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Forever Bitch
Diglee
Delcourt

Louise, Audrey et Maud sont trois femmes branchées, chacune engagée dans différents types de relations avec les hommes. Louise file un amour sans remous avec son Jules qui semble vouloir passer à la vitesse supérieure. Audrey a des étoiles dans les yeux depuis que Jonathan est entré dans sa vie, il y a un an de ça. Et Maud, se remettant doucement de sa rupture, découvre les sites de rencontre et les joies de l’hyperchoix. Entre vies de couple, petites mesquineries, histoires de famille et d’amitié, bienvenue dans la vie de trois filles déjantées.



A vue de nez, je suis pile dans la cible. 28 ans, parisienne, entourée d’amis du même âge à différents stades de leur vie sentimentale... En plus, en ce moment, je travaille pour une marque de cosmétique. Tout pour être ouverte à un contenu bien girly quoi.
Pourtant, la magie « Forever Bitch » n’a pas pris pour moi. J’ai même relu l’intégralité deux fois, pour être sûre que mon avis mitigé n’était pas dû à un sursaut de mauvaise humeur. Mais non.
Si l’album a d’indéniables points forts, comme ses dessins par exemple, je n’ai pas réussi à rentrer totalement dedans ni à m’identifier aux personnages.

Il faut dire qu’ils sont plutôt clichés. Il y a Audrey, la jolie blonde nunuche qui croit au prince charmant, Maud, la célibataire nymphomane qui aime tonitruer ses histoires de fesses à tout va, et Julien, le meilleur ami gay le plus parfaitement stéréotypé. Tant et si bien que devant tant d’extrêmes, Louise, la protagoniste principale, semble un peu trop consensuelle, donnant juste la réplique à ses amis haut en couleur.

Du coup, on a du mal à s’y attacher. Les quelques planches voulant jouer sur une dimension plus privée ou sentimentale tombent un peu à plat. Les échanges avec la grand-mère bienveillante laissent indifférents, les grosses questions existentielles de Louise sur l’amour mettent juste l’accent sur sa passivité, les déboires d’Audrey ne nous concernent pas. Il leur manque une dimension plus personnelle, humaine, qui nous les rendent sympathiques et nous donnent envie de nous investir dans leurs histoires, comme s’il s’agissait de personnes que nous pourrions connaître.

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Au cœur des saynètes, la vie sentimentale des trois comparses, trois vues différentes des couples pré-trentenaires. Les filles se racontent, se conseillent et s’exhibent dans des planches mettant principalement en scène des discussions animées et des soirées festives ou privées, entrecoupées parfois de scènes plus ciblées cependant trop anecdotiques pour prendre tout leur poids.

Diglee semble balancer entre le récit d’inspiration personnelle à la Margaux Motin et la fiction comique, comme « Les Geeks » par exemple, et c’est peut-être pour cela que ça ne prend pas aussi bien que l’auteure le mérite. On n’est pas assez impliqués pour ressentir suffisamment de sympathie pour les personnages, trop nombreux pour être bien creusés et humanisés. De fait, on est un peu agacés par les scènes sensées nous les rendre plus accessibles, qui tombent un peu comme un cheveux sur la soupe dans cette succession de gags à tendance vulgaire. Parce que oui, c’est un autre bémol à cet album : rares sont les pages où il n’est pas question de cul, surtout introduit (pardon pour le terme) par le personnage de Maud. Et là où les vulgarités de Margaux Motin s’attachent au personnage et font pour le coup bien rire, celles de Diglee sont un peu trop appuyées et répétitives pour bien passer.

Le principal défaut de ce début de série semble donc être son parti-pris pas encore assez clair. Les ingrédients sont là pour un bon moment de détente, et la qualité graphique est incontestable. Diglee a créé des personnages beaux et dynamiques, aux expressions variées et aux attitudes justes. « Forever Bitch » manque juste d’une direction un peu plus affirmée qui lui donnerait un vrai caractère et une identité unique.


Forever Bitch
- Scénario, dessin et couleurs : Diglee
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Tapas BD
- Dépôt légal : 23 octobre 2013
- Pagination : 80 pages couleurs
- Dimensions : 19,8x26,3 cm
- ISBN : 978-2-7560-4210-7
- Prix public : 14,95 €


© Guy Delcourt Production (2013)



Myriam Bouchet
6 mars 2015




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