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Munich
Film américain de Steven Spielberg (2005)
25 janvier 2006


Un film événement qui méritait bien une double critique !

Où l’on constatera qu’il faut aller voir « Munich » car il s’agit du film d’un grand réalisateur, qu’il contient quelques scènes époustouflantes et suscite une perplexité entraînant le débat.

Genre : Drame politique (inspiré de faits réels)
Durée : 2h35 (approx.)

Avec Eric Bana (Avner), Daniel Craig (Steve), Ciaràn Hinds (Carl), Matthieu Kassovitz (Robert), Hanns Zischler (Hans), Ayelet Zurer (Daphna), Michael Lonsdale (Papa), Mathieu Amalric (Louis), Valéria Bruni-Tedeschi (Sylvie), Marie-Josée Croze (Jeanette), Yvan Attal (Tony), Stéphane Freiss (Reporter Français), etc.

Munich, 5 septembre 1972, les Jeux Olympiques battent leur plein. Un commando Palestinien, Septembre Noir, attaque les locaux de la délégation Israélienne, tue deux occupants et en prend neuf autres en otages. Les événements, retransmis en direct par toutes les télés, choquent l’opinion internationale et se terminent lamentablement...
Israël refusant de négocier avec des terroristes, la Police Allemande tentera plusieurs assauts que les membres du commando Palestinien pourront parfois suivre en direct sur leur TV avant que le comble de l’horreur ne soit atteint lors d’une ultime tentative sur le tarmac de l’aéroport qui se soldera par un échec sanglant.

On avait quitté Steven Spielberg sur sa formidable adaptation de « La Guerre des Mondes », sachant qu’il portait le projet d’adaptation de la prise d’otages de Munich en lui depuis très longtemps. Son film est le résultat d’une double vision. La retranscription de la prise d’otages intervient sous forme de flash-backs fragmentaires, brillants, et on ne peut plus réalistes, mais son film est centré sur un autre point trouble de cette histoire : l’opération de représailles décidée par le gouvernement du Premier Ministre Israélien Golda Meir et intitulée « Colère de Dieu ».
Ni plus, ni moins que la décision d’exécuter tous les survivants du commando ainsi que les commanditaires de l’action terroriste.
Il faut le savoir, officiellement, l’existence de cette opération a toujours été niée par les gouvernements Israéliens successifs. Néanmoins, de nombreux membres de cette action vengeresse, la plupart anciens agents des services secrets (Mossad), ont témoigné de la réalité de cette entreprise. D’autre part, plusieurs innocents furent exécutés de par le monde. Erreurs de noms, de lieux, les bavures furent nombreuses -et avérées.
Steven Spielberg a décidé de ne pas s’ériger en juge des événements. Son film n’est ni pro israélien, ni pro palestinien et se borne à répéter les messages que sa filmographie laboure plutôt heureusement depuis toujours : “paix aux hommes de bonne volonté” et “rien n’est supérieur à l’existence d’une vraie famille”.

Ce postulat n’est pas choquant en soi. Ni artistiquement, ni philosophiquement, bien sûr. Plus gênants sont les oublis ou les prises de position du scénario. On l’a déjà dit, les bavures sont oubliées ou ne concernent que des agents d’autres services (KGB, par exemple) et les nombreuses interrogations morales que semblent se poser les membres du commando Israélien sortent tout droit de l’imaginaire du réalisateur et de ses scénaristes. En effet, tous les “acteurs” réels de cette sanglante opération qui sont sortis de l’ombre ont toujours eu un discours commun et ferme. Pas une seule fois, ils ne se sont sentis coupables ! Leur gouvernement avait décidé l’exécution de terroristes ayant abattu des membres de leur nation et ils n’étaient que les applicateurs zélés d’une justice rendue par un état indépendant et démocratique. Un a priori moral soutend donc le film et conforte la mention de pré générique qui précise que tout cela n’est qu’inspiré par des faits réels.

Reste alors une œuvre dont la crédibilité historique est plus que contestable.
Ceci posé, le thriller est bien mené, doté d’un casting très européen (Daniel Craig, Ciaràn Hinds, Hanns Zischler) et aussi très franco-francophone (Mathieu Kassovitz, Michael Lonsdale, Mathieu Amalric, Marie-Josée Croze, Valeria Bruni-Tedeschi, Yvan Attal, Stéphane Freiss) et d’une mise en scène d’une efficacité et d’une sobriété extrême. Un film événement dont les points forts sont incontestablement la direction d’acteur et les nombreux clins d’œil au grand cinéma d’action des années soixante-dix (caméra à l’épaule, grande agilité des cadrages, photographie très réaliste). Une œuvre efficace mais aussi bourrée de grands sentiments et très américaine dont la simplicité vertueuse, qui est un point fort chez Spielberg, se retourne aussi un peu contre lui. Une impression contrastée survit donc dans un final par trop sentimental.

