Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Solaris n°192
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°192, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles – critiques, automne 2014, 160 pages, 12,95CAD

Numéro 192 pour 40 années de publication. Des chiffres qui font rêver et font montre d’une belle longévité. Pour l’occasion, nous avons droit à trois éditoriaux signés Norbert Spehner, le créateur de « Requiem » devenue « Solaris », Joël Champetier, l’actuel rédacteur en chef, et Jean Pettigrew, l’éditeur.
Norbert Spehner nous raconte comment est né le titre, comment une bande de passionnés avec les moyens du bord a permis à « Requiem » de paraître, avant de devenir la revue que nous connaissons aujourd’hui.
Ce numéro anniversaire ne pouvait être un numéro normal. Sans toucher à la pagination, le choix a été porté sur le nombre de nouvelles. 40 ans, 40 nouvelles !



40 auteurs invités pour écrire des courtes fictions ne dépassant pas 750 mots. Chaque texte couvre au maximum 3 pages, présentation de l’auteur incluse. Un certain nombre de thématiques était proposé : colonisation spatiale, zombies, fantastique / cauchemar, fantastique contemporain, aberrations de l’espace ou du temps, cyberpunk... Un vaste éventail est ainsi balayé.
Il s’agit donc d’un véritable défi que de capter l’attention des lecteurs sur une distance aussi courte. Si certains se sont tirés brillamment de l’exercice imposé, d’autres se sont montrés moins inspirés. Je serais ici bien en peine de traiter chaque nouvelle séparément, aussi je me focaliserais uniquement sur une partie des fictions, les plus marquantes.

Alain Bergeron nous parle de Léonard de Vinci, l’inventeur de la “Lumière lourde”. S’il ne peut la livrer en âme et conscience à son mécène, il ne peut la détruire. En peu d’espace, il présente le maître, sa création la plus connue, la Joconde bien sûr, avec une conclusion brillante.
Le pari” de Jean-Louis Trudel nous entraîne dans la Collectionneuse, une entité collectant les vies et les ramenant à l’existence pendant de courts laps de temps séparés