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Bazaar Maniac 7
Collectif
Galaxy-bis, multigenres, mars 2015, 64 pages, 3 euros

« S’ouvrir à de nouveaux univers où l’espace et le temps n’ont plus guère d’importance » : telle est la ligne directrice du nouveau fanzine « Bazaar Maniac » qui, désireux de prouver sa pleine et entière cohérence avec cette ligne de conduite, débute par une livraison inaugurale en toute logique baptisée numéro 7. Il fallait donc s’attendre à bien des surprises. Ci-dessous, un bref aperçu de ce FLNI (Fanzine Littéraire Non Identifiable).



Joli texte de Léo Henry avec “Waffen-SF”, essai plein d’humour qui mêle fiction historique, histoire de la littérature, apocryphes et inventions délirantes. On est là dans un esprit très lettré, et en même temps très distancié, un jeu sur la littérature qui fait penser à ces essais sur les littératures imaginaires que sont « La littérature nazie en Amérique » de Roberto Bolano ou l’« Abrégé d’histoire de la littérature portative » de Vila-Matas.

L’apocryphe, on le devine encore dans “Django contre Godzilla”, traduction-fiction de Julius Wild-Philippe Boulier consacrée au serial-filmeur de navets Edward Stampede. Les noms des personnes interviewées (Warren J. Longyear) ne sont pas longs à mettre la puce à l’oreille. On s’amuse beaucoup à la lecture de ces entretiens fictifs, pas entièrement dans le style des jeux littéraires de J.L. Borges, mais plutôt dans la façon de la « Rétrospective de Bernabé Lofeudo » imaginée par Eduardo Berti, avec un petit parfum de déjanté en plus.

Un texte réussi également avec “Le virus Stevenson” de Jérôme Spenlehauer, une apocalypse douce et tout en finesse. Quand les robots se mettent à avoir des réactions humaines, on peut s’attendre, comme le veulent les classiques, à une révolte à la Spartacus. Mais il y a plus doux, plus humain, ce qui n’est pas forcément moins pire. Une belle idée, et l’on ne peut que regretter quelques coquilles ( dont « la jeune femme sert les mâchoires », d’autant plus savoureuse que la scène se passe dans la cuisine.)

Un futur plus que sinistre à travers la narration hachée de Luvan. “Virgo Vestalis Maxima” développe l’ambiance d’un futur proche que l’on n’est guère pressé d’atteindre. Petite réserve lexicale : on voit mal, à moins d’avoir affaire à une géométrie lovecraftienne déviante, comment seulement trois corps pourraient être disposés en quinconce.

Dans “Symphonie déchirante”, Simon Bouin met en scène avec un humour particulièrement noir les tentatives musicales des pensionnaires d’un asile, élaborant sans vergogne, à bases de reliques organiques, des instruments qui n’ont pas grand-chose à envier à ceux qu’a déjà pu décrire Anthelme Hauchecorne. « Il utilisait des boyaux de chat, qui ont l’avantage de sonner clair et organique. Et il venait à l’instant de claquer une tripe en si bémol.  » Une nouvelle à lire en dégustant un bon petit plat de viscères, façon gras double à la marseillaise.

On trouvera en outre dans ce « Bazaar maniac » un poème post-apocalyptique de Cyril Amourette sur l’univers des portes développé par Léo Henry, une bande dessinée reposant sur la célèbre nouvelle howardienne “La fille du géant du gel”, un article sur les dystopies qui ne lésine pas sur les coquilles mais a au moins le mérite de ne pas s’embarrasser de nuances (« Depuis the Matrix, aucun film de science-fiction, aucune œuvre littéraire majeure n’a été produite », affirmation hasardeuse ne serait-ce que sur le plan grammatical ), une incitation à contribuer à l’amélioration des connaissances humaines en participant – avec sobriété – à la base de données « 1001 cocktails », de toute évidence plus utile qu’un projet génome humain qui pour l’heure n’a pas servi à grand-chose, et diverses illustrations ci et là.

Une bonne surprise, donc, que ce « Bazaar Maniac », fanzine sympathique, transfictionnel, atypique et déjà au-dessus du lot avec cette première livraison affublée d’un numéro 7. Le lecteur pourra commander cette curiosité en envoyant cinq timbres à 0,76 euros à Galaxy-bis, 9 rue Lauth, 67 000 Strasbourg ou en contactant l’équipe à l’adresse suivante : [email protected] .


Sommaire :
“Symphonie déchirante” Simon Bouin
“Le virus Stevenson” Jérôme Spenlehauer
“Alcool et statistiques” GW
“Virgo vestalis maxima” Luvan
“La fille du géant du gel” R.E. Howard et J.B. Casanova
“Prélude à la fonction des utopies” Thierry Jandrok
“Waffen-SF” Léo Henry
“Django contre Godzilla” Julius WildPhilippe Boulier
“La Tempête” Cyril Amourette
“Rééditions : Claude Ecken” par Philippe Boulier


Titre : Bazaar Maniac
Numéro : 7 (et premier)
Traduction (mais si !) de l’anglais (États-Unis) : Philippe Boulier
Couverture : Stephane Perger
Illustrations : Stephane Perger, J.B. Casanova, Anthony Le Saoût, Blessmaille, Lolo Wagner, Julien Merlin, Baptiste Reymann
Coup de main : Ulysse Trévi, Laurent Ramon, Matthieu Epp
Parution : premier trimestre 2015
Dimensions (en cm) : 15 x 21
Pages : 64
Prix : 3 €



Hilaire Alrune
19 mars 2015


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