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Alibis n°52
L’anthologie permanente du polar
Revue, n°52, polar, noir & mystère, nouvelles - articles – critiques - interview, automne 2014, 160 pages, 12,95CAD

El Turco, voilà un nom que ne peuvent oublier les lecteurs d’ « Alibis ». Il s’agit d’un chef de gang de narcotrafiquants mexicains mis en scène par Camille Bouchard. Dans plusieurs longues nouvelles, il s’est déjà intéressé à ce milieu avec ses propres règles, sa propre justice expéditive.
Un éminent auteur québécois d’ouvrages jeunesse, Clément M. Gélinas, va l’apprendre à ses dépens. Comme il ne peut s’empêcher de céder aux charmes féminins, il est facile à manœuvrer.



Comme lors de ses précédentes apparitions, Camille Bouchard nous livre une nouvelle d’une quarantaine de pages qui se lit d’une traite. Juste pourrait-on lui reprocher cette propension à exposer une partie du tableau de chasse de Gélinas. Son actuelle femme, son ex et autres anciennes conquêtes se mobilisent pour lui venir en aide, alors qu’il est accusé de pédophilie et poursuivi par les hommes de main d’El Turco. Cette facette de l’histoire n’a aucune incidence sur l’ensemble, elle aurait pu être réduite au minimum sans multiplier les personnages ne servant finalement à rien. Camille Bouchard s’est un peu trop laissé aller de ce côté-là.
Il n’empêche que “Pourquoi se battent les chiens” est redoutable, nous transporte dans un monde où l’homme n’est qu’une marchandise, un moyen de parvenir à ses fins. L’auteur nous livre là une série de textes qui, regroupés, feraient un fix-up du meilleur effet. Ces apparitions sont attendues, car toujours fortes en émotions.

Éducation à la napolitaine” de Jean Charbonneau m’a semblé d’une trop grande gratuité. Sous prétexte de la volonté de la grand-mère décédée à ce que ses cendres soient éparpillées dans la baie de Naples, Marc Finestra est envoyé sur place. Le changement par rapport au Canada est énorme, le heurte de plein fouet. Il y rencontre la famille et surtout deux cousins qui ont une drôle de façon de gagner leur vie. Violence gratuite au programme pour épater le cousin.
On dirait que l’auteur désirait nous en mettre plein la vue, perdant de vue l’intérêt du récit. À trop vouloir en faire, il manque son but.

Et tout s’éteint” de François Leblanc ne manque pas de violence, mais il a su l’enrober dans une mécanique bien huilée. Le témoin d’une rixe dans un bar est interrogé par des policiers. Il faut dire qu’il y a eu des morts et que certaines victimes ne sont pas belles à voir, qu’il vaudrait peut-être mieux qu’elles ne se réveillent jamais. Un Amérindien se trouve au centre de tout. Il est boxeur, n’a plus toutes ses capacités mentales et est bien sûr le centre des moqueries de petites terreurs locales qui le prennent comme souffre-douleur. Il faut toujours se méfier d’un boxeur, même sur le déclin. Quand la coupe déborde, il réagit et vite...
L’ensemble est très bien mené et le combat sanglant qui le conclut trouve toute sa justification dans le racisme à l’égard des minorités. Un régal de noirceur !

Norbert Spehner nous parle du roman « La fille du temps », un polar historique de Josephine Tey. Ce livre traite d’un mystère historique, celui entourant Richard III, lequel, d’après ce qui est communément admis, aurait fait assassiner ses neveux enfermés dans la Tour de Londres. Du moins, c’est ce que pense la majorités des historiens, se basant en grande partie sur les écrits de Thomas More et influencés par la pièce de Shakespeare. Pourtant, quid de la vérité à propos de faits anciens datant des années 1480 ? Ce papier est passionnant et évoque une possible réhabilitation de Richard III, car la thèse du meurtre est de plus en plus contesté.

L’entretien avec Maxime Houde, le créateur de Coveleski, est révélateur de la façon de fonctionner de l’écrivain. Il apparaît sympathique, ne semble pas se prendre la tête outre mesure pour ses écrits. Et l’on prend plaisir à lire les aventures de son détective fétiche, ce qui est l’essentiel.
Suit un important volet critique cinéma et littérature pour faire le tour du trimestre

On retiendra surtout de ce numéro 52 d’ « Alibis » la nouvelle incursion de Camille Bouchard dans l’univers des narcotrafiquants, la très forte nouvelle de François Leblanc et le mystère historique entourant Richard III.


Titre : Alibis
Numéro : 52
Comité de rédaction et direction littéraire : Martine Latulippe, Jean Pettigrew
Couverture : Bernard Duchesne
Type : revue
Genres : nouvelles, entretiens, articles, critiques
Site Internet : Alibis ; numéro 52 
Période : automne 2014
Périodicité : trimestriel
ISSN : 1499-2620
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 12,95 CAD



François Schnebelen
9 décembre 2014


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