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Le cyberespace de l'imaginaire




Ressentiment (T2)
Kengo Hanazawa
Ki-oon Seinen

Kanzaki, le créateur de Tsukiko, est en bien mauvaise posture. Non seulement il n’est plus capable de garder son image d’avatar dans Unreal, le jeu vidéo en réalité virtuelle qu’il a créé, mais il est devenu la proie de joueurs jaloux de son succès. Pour Takuro, tout ce qui compte est de sauver Tsukiko, cette fille virtuelle dont il est tombé amoureux. Mais il est trop tard pour le concepteur et Takuro doit fuir en enlevant Tsukiko. Rien ne s’est passé comme il le prévoyait et maintenant la jeune femme le déteste. Pour la reconquérir, Takuro décide d’utiliser une méthode dangereuse, mais il est prêt à tout pour elle : il va utiliser son véritable aspect pour créer un tortionnaire permettant de faire passer son avatar pour un sauveur. Et contre tout attente, sa technique de drague marche ! Mais cette fois, pas question de faire la moindre erreur, il va séduire Tsukiko en douceur, en prenant son temps, ce sera elle qui fera le premier pas et non plus lui... Quitte à devoir accepter quelques concessions.



Takuro ne pense plus qu’à sa relation avec Tsukiko, au point de faire croire dans le monde réel à ses amis qu’il a une véritable petite amie. Seul Daisaku comprend la passion de son ami pour ce monde virtuel, vu qu’il ne vit plus, lui-aussi, que pour ce dernier. Seulement, cette perte de notion entre le réel et le virtuel commence à inquiéter les autorités, surtout qu’un empire virtuel, le neuvième empire, a même menacé les systèmes informatiques américains. A la tête de cet empire se tient le mystérieux général Ehara, dont les fidèles ont repris l’image de l’avatar pour se représenter. Mais Takuro est loin de toutes ces considérations, il a même repris les cours dans Unreal pour faire plaisir à Tsukiko. Il faut dire que les obligations des élèves garçons sont adaptées à leur vie réelle et le lycée est plus proche d’un gigantesque lupanar où les couples peuvent faire ce qu’ils veulent... Au point que le succès de Takuro sur la gente féminine rend jalouse Tsukiko. Cette fois, le grand moment approche, mais pour pouvoir sentir le plaisir d’une relation sexuelle, il faut à Takuro l’équipement adapté et cela coûte très cher. Ses collègues refusent les uns après les autres de lui prêter l’argent nécessaire... sauf Nagao...

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Ah ce pauvre Takuro, notre anti-héros de “Ressentiment”, devient totalement accro de sa petite amie virtuelle au point qu’il ne différencie plus vraiment le réel du jeu. La première partie du tome nous montre la dépendance de plus en plus importante dans laquelle sombre peu à peu Takuro. Le fait d’être plongé dans cet univers et de pouvoir ressentir les sensations du virtuel grâce à des appareillages idoine accentue la confusion. Kengo Hanazawa nous présente alors sa vision des jeux vidéos de drague et le côté caricatural que ces derniers peuvent prendre. La version sado-maso du jeu inventé par Takuro, et qui fonctionne parfaitement, vient montrer le décalage entre la vie réelle et les jeux, un décalage qu’un gamer accro comme Takuro ne parvient plus à percevoir. Bien évidemment, tout est adapté dans le monde virtuel pour que les joueurs soient mis en valeur face à leur conquête virtuelle. Le fonctionnement du lycée est la caricature de cette organisation mise en place qui transforme dans les faits l’école en maison close vidéo ludique.

Toutefois, c’est au moment où notre anti-héros est arrivé à ses fins qu’il va finalement se retourner vers le monde réel grâce à Nagao. Ce personnage est assez étrange. Elle est la représentation de l’arriviste parfaite, dont la vie sentimentale est une véritable catastrophe. Et alors qu’elle a tout de même du succès avec les hommes, elle va succomber au charme inexistant de Takuro. Est-ce une parabole afin de nous prouver que l’amour est aveugle ? En tout cas, le comportement de Nagao est si extraordinaire qu’on peut se demander si nous ne sommes pas encore dans un jeu vidéo. Alors où serait la réalité ? Le fait que Tsukiko/Moon tente de passer dans la réalité aurait détraqué cette même réalité ? Malheureusement, l’histoire d’amour entre Takuro et Nagao est biaisée dès le départ car très vite, le lecteur comprend que notre anti-héros est incapable de faire des choix et quand il doit choisir entre le réel et le virtuel, il est incapable de se décider. Je vous laisse découvrir qui aura sa faveur.

Derrière l’histoire d’amour ratée de Takuro se cache un scénario plus classique sur la guerre des machines contre l’humain et plus exactement des intelligences artificielles cherchant à envahir la réalité. Nous sommes plus proche de “War Games”, ce film de 1983 (souvenirs, quand tu nous tiens !), que de “Terminator”. Nous allons alors avoir droit à un combat pour sauver l’humanité de la folie du mystérieux Ehara dont l’identité vous réservera une sacrée surprise. Le côté amusant est de voir le combat entre les défenseurs du bien incarnés dans des personnages d’heroic fantasy et les représentants du mal représentés par une armée ultramoderne. Un affrontement surréaliste qui ne peut arriver que dans des jeux vidéos. Ce n’est malheureusement pas l’aspect le plus intéressant de la série car finalement, cette partie n’apporte rien de nouveau ni d’innovant, l’intérêt demeurant dans la relation entre Tsukiko et Takuro. A noter la caricature du couple Clinton, qui démontre aussi ce que pensent nos cousins nippons de nos cousins d’Outre Atlantique.

Allez, “Ressentiment” s’avère être une critique intéressante du monde des jeux vidéos, même si cet univers est décrit de façon un peu outrancière et n’analyse qu’un côté très restreint de l’addiction qui peut être bien réelle et dévastatrice au niveau psychologique et surtout financier. Et c’est un gamer qui vous le dit !


Ressentiment (T2)
- Auteur : Kengo Hanazawa
- Traducteur  : Sébastien Ludmann
- Éditeur français : Ki-oon
-  Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination
 : 448 pages
- Date de parution : 22 janvier 2015
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-774-4
- Prix : 9,65 €


A lire sur la Yozone :
Ressentiment (T1)


RESSENTIMENT © 2012 Kengo HANAZAWA / SHOGAKUKAN
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
7 mars 2015




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