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Brins d’Éternité n°40
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°40, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles - articles – critiques - entretiens, hiver 2015, 120 pages, 9CAD

Sébastien Chartrand nous propose un entretien croisé entre les 6 auteurs de « 6, Chalet des Brumes », un hommage aux célèbres livres dont vous êtes le héros. De prime abord, l’idée s’avère originale, car elle fait intervenir six auteurs, chacun s’attelant à un genre de l’imaginaire pour écrire son récit autour du fameux chalet.
À travers six questions, six auteurs connus des lecteurs de « Brins d’Éternité », « Solaris » ou encore « Alibis » racontent leur expérience, la difficulté de l’exercice, les contraintes auxquelles ils ont dû se plier pour rendre leur copie... Chacun semble fier d’avoir répondu présent.
Le volet critique de ce numéro commence justement par ce titre. Le chroniqueur apparaît peu emballé par le résultat et reconnaît qu’il est à réserver aux fans de ce genre de livres, dont la publication remonte surtout aux décennies 1980 et 1990. L’enthousiasme des auteurs est ici contrebalancé par l’avis d’un lecteur. Contrepoint bien vu et montrant le sérieux de la revue.



Participant justement de ce challenge et également coéditeur de la maison 6 Brumes, ce qui explique le chiffre 6 omniprésent auparavant, Jonathan Reynolds est au centre de l’article : “la géographie imaginaire de l’œuvre de Jonathan Reynolds” signé Pierre-Alexandre Bonin. Ce dernier décrypte ses récits, s’attachant aux lieux inventés, aux villes sorties de son imaginaire et théâtres d’événements étranges et souvent horrifiques. À l’instar de grands noms (Lovecraft, King), Jonathan Reynolds a développé toute une géographie pour satisfaire à son imagination. Article intéressant et donnant une agréable vision des écrits de l’auteur.

Cinq nouvelles au sommaire et, une fois n’est pas coutume, elles sont toutes écrites par des femmes. Même la belle couverture d’Émilie Léger est au diapason.
Anne Goulard nous plonge dans le milieu de l’art. En restaurant un tableau, Victorine se croit victime d’une hallucination à cause d’une drôle de visiteuses sortie d’elle ne sait où. La réalité s’avère incroyable et l’inconnue demande son aide.
La lecture de “Hors cadre” est plaisante, l’histoire abordant la création et l’inspiration devant une toile est prenante. Il est juste dommage que la fin soit un peu rapide.

L’ami imaginaire” de Francine Pelletier parlera peut-être davantage aux lecteurs de son roman « Si l’oiseau meurt » (Alire, 2007), car la nouvelle y fait référence, mais elle se suffit à elle-même. La toile virtuelle est omniprésente, on y vit aussi bien que dans le monde réel. D’ailleurs la mère d’Ancolie est en pleine consultation avec le docteur Monde, une entité du réseau, au sujet de sa fille qui dit avoir un ami qu’elle est bien sûr la seule à voir.
Un sujet classique avec un diagnostic qui l’est tout autant, sauf que le cadre est différent, très futuriste ; le virtuel domine, il y devient la norme, aussi tout devient possible. Belle incursion dans les avancées technologiques qui nous tendent les bras.

Tamamo” de Catherine Loiseau s’aventure sur le territoire de la fantasy. Une ville fortifiée est assiégée par les Yokaï, des animaux qui peuvent prendre apparence humaine. Quoique on pourrait aussi parler de changeformes ou de lycanthropes, plus proches de la nature, de la part animale qui les habite. Fille du seigneur des lieux, Tamamo est aussi sa meilleure protection. Appartenant au corps de la garde, elle perçoit mieux que personne l’ennemi, mais dans l’action elle hésite.
Ce texte recèle une certaine beauté, notamment sur ces supposés adversaires. Le tiraillement de Tamamo est bien exploité. Entre la volonté de son père et l’intérêt porté aux Yokaï, elle ne sait plus quelle voie suivre. L’univers développé ici s’avère intéressant et l’histoire de Tamamo touchante.

Esther Rochon nous livre une étonnante histoire. Les spectres hantent le monde et altèrent les sentiments des gens. La tristesse née des guerres est contagieuse. Sous la forme d’une leçon donnée sur des événements qui se sont déroulés lors d’une traversée à bord d’un navire, le lecteur découvre cette difficile cohabitation. L’atmosphère de “Cheveux à l’huile” est pesante et la démonstration possède un côté inquiétant, propre à faire travailler les imaginations.
Quand on verra quelqu’un avec des cheveux à l’apparence huileuse, on le remerciera peut-être... Brillant !

Les orgues de basalte” nous amène en Islande, une île aux nombreux volcans. Un culte lutte contre la rage de ces géants aux langues de feu. Ses pratiquants miment les affres d’une personne touchée par la lave, afin de les calmer. Cette méthode semble aussi dérisoire que ridicule, mais Laki s’y donne corps et âme. Il y croit, mais la réalité le rappelle à l’ordre.
Ariane Gélinas nous présente un combat inégal, celui de l’homme contre les forces de la nature. Elle l’illustre de belle manière, donne une vision de la religion qui demande la foi, même si elle est souvent mise à mal. Elle aurait pu en rester là, mais étonnamment elle embraye sur une autre histoire révélant la vraie nature de Laki. Ce nouveau développement m’a semblé de trop et m’a laissé sur un sentiment mitigé. Un bon démarrage mais une fin décevante.

Ce numéro 40, un compte rond pour onze années d’existence, nous offre de beaux moments de lecture. Avoir réservé les fictions aux auteures relève de la bonne idée, cela donne un ton d’ensemble différent, sûrement plus féminin, plus poétique, ce qui ne fait pas de mal.
« Brins d’Éternité » nous offre toujours de belles incursions sur les territoires de l’imaginaire.


Titre :
Numéro : 40
Directeur littéraire : Guillaume Voisine
Couverture : Émilie Léger
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : hiver 2015
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 978-2-9812757-8-3
Dimensions (en cm) : 13,9 x 21,4
Pages : 120
Prix : 9 CAD


Pour contacter l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
26 mars 2015


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