le début des années 90 pour que les éditions Glénat éditent cette série magistrale de science-fiction. Et ce sera par la version colorisée américaine que le jeune français que j’étais alors à découvert l’autre côté du manga (massacré par l’exploitation scandaleuse d’“Hokuto no Ken” ou de “Saint Seiya” par AB Production). Ayant raté la version en petit fascicule, façon comics, c’est directement à travers la très belle édition cartonnée en couleur que je dévorais les aventures de Kaneda, Tetsuo et tous les protagonistes de l’histoire. Evidemment, “Akira” aura son grand moment de gloire avec la sortie du magnifique film d’animation tiré du manga en 1988, chef d’oeuvre incontesté utilisant tous les progrès techniques de l’époque (et réédité en Blu Ray en 2011).

Et nous voila vingt ans après la parution du dernier tome de la version cartonnée d’“Akira” en France. Pour cet anniversaire, les éditions Glénat rééditent ce qui est considéré comme la version ultime d’“Akira” supervisée au Japon par maître Otomo en personne : en noir et blanc, avec quelques pages couleurs originales (et non la colorisation US), une nouvelle traduction et les onomatopées sous-titrées (non, les hélicoptères ne feront plus budda budda ou presque), le sens de lecture japonais, la jaquette originale... De quoi satisfaire les puristes tout autant que ceux qui découvriront cette oeuvre.

Mais justement, y a-t-il encore des choses à dire sur “Akira” ? Ai-je ici la moindre valeur ajoutée ? Bon, d’un autre côté, comment résister à l’envie de commenter “Akira” ! Katsuhiro Otomo est un enfant de l’atome, né en 1954, en plein après guerre et domination américaine sur le sol nippon. Toutefois, ce ne sera pas l’anti-américanisme primaire qui l’inspirera mais bien la peur d’un nouveau feu nucléaire post Hiroshima et Nagasaki. D’ailleurs, c’est une explosion nucléaire au cœur de Tokyo qui provoquera la Troisième Guerre Mondiale. La civilisation qui en résulte est, trente ans plus tard, toujours sous une chape militaro-policière, avec une jeunesse perdue, désœuvrée et ne pensant qu’à s’amuser et se shooter comme la bande de Kaneda. Vu les événements dans notre hexagone, il est difficile de ne pas faire un rapprochement avec les casseurs qui s’offrent aux yeux avides d’événementiel des caméras tous les jours. Mais nous en reparlerons dans les volumes suivants. Ici, Katsuhiro Otomo nous présente une jeune racaille, Kaneda, qui va se retrouver à lutter au côté de résistants bien malgré lui. Kei et Ryu sont les vrais révolutionnaires, ceux qui se battent pour un monde meilleur mais surtout dénoncer les expériences interdites réalisées par l’armée.

Dans ce tome 1, nous ne savons pas grand chose sur ces étranges enfants au visage de vieillard, ni d’où viennent les pouvoirs de Tetsuo. Akira est présenté comme une forme d’être mystérieux, caché de tous qui doit un jour revenir. Les militaires sont à la recherche d’un être capable de posséder les pouvoirs d’Akira et Tetsuo est le cobaye rêvé... Seulement les drogues l’ont rendu instable et particulièrement violent. Pourtant Kaneda va toujours chercher à sauver son ami, même après les actes impardonnables qu’il va accomplir. Le duel entre les deux amis commence dans le sang, mais ce ne sera pas le leur. La course poursuite, colorée de vengeance, peut être lancée. Une relation étrange s’amorce également entre Kaneda et Kei, loin d’être pour le moment l’amour fou. Otomo pose les bases de son récit, appâtant le lecteur, créant les retournements de situations et les cliffhangers nécessaires pour le tenir en haleine avec un grand final ouvrant sur un avenir fait de haine et de violence.

Graphiquement, l’oeuvre de Katsuhiro Otomo est d’une modernité hallucinante. Cette série pourrait être publiée sans difficulté aujourd’hui car, hormis l’absence de technologie comme le téléphone portable ou les ordinateurs portables, les véhicules et même certains appareils de laboratoires n’ont rien de kitch ou dépassés, bien au contraire : par exemple, on a toujours autant envie de chevaucher la moto de Kaneda.

Entre nostalgie et plaisir de redécouvrir cette oeuvre culte dans son format original, cette réédition de “Akira” ne pourra que ravir les anciens comme votre serviteur ou prouver au plus jeune qu’un manga vieux de trente ans est toujours aussi efficace et d’actualité.


Akira (T1)
- Auteur : Katsuhiro Otomo
- Traduction : Djamel Rabahi
- Editeur : Glénat
- Format : 180 x 256 mm
- Pagination : 362 pages noir et blanc
- ISBN : 9782344012406
- Parution : 1er juin 2016
- Prix : 14,95 €


© Edition Glénat - Tous droits réservés



Frédéric Leray
7 juin 2016




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