« Munich » n’est pas un grand film mais le film d’un grand réalisateur. Nuance. Vision nettement conseillée cependant, rien que pour les scènes de la prise d’otages Munichoise, images chocs et marquantes qui resteront très longtemps dans les mémoires cinéphiliques.

Stéphane Pons

En 1972, aux Jeux Olympiques de Munich, des athlètes israéliens sont pris en otages par des terroristes. Quelques heures plus tard, les 11 sportifs perdent la vie lors de l’intervention des forces armées. Une équipe de professionnels est formée pour tuer les commanditaires palestiniens.

« Munich », bien qu’inspiré de faits réels, n’est qu’une hypothétique reconstitution historique. En effet, le gouvernement israélien n’a jamais reconnu l’existence de cette équipe. Depuis quelques années, le voile est peu à peu levé et certains membres ont parlé. L’histoire racontée dans « Munich » n’est qu’une vaste supposition qui entoure des événements réels. Cette grande liberté narrative est une des faiblesses du film. A vouloir humaniser des agents secrets, Spielberg a amateurisé leurs actions. Cela donne des scènes parfois affligeantes. L’équipe n’est pas crédible : les agents ne savent pas tirer ou utiliser leurs armes correctement. Certaines scènes rendent mal à l’aise le spectateur qui est face à une violence mal maîtrisée.

Paradoxalement, les meilleures scènes du film sont celles des assassinats des commanditaires. Parfaitement mises en scène et rythmées par le montage et le thème musical, elles sont appuyées par la tension qui se dégage de l’action en cours. Le spectateur appréhende, comme les agents, le déroulement et la finalité des opérations. Un fort sentiment d’identification est ressenti, sentiment troublant mais qui résulte d’une parfaite maîtrise du cinéaste.

Un gros travail a été fait sur les costumes et les décors. Tournés pour l’essentiel en France, Hongrie et Malte, les 120 décors du film sont parfaitement reconstitués. Encore une fois, le cinéaste démontre qu’il maîtrise parfaitement l’espace et les lieux et qu’il sait les habiter pour les faire vivre.

« Munich » est un film aux qualités cinématographiques impeccables. Mais au-delà de ces considérations techniques, on peut se poser quelques questions. « Munich » laisse l’impression que le cinéaste, en voulant faire trop bien, s’est laissé envahir par la superficialité.

Peut-on reprocher à Spielberg son académisme ?
Steven Spielberg est un cinéaste bien sous tout rapport et son image se ternit à force de perfection. Il est trop sage, il est trop lisse, trop académique. Si sa mise en scène est parfaite, il ne sait qu’utiliser les plongées pour filmer les doutes et les hésitations, les contres plongées pour sublimer les héros, les travellings et les panoramiques pour accompagner les déplacements des personnages.... La leçon de cinéma est présente mais le cinéaste n’offre rien de nouveau. _ Il filme, il le fait très bien mais ne sait pas innover comme il l’avait fait si habilement dans « Les Dents de la Mer » avec ce travelling avant zoom arrière si souvent copié mais jamais égalé. Le génie du cinéaste s’est embourbé dans la routine....

« Munich » est un film dont on pourrait parler, en bien ou en mal, pendant des heures... Si on devait reprocher une dernière chose au cinéaste, c’est l’abus de la rhétorique... Affubler Eric Bana d’un béret lors des scènes en France laisse le spectateur perplexe : comment Spielberg se représente-t-il la France ? Après la pathétique scène des résistants français dans « Il Faut Sauver le Soldat Ryan », il image la France avec des représentations faussées et édulcorées... Dans un autre registre, recréer les tours jumelles du World Trade Center dans la scène finale paraît être une surenchère du patriotisme, ou de la dénonciation du terrorisme, de la guerre, de la violence, ou.... Trop d’images, trop de polémiques, ou à force de rechercher l’imperfection, on ne trouve que des contradictions.

« Munich » est tout de même un très bon film, mais il contient quelques imperfections dont on se demande si elles ne sont pas voulues, ne seraient-ce que pour intriguer le spectateur.... Film paradoxal ou tout simplement film à revoir pour comprendre, « Munich » est le nouvel ovni de Spielberg...

Céline Bouillaud

FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Tony Kushner & Eric Roth
D’après le livre « Vengeance » de George Jonas
Inspiré de faits réels

Producteurs : Kathleen Kennedy, Steven Spielberg, Barry Mendel, Colin Wilson

Photographie : Janusz Kamisnski, ASC
Décors : Rick Carter
Costumes : Joanna Johnston
Musique : John Williams
Effets spéciaux : Josh Williams
Son : David Stephenson
Montage : David Kahn, ACE

Production : Amblin Entertainment, Kennedy/Marshall, Barry Mendel, Alliance Atlantis Communication, DreamWorks Pictures & Universal Pictures
Distribution : United International Pictures (France)
Publicité : Agence Lumière (Paris)
Presse : Michèle Abitbol-Lasry & Séverine Lajarrige (Paris)


Stéphane Pons
Céline Bouillaud
23 janvier 2006



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