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Solaris n°197
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°197, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles – critiques, hiver 2016, 160 pages, 12,95$ CAD

Mario Tessier nous offre un article très intéressant : “Le monde de demain, Disney et le futur”. Walt Disney nous y apparaît sous un angle assez méconnu. C’était un visionnaire et utopiste. Dans ses parcs, il a notamment cherché à créer la cité du futur, mais sa disparition a entraîné la fin de ses grands projets futuristes avec un recentrage sur la fantaisie.
Le film « À la poursuite de demain » débouche ici sur un papier inattendu, mais ô combien instructif. “Les carnets du Futurible” sont vraiment un rendez-vous trimestriel incontournable et qui savent à chaque fois surprendre par le sujet choisi.



Autre article : “L’audition transtemporelle dans la science-fiction”, signé Jean-Pierre Laigle. Cette idée n’a pas beaucoup été exploitée par les auteurs, le peu d’occurrences en témoigne. Connaître le passé par des témoignages sonores s’avère bien moins attirant que de le voir. Les deux sont bien sûr préférables, le summum étant d’y aller ! Il n’est guère étonnant dans ces conditions que le voyage temporel ait pris le dessus. Voilà tout à fait le genre d’articles qui apporte quelque chose aux lecteurs, d’autant plus que ces écrits sont des plus rares.

Une très bonne partie rédactionnelle complétée de nombreuses recensions dans les domaines du cinéma et de la littérature de l’imaginaire. Et qu’en est-il des nouvelles ?

Avec “Comment nous sommes devenues écrivaines”, l’entame est savoureuse. Deux filles ont décidé d’écrire des romans. Se cachant de leurs familles difficiles, elles utilisent une antique machine à écrire. La réaction des premiers lecteurs défie le rationnel.
Leur histoire se révèle en grande partie autobiographique, ce qui donne un premier aperçu de leurs esprits mal tournés, mais quand elles découvrent les propriétés de la machine à écrire, ce qu’elles en font démontre leur mauvais fond. Les deux petites pestes imaginées par Natasha Beaulieu sont de ces personnages qui interpellent les lecteurs : jeunes et méchantes face à qui les adultes sont dépassés. Très bonne nouvelle, d’autant qu’elle est narrée par une des deux protagonistes, ce qui renforce encore le côté inquiétant !

“La maison verte” attire les enfants qui se demandent toujours si elle est habitée. Quand par jeu, il cogne à la porte ou jette des cailloux, ils voient les rideaux bouger à l’étage. Pourtant, ils n’ont jamais vu personne. Devenue adulte, l’une d’eux se rapproche de la porte...
Texte d’inspiration fantastique pour Raphaëlle B. Adam où la femme est prise au piège par la maison, ce qui offre des moments attendrissants sur le passé. Même si l’ensemble manque de relief, ce côté souvenir se révèle intéressant.

Pour Guillaume Marchand, une pédale d’effets des années soixante se transforme en machine à voyager dans le temps. Son utilisation n’est pas simple, il faut être musicien, et il n’est pas possible de se rendre n’importe où. Là-dessus, il greffe deux rockeurs hauts en couleur, l’un désargenté et abandonné par sa compagne. “Des rockstars, des guitares et un amour perdu” s’avère prenant et amusant par le ton employé.

Sébastien Chartrand dresse le portrait d’un garçon envoyé au Centre de Défense Volontaire du Québec qui n’est rien d’autre qu’une usine à en faire des bêtes de combat. Seuls les plus forts franchissent les étapes. Avec des mots simples, cet enfant relate sa vie au CDVQ. Manger à sa faim prime sur toute autre considération et le pousse à se dépasser en ignorant l’horreur des actes demandés. “Le bec du pinson” (et non Bic du pinson comme écrit dans le sommaire), un récit fort et percutant par son minimalisme.

Un peu dans la même veine : “Consortium : l’initiation” d’Isabelle Lauzon est bien plus bavard. Galim y est éduqué pour intégrer la race des Maîtres mais en partageant les expériences de son mentor. Séances d’éducation aux allures de séances de torture (bandeaux, attaches) relevant surtout de l’esbroufe, écrit peu engageant qu’il est difficile de situer et auquel je n’ai jamais adhéré. Autant la nouvelle précédente adopte le ton juste et fait mouche, autant celle-ci éveille peu d’intérêt. Je pencherais presque pour une partie de roman, car seule elle ne fonctionne pas.

Dans “Big Game”, Yves-Daniel Crouzet se lâche. Il balance un trou de ver dans le frigo d’un Terrien, fan de science-fiction, qui identifie tout de suite le truc et s’y jette. Il ne sera pas déçu du voyage... L’idée de base est tellement grosse qu’elle prête à sourire. Ce texte humoristique, clin d’œil à la SF, ne se prend pas au sérieux, ce qui nous permet de passer un bon moment de rigolade.

Un « Solaris » avec des articles inspirés et des nouvelles d’un intérêt varié.


Titre : Solaris
Numéro : 197
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascale Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Laurine Spehner
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 197 
Période : hiver 2016
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 12,95 $ CAD


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François Schnebelen
16 mars 2016


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