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Doggybags (T6) Heart Breaker
Run, Than, Singelin, Maudoux et Gasparutto
Ankama - Label 619

Los Angeles, la cité des anges mène à bien des carrières. Les recruteurs de starlettes prennent bien des apparences, comme celui d’un petit ami offrant à sa dulcinée la possibilité de tourner devant une caméra, même si le film n’est qu’un vulgaire porno. C’est ainsi que Sandy se retrouva dans ce hangar où trônait un lit et quelques voiles. Mais elle n’avait pas peur car elle allait se donner à son homme. Toutefois, alors qu’il s’apprêtait à lui faire l’amour, Justin s’éloigne et laisse la place à quatre hommes... Mais pouvait-on vraiment appeler ces créatures des hommes ? Avec des regards de fous furieux et se présentant comme les quatre cavaliers de l’apocalypse, Sandy sait qu’ils ne sont pas là uniquement pour la baiser devant la caméra, mais qu’ils veulent la faire souffrir. Pourtant, sa bonne étoile ne l’a pas réellement quittée. Elle a même le visage d’une femme armée d’un katana et qui est clairement venue leur faire un rasage de près, pour ne pas dire du découpage...



Qui est donc la tueuse de Sépulkres qui se fait appeler Heart Breaker ? Celyna était une jeune femme de 19 ans encore pleine de naïveté, avec un petit ami qui l’aimait... et en aimait aussi beaucoup d’autres. Celyna ne se remit pas de cette tromperie, elle ne parvenait pas à trouver le plaisir avec d’autres hommes, ayant toujours en tête ce salaud qui l’avait trahie. Mais elle finit par trouver la voie de la rédemption, ou plutôt de la vengeance : le porno. Elle alla vers des extrémités que peu auraient supportées, jusqu’à ce jour où elle accepta de devenir le jouet de Sépulkres. Filmée, elle allait donner son corps à ces monstres que l’on appelait aussi vampires. Mais ils n’avaient rien des dandys à la beauté surnaturelle. Non, ils cachaient leur visage hideux derrière un masque et prenaient plaisir à voir la peur dans les yeux de leurs victimes. Seulement, Celyna n’était pas de celle qu’on effraie, même en lui ouvrant le bide. C’est ainsi qu’elle séduit le seigneur vampire qui les observait et qu’elle reçut comme récompense l’honneur de boire son sang...

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Ce « Doggybags » est un peu spécial car cette fois, Run s’associe avec une invitée un peu spéciale comme co-scénariste. Car Céline Tran est surtout connue sous son pseudo d’actrice porno : Katsuni. Leur première rencontre était pour une petite séquence du trailer réalisé pour la sortie du premier « Doggybags ». Run va alors échanger avec la hardeuse et découvrir un autre de ses talents : l’écriture. De cette association naît ce tome 6, « Heart Breaker ». La structure de ce « Doggybags » se rapproche plus du hors série « Doggybags présente (T1) South Central Stories ». En effet, si ce sixième exemplaire est structuré comme les précédents en trois histoires, chacune est liée par le personnage central : Celyna. Bien sûr, Celyna est un double de Céline « Katsuni » Tran et la star du X fera d’ailleurs un rapprochement tout ce qu’il y a de pertinent entre l’actrice porno et la Sépulkre. Certes, la comparaison peut sembler audacieuse mais le raisonnement est très intéressant et montre que les monstres sortis de notre imagination peuvent avoir des racines tout à fait inattendues.

La couverture annonce parfaitement la couleur : sexe, vices et horreur. Ces trois ingrédients seront la base des trois histoires qui ne seront vraiment pas bavardes. Les dessins auront la part belle, trois dessinateurs donnant ici leur interprétation de l’horreur, version Katsuni. Evidemment, le porno aura une place prépondérante, surtout dans les deux premiers récits. Mais Céline Tran ne donne pas une image très glorieuse de cet univers qu’elle connait parfaitement. Celui de ces récits est un mélange entre films X et snuff movies. Les victimes seront innocentes comme dans le premier récit ou consentantes comme dans le deuxième. Run et Katsuni ne font aucune concession, montrant tous les aspects, les revers de ce monde qui n’est pas toujours très sain, si il ne l’a jamais été. Evidemment, le côté fantastique avec les Sepulkres, cette race abjecte de vampire, ajoute à l’horreur si tenter qu’il en soit besoin. Mais cela donne aussi une autre image des vampires, très loin de l’image classique du dandy.

Graphiquement, difficile pour moi de ne pas faire encore une fois l’éloge de Florent Maudoux, qui met en image le deuxième récit, celui racontant la naissance de Heart Breaker. L’auteur va jouer entre des dessins couleurs d’une beauté morbide mais très réussi pour le temps présent et un noir et blanc ponctué d’une couleur monochrome pour mettre en avant son personnage principale. Encore une grande réussite. Difficile de passer après et même avant d’ailleurs. Guillaume Singelin était à deux doigts de tenir la dragée haute à Florent Maudoux, avec une superbe pleine page de son héroïne, Sandy. Mais son design de Celyna est trop simple, sans la profondeur et le détail de ses autres personnages, ce qui est dommage. Le style de Gasparutto sort de l’ordinaire car ne cherchant pas le réaliste, mais plus un style caricatural. Allez, j’avoue, même si je suis un grand fan des œuvres de Maudoux, les réalisations de ses deux collègues sont aussi très réussies.

Ce volume de « Doggybags » est une réussite qui nous montre aussi un autre côté de Katsuni, loin de la poupée gonflable pour amateurs de porno, avec une vision de sa profession très intéressante, où le fantastique est intelligemment introduit, mais aussi bien aidée par trois grands dessinateurs.


(T6) Heart Breaker
- Série : Doggybags
- Scénario : Run, Céline Tran
- Dessin : Guillaume Singelin, Florent Maudoux, Jérémie Gasparutto
- Éditeur : Ankama
- Collection : Label 619
- Dépôt légal : 13 juin 2014
- Pagination : 96 pages couleurs
- Format : 170 x 250 mm
- Numéro ISBN : 9782359104790
- Prix public : 13,90 €


A lire sur la Yozone :
Doggybags (T1)
Doggybags (T2) le trailer et son making off
Doggybags (T2)
Doggybags (T3)
Doggybags (T4)


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Frédéric Leray
30 janvier 2015




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