Takeru est du genre à traîner dans les bars et a cherché des noises à tous ceux qui cherchent comme lui la bagarre. En fait, le jeune homme est le fils batard du PDG de la firme exploitant la station Tarpa. Il est exilé loin de la cité Abyss pour une obscure raison... Ou plutôt Takeru est convaincu qu’il s’agit d’un moyen pour son riche père de se débarrasser d’un enfant non désiré et un peu encombrant. Toutefois, lors d’un accident à la veine du singe, une explosion blesse gravement le directeur de la station qui fait mander le garçon auprès de son lit de mort. Et la surprise qu’il lui réserve n’est pas pour faire plaisir au jeune homme, trop content de n’avoir de compte à rendre à personne. Le directeur lui annonce qu’il va devoir prendre sa place et s’occuper de la station, avec l’aide du directeur technique, Jarvis. Il lui donne aussi une boite contenant un bracelet ayant appartenu à sa mère. Seulement, entre la mort du directeur et l’hiver précoce approchant, la tension augmente dangereusement dans la station et bientôt, Takeru va perdre tout contrôle sur le personnel.
Jiro Taniguchi est un mangaka incontournable dont les œuvres très variées ont depuis longtemps démontré son talent de conteur et de dessinateur. Il s’est principalement fait connaitre en France par sa série dédiée à l’alpinisme, une de ses grandes passions, “Le Sommet des Dieux”. Mais son talent s’était déjà largement exprimé dans des styles graphiques et des univers très différents comme “Trouble is my Business”, avec Natsuo Sekikawa dans un style roman noir américain, ou encore l’excellent one-shot de science fiction, “Icare”, sur un scénario de Moebius. C’est toujours sous l’influence de Moebius et de la série “Metal Hurlant”, que Jiro Taniguchi souhaitait travailler sur une vision futuriste de notre planète. C’est en 1987 que le mangaka réalise son voeu en trouvant un éditeur pour “Ice Age Chronicle of the Earth”.
Jiro Taniguchi imagine ici notre planète subissant une nouvelle ère glaciaire... Bon, avec le réchauffement climatique, cela parait réellement de la science fiction, mais dans les années 80, ce n’était pas totalement fou et d’ailleurs, le film “Le Jour d’Après” défend également un soudain refroidissement radical de la surface de la planète par le refroidissement du Gulf Stream. Avec ce diptyque, le mangaka reprend un type d’univers que l’on retrouve dans la saga culte de G.-J. Arnaud “La Compagnie des Glaces” ou encore “Le transperceneige” de Jacques Lob (scénario) et Jean-Marc Rochette (dessin). Le monde du manga va s’avérer imprégné de fantastique car la couche de glace recèle des mystères oubliés des hommes. Toutefois, la première partie de ce premier tome est proche de ces univers claustrophobiques, où des groupes d’hommes se retrouvent prisonniers dans une station, bloqués par les éléments naturels. Le mangaka mélange à la fois un monde de glace et de métal et de tuyaux. Il va également inventer une faune adaptée à ce nouveau climat, voire même surprenante comme cette baleine géante à la peau cuirassée pour traverser la glace.
Nous allons suivre le jeune Takeru qui va d’abord devenir bien malgré lui directeur de la station Tarpa et devoir organiser une expédition de sauvetage.Jiro Taniguchi va alors introduire un élément qui lui tient particulièrement à cœur : l’alpinisme. Le sauvetage se fera par une cordée qui risquera sa vie dans ce monde à la nature particulièrement hostile. Avec son dessin très réaliste, Jiro Taniguchi nous immerge sans refroidir l’ardeur de ses personnages ni de ses lecteurs (oui, elle était facile, je sais). Mais ce qui pourrait n’être qu’une aventure de courage, d’amitié virile, réserve une partie mystérieuse qui sera développée dans la seconde partie... Qui est d’ailleurs introduite assez étrangement car, alors que tout indique qu’il est impossible de fuir la station, un groupe mené par Takeru y parvient facilement. Donc cette seconde partie va nous éclairer sur la couverture de ce tome. Nous allons découvrir qui est cet être tatoué et d’où il vient. Le diptyque prend alors une autre tournure, plus mystique, avec l’introduction de peuplades, pouvant faire penser aux descendants des inuits, et de leurs légendes.
“Ice Age Chronicle of the Earth” est donc un mélange très hétéroclite d’influences, parfois un peu trop diverses pour parfaitement prendre masse, mais qui surprendra positivement à coup sur le lecteur.
Ice Age Chronicle of the Earth (T1)
Auteur : Jiro Taniguchi
Traducteur : Patrick Honnoré
Éditeur français : Kana
Collection : MadeIn
Format : 163 x 232, noir et blanc - sens de lecture original
Nombre de pages : 272 pages
Date de parution : 20 mars 2015
ISBN : 9782505063643
Prix : 18 €
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