Pour le tester, l’empereur-dieu lui demande de soigner son abricotier dont la maladie semble vouloir se répandre dans tout le jardin. C’est avec une certaine facilité qu’Hesediel trouve la cause de cette maladie et devient ainsi le gardien des jardins de Babylone, emprisonné parmi les arbres et les fleurs pour faire ce qu’il aime le plus au monde : entretenir ce que la nature a créé. Pour son malheur, Hesediel tombe amoureux d’une jeune esclave, appartenant à la grande prêtresse de Mardouk. Malgré les dangers, il la voit en secret dans ces immenses jardins, cultivant pour elle des fleurs rares comme cette renoncule bleue. Malheureusement, ce qu’il craignait tant arriva. L’empereur a connaissance de sa liaison et lui lance un défi qu’Hesediel non seulement accepte mais demande également un tribu en retour. Seulement, voici ce que décida Nabuchodonosor : s’il parvient à faire pousser en un an une fleur du nord très rares, alors Hesediel et son aimée deviendraient libres mais s’il échoue, eux deux ainsi que 99 hébreux seront exécutés.
Ce sont ces fameux jardins suspendus de Babylone qui furent à l’origine de la série « Les 7 Merveilles », mais comme nous l’expliquions dans notre chronique du premier tome, Luca Blengino préféra l’introduire avec la statue de Zeus. Ce n’était qu’un court délai, puisque ces jardins sont à l’honneur de ce deuxième tome. Pourtant, les jardins de Babylone demeurent un grand mystère puisque parmi les 7 merveilles, c’est celle sur laquelle il existe le moins de références. A se demander si ces derniers ont réellement existé, en tout cas dans la cité de Babylone. Le petit résumé de fin de tome sur les sources ayant permis à Luca Blengino d’écrire son scénario est particulièrement instructif sur ces mystérieux jardins. D’un autre côté, cela laissait aussi beaucoup de liberté pour l’auteur et pour le dessinateur, aucune représentation n’ayant marqué l’esprit collectif des lecteurs.
Luca Blengino nous entraîne au temps de Nabuchodonosor II, un des plus célèbres empereurs babyloniens qui aurait fait ériger les jardins pour une de ses épouses. La personnalité complexe de cet empereur sera tout autant au cœur de ce récit que l’histoire des jardins. L’auteur va s’intéresser à la relation ambiguë que l’empereur entretenait avec le peuple hébreu qu’il avait réduit à l’esclavage après la prise de Jérusalem. En fait, l’empereur était à la fois fasciné par la religion de ce peuple et son incroyable ferveur, mais il prenait aussi plaisir à le voir humilier à ses pieds. Son attitude envers Hesediel en sera la parfaite représentation : autant il admire le don de cet homme en tant qu’arboriste et connaisseur des plantes, autant il se complaît à le torturer psychologiquement en mettant sa vie et celles de ceux qu’il aime en jeu. L’auteur s’est basé sur l’ambivalence de Nabuchodonosor, dont la personnalité change selon que l’on regarde les témoignages de ceux qui furent sous son joug ou les témoignages de son peuple. Blengino parvient à nous faire un véritable cours d’histoire tout en le rendant passionnant et instructif.
Encore une fois, les dessins sont à la hauteur du récit. Cette fois, c’est au tour de Roberto Ali de devoir mettre en images l’une des 7 merveilles du monde. L’italien s’est fait la main sur différents genres de BD : histoire, fantasy et même érotisme. Roberto Ali s’inspire des grands noms de la BD comme Moebius, Breccia ou encore Liberatore. Toutefois, il va chercher le réalisme et nous offrir une vision des jardins de Babylone, somme toute, plutôt modeste, loin du grandiose auquel on aurait pu s’attendre. Mais ils n’en demeurent pas moins très beaux car certainement proches de ce que devaient être les jardins de Babylone compte tenu des connaissances et des plantes de l’époque. On peut reprocher à ses personnages féminins une trop grande dureté, les traits de leurs visages ayant les mêmes arêtes saillantes que ceux des hommes. Mais on peut aussi voir dans ces visages la rudesse de cette époque où les femmes devaient tout autant que les hommes se battre pour survivre, avec des armes qui leur sont propres et que Roberto Ali mettra bien en valeur, sans tomber dans l’érotisme.
Deuxième tome des « 7 Merveilles » et de nouveau une réussite, alliant la grande Histoire avec celle inventée par Luca Blengino.
(T2) Les Jardins de Babylone, 585 av J.C.
Série : Les 7 Merveilles
Scénario : Luca Blengino
Dessin : Roberto Ali
Couleur : Javi Montes
Couverture : Matthieu Rebuffat
Éditeur : Delcourt
Collection : Conquistador
Dépôt légal : 4 juin 2014
Format : 240x320 mm
Pagination : 56 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782756037400
Prix public : 14,50 €
A lire sur la Yozone :
Les 7 Merveilles (T1) La Statue de Zeus, 432 av J.C.
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