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Pandemonium (T1)
Sho Shibamoto
Latitudes

Ceux qui hantent le ciel, rien que leur nom fait frémir d’effroi dans tous les villages. Ils sont à l’origine de la foudre rectiligne qui frappe le sol pour ne laisser qu’un gigantesque cratère entouré de vapeurs toxiques. Toutefois, on raconte que Ceux qui hantent le ciel vivraient au nord d’une certaine ville côtière, dans un lieu de désolation où l’atmosphère serait tout aussi toxique que les émanations des foudres. On raconte que ce sont des magiciens mais qu’ils auraient muté à cause de l’air qu’ils respirent. Zipher est de ceux croyant à toutes ces rumeurs alors le voila parti à la recherche du village des difformes. Mais le chemin est difficile, et sans équipement, Zipher est proche de succomber à ce pays hostile. Le destin est pourtant de son côté car il est découvert par ces mutants tant craints, et une jeune femme, Domika, semble le prendre en pitié et le recueille chez elle.



La guérison plutôt rapide de ses blessures ne fait que confirmer les croyances dans lesquelles Zipher se berce d’espoir. S’il tente de séduire ces drôles d’habitants, parfois inquiétants, avec des feux d’artifices, il recherche surtout le chef du village, celui qui pourra exaucer son seul vœu : ressusciter sa chère et tendre. Zipher est certain qu’il en a le pouvoir et il fera tout pour que ce dernier rende la vie à celle reposant dans l’espèce de coffre qu’il transporte. Mais quand le maire du village daigne enfin se présenter, accompagné d’un géant et d’une étrange sorcière, il refuse de soigner la jeune femme. Pourtant, c’est un coup de foudre rectiligne qui est à l’origine de la mort de celle que Zipher aime, il doit réparer ce que Ceux qui hantent le ciel ont provoqué ! Alors même si tous semblent vouloir qu’il parte rapidement, Zipher obtiendra coûte que coûte ce pour quoi il est venu.

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Entrer dans la collection Latitudes de Ki-oon est une preuve de grand talent et de qualité dans le dessin. Même s’il est moins connu que ses illustres prédécesseurs, Sho Shibamoto mérite vraiment de faire partie de cette collection de luxe.

Tout d’abord le scénario. Sho Shibamoto nous entraîne dans un monde subissant des attaques d’Êtres mystérieux dont les assauts répétés prennent la forme de tirs venus du ciel détruisant tout sur leurs passages et rendant l’atmosphère toxique. Nous n’en saurons pas plus sur Ceux qui hantent le Ciel ni sur leurs armes, nous ne serons d’ailleurs pas sûrs que ces fameuses attaques soient réellement le fruit d’une armée précise. Le mangaka gardera bien précieusement tous les secrets sur les foudres rectilignes. En tout cas, comme souvent, autour d’événements inexpliqués naissent des mythes et le village des difformes en est un exemple. Mais comme souvent les mythes sont issus de bribes de vérités, le jeune Zipher part à la recherche de ces magiciens qui seraient capables de ressusciter les morts.

Cet univers est d’autant plus étrange que Sho Shibamoto a choisi d’utiliser comme personnages des animaux anthropomorphes et pour représenter les difformités des habitants de ce village des damnés, il utilise des mutations entre divers animaux, les rendant parfois effrayants comme ce chat avec une dentition de requin ou le maire, ce crocodile loin d’être rassurant, parfois attendrissant comme Domika. Des créatures de la mythologie nippone se retrouveront aussi ici comme la renarde aux multiples queues. Cette astuce permet de ne pas avoir à présenter des mutations trop horrifiques, pour ouvrir son oeuvre à un plus grand public. Toutefois, très vite, Zipher apparaît comme un personnage à la santé mentale des plus fragiles. La mort de sa bien-aimée l’a détruit et il vit dans un fantasme : celui que le village est peuplé de magiciens ayant vaincu la mort. Il ne cherche pas réellement à connaitre les habitants du village, à découvrir qui ils sont vraiment, il ne voit que leur marginalité qu’il souhaite utiliser pour son propre intérêt. Un acte de pur égoïsme.

Les dessins ont deux particularités : être dans le sens de lecture européen et colorisés. Attention, ce ne sera pas une explosion de couleurs, mais des variations de sépia et de rouge, ajoutant au côté étouffant de l’atmosphère globale de la série. La couleur s’avère être réellement un plus pour l’ambiance générale de ce diptyque et elle intensifie à la fois les difformités des personnages mais aussi la folie qui gagne peu à peu Zipher, qui ira jusqu’à défier la mort, certain qu’il est d’être sauvé par les villageois.

« Pandemonium » parvient à provoquer la curiosité du lecteur en jouant sur une forme de métaphore sur la différence, de l’acceptation de l’autre quelque soit sa difformité. Mais tout cela à travers un héros loin d’être sain d’esprit. En tout cas une mini-série qui s’achèvera trop vite, même si Sho Shibamoto maîtrise parfaitement le rythme de son récit et le développement de son histoire.


Pandemonium (T1)
- Auteur : Sho Shibamoto
- Traducteur  : Sébatien Ludmann
- Éditeur français : Ki-oon
-  Format : 170 x 240, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination
 : 208 pages
- Date de parution : 13 novembre 2014
- Numéro ISBN  : 9782355927607
- Prix : 15 €


PANDEMONIUM -MAJUTSUSHI NO MURA- © 2014 Sho SHIBAMOTO / SHOGAKUKAN
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
24 novembre 2014




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