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CIEL, tome 2 : Le Printemps de l’Espoir
Johan Héliot
GulfStream, roman (France), anticipation, 227 pages, mars 2015, 16€

Relire la chronique du tome 1 : « L’Hiver des Machines »
Avec le printemps vient l’espoir... de courte durée.

Tomi, dans ses montagnes, craint qu’avec la fonte des neiges son refuge soit de nouveau accessible aux machines. Contraint d’aller en ville pour renouveler son stock de médicaments, il est capturé et transporté dans un camp.

Peter multiplie les actions de résistance et de sabotage avec son maquis. Mais une opération de grande ampleur, à Grenoble, lui coûte la vie d’un être cher. Abattu, il ne se reprend en main qu’à l’annonce d’une mission, certes presque suicide, qui pourrait porter un coup rude, voire fatal, aux machines.

Thomas, dans son lycée parisien, est approchée par Camille, la kapo -pardon, RR- qui en fait son second. Le jeune homme découvre tout l’inconfort et la difficulté d’un poste d’où il peut sauver des gens, mais en en sacrifiant d’autres. Lorsqu’un de ses camarades de chambre risque le recyclage, il va tout tenter pour le sauver, sans flairer le piège...

Jenny a fui le camp allemand avec Carl. Leur errance dans la campagne prend temporairement fin dans une ferme, où l’accueil se révèle malgré tout... houleux. Lorsque sa grossesse commence à devenir apparente, ils décident de poursuite leur périple. Mais...

Enfin, Sarah gagne la confiance de CIEL, qui organise une grande tournée européenne afin de se rapprocher du peuple et d’asséner avec force son discours. La militante voit enfin quel monde s’est mis en place sous la férule des machines. Très exposée en tant que symbole, elle est victime d’un attentat et enlevée par des rebelles...



Relire la chronique du tome 1 : « L’Hiver des Machines »
Il est toujours difficile de parler d’un tome 2, qui comme ici poursuit sur une lancée et ne nous amène pas encore à la conclusion. De plus, comme ciel sera en 4 volumes, l’exercice se répètera la prochaine fois.

Johan Héliot poursuit donc son récit de nouvelle guerre. Comme dit pour le tome précédent, les enjeux et les actes humains décrits dans CIEL sont les mêmes que ceux de la Seconde Guerre mondiale, « simplement » (je mets des guillemets car bien faire quelque chose qui simple simple requiert du talent) réactualisés par une thématique plus actuelle qui touchera davantage la jeune génération.

Certains pourront toujours prendre le parti des machines, qui considèrent à juste titre l’espèce humaine comme le pire fléau que la Terre ait jamais porté, et a donc décidé de l’éradiquer, après une phase d’expiation et de réparation : comme on le constatera par les yeux de Tomi, Peter ou Jenny, on détruit les quartiers de béton, on on reverdit les zones industrielles. Les hommes doivent rendre la Terre aussi vivante qu’ils l’ont trouvée.

Mais cette position « ils l’ont bien mérité » n’est plus tenable tandis que les derniers doutes se dissipent quant à l’avenir à court terme des faibles : le recyclage. Rien ne se perd, tout se transforme. En compost. Les machines ne pouvant tuer des hommes (merci les lois de la robotique d’Asimov), c’est là que les collaborateurs humains entrent en jeu. Oups, j’ai écrit collabos ? C’est exactement cela.

Comme dans toute guerre, certains résistent, certains lâchent prise, d’autres plient pour éviter les représailles sur leurs proches... et d’autres collaborent. Le rôle de Thomas devient très intéressant : accepter de collaborer, c’est s’introduire dans le système et pouvoir en exploiter les failles. C’est avoir le pouvoir de sauver des vies. Mais c’est aussi trahir, en apparence, ses amis, rompre les liens, devenir un paria. Et accepter la responsabilité de la mort de gens, décidée d’une signature ou d’un tampon en bas d’une liste. Résister de l’intérieur, par la collaboration, c’est se battre pour le moins pire, c’est s’exposer à la haine de tous. L’excellente série « Un village français » en donne un bon exemple avec le personnage du maire, interprété par Robin Renucci. Qui finira par être remplacé par un vrai collabo, un homme pire que l’envahisseur, un parasite qui profite de la situation pour acquérir un pouvoir et des privilèges qui lui ont échappé en temps de paix.

Si le titre parle d’espoir, il faut bien admettre qu’avec les multiples trahisons finales, légitimes ou non, « Le Printemps de l’Espoir » se termine sur un suspense bien plus intense que « L’Hiver des Machines ». Si on se doute bien que tous vont s’en sortir, si l’auteur veut poursuivre son procédé stylistique d’alternance des points de vue, on est jamais à l’abri d’un mort ou deux dans la famille.

Il faudra attendre de lire « L’Été de la Révolte » ou profiter des multiples salons littéraires pour arracher la réponse à Johan Héliot. Nul doute néanmoins que l’ouvrage soit déjà sous presses, Gulf Stream et l’auteur ayant visiblement bien calé le calendrier de publication pour ne pas trop nous faire languir.


Titre : Le Printemps de l’Espoir
Série : CIEL, tome 2/4
Auteur : Johan Héliot
Couverture : Beb Deum
Éditeur : GulfStream
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 227
Format (en cm) : 22 x 14 x 2
Dépôt légal : mars 2015
ISBN : 9782354882426
Prix : 16 €


- CIEL, tome 1 : L’Hiver des Machines


Nicolas Soffray
26 mai 2015


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