Tout semble tourner au cauchemar pour Hiromi. Dans cette période de doute entre les deux amoureux, Ryota fait la rencontre d’une ancienne camarade de classe. Il aurait été bien incapable de la reconnaître car à l’époque, Kanako ne se mettait pas du tout en valeur. Et cette dernièe le drague sans faire de dentelle. Malgré son amour pour Hiromi, Ryota finit par coucher avec Kanako. Un acte qu’il regrette aussitôt et retourne dans les bras d’Hiromi, acceptant ce qu’elle est devenue... Mais Mihiro est déjà en train de passer un nouveau cap. Son agent lui propose de tourner dans un film érotique soft, mais quand la scène de sexe arrive, son partenaire ne compte pas s’arrêter à une simulation. Ne pouvant passer le cap, Mihiro s’enfuit. Finalement, Hidefumi se serait trompé sur son compte ? Elle n’aurait pas l’étoffe pour devenir la nouvelle star du X ? Mihiro est à deux doigts de tout arrêter quand elle fait une rencontre décisive pour sa carrière : l’ex pornstar Komaki...
Himori Yamase est devenue la pornstar Mihiro en 2003 après une courte carrière de mannequin de charme. Elle restera dans le milieu du X jusqu’en 2009, année où elle se retire du métier pour se tourner faire des films, disons, plus habillés. Elle écrit l’année de sa retraite du X une autobiographie romancée : « Nude ». Deux ans plus tard, avec le mangaka Makoto Ojiro, elle sort sa vie en dessins.
« Nude » raconte donc la transformation de Hiromi, la petite provinciale venue à Tokyo pour faire de la télévision en Mihiro, la pornstar. Elle nous explique son recrutement et sa progression des simples photos de charme au film porno. Le personnage de Komaki nous donnera la clé pour comprendre le comportement de Hiromi : il faut être spéciale pour entrer dans ce milieu. Et même si elle le nie durant une bonne partie du tome, Mihiro est spéciale, avec cette capacité de tourner des scènes de sexe comme si ce n’était vraiment qu’un simple job. Si Hiromi nous montre les techniques de son agent pour la faire passer du soft au hard loin d’être très orthodoxes, elle ne donne pas du tout une mauvaise image des acteurs porno, bien au contraire, en lisant ce manga on en vient même à se demander si les vrais gentlemen ne sont pas ces acteurs très spéciaux et non son petit ami Ryota. Car Hiromi nous en donne une image peu complaisante. Le lecteur aurait pu avoir pitié de lui s’il n’était tombé dans les bras de Kanako, la caricature de la salope, prête à tout pour arriver à ses fins, surtout casser un couple.
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, ce n’est pas le monde du porno sur lequel Mihiro veut s’attarder dans son récit, mais les conséquences de ses choix. Hiromi semble vouloir nous décrire ses choix comme étant fait sans trop réfléchir aux conséquences sur son entourage. La plus évidente sera la rupture avec son petit ami mais la manière dont ce dernier apprend son passage au porno est trop dramatique pour être vrai. Sachant que son autobiographie n’est pas la parfaite réalité, le lecteur peut s’interroger sur le véritable déroulement de cette scène où Hiromi laisse peu à peu la place à Mihiro comme un dédoublement de la personnalité. Hiromi en fait un peu trop dans l’utilisation, pour s’échapper de la réalité, du personnage de Mihiro. Mais évidemment, le gros choc psychologique pour la jeune femme sera le viol de sa meilleure amie, un viol qui lui sera reproché, ses mœurs outrageuses ayant fait d’elle une vulgaire catin. Son expiation sera à la démesure de l’acte : une série de fellations dans un bar. Difficile de savoir si cette scène est la mort de Hiromi ou simplement le naturel qui revient au galop. Le lecteur ne sait pas trop quel message veut faire passer Mihiro à travers cette scène car il n’y a pas vraiment d’analyse de ses actes, pas de petite voix off nous expliquant ce qu’elle ressentait réellement. D’un autre côté, il est difficile de dire autant dans un manga que dans un livre et n’ayant pas lu son autobiographie, il est difficile de savoir si elle explique son geste dans le roman.
Plus par défaut qu’autre chose, le lecteur reste vraiment sur sa fin pour pouvoir avoir un minimum d’empathie pour Hiromi et le final incompréhensible n’aide pas. Le dernier chapitre est tout bonnement hallucinant, le lecteur ne comprenant pas du tout à quoi cela rime et sert.
Makoto Ojiro fait, quant à lui, un excellent travail. Avec un style hyper réaliste, il n’est pas tomber dans le danger du hentai trop lourdingue. Il va en fait s’inspirer des nombreuses photos de charme de Mihiro qui illustre ce manga. Il va lui aussi rester le plus possible dans l’érotique avec une photographie la plus belle possible. On n’échappera pas aux scènes de sexe brute mais elles ne durent pas longtemps et l’histoire et les relations entre personnages prennent une vraie place, même si les réactions des personnages ne sont pas toujours bien compréhensibles. Le mangaka parvient à faire passer un maximum d’émotion par rapport au scénario qui lui est proposé et on ne peut vraiment rien lui reprocher.
N’ayant pas lu le roman, difficile de dire si « Nude » est une adaptation fidèle du roman éponyme, en tout cas, le manga laisse sceptique sur tous les événements décrits et il aurait été préférable que Mihiro ouvre plus son cœur que ses jambes dans ce récit.
Nude
Auteur : Mihiro, Makoto Ojiro
Traduction : Yohan Leclerc
Editeur : Glénat
Format : 130 x 180 mm
Pagination : 396 pages noir et blanc
ISBN : 9782344003879
Parution : 28 janvier 2015
Prix : 10,75 €
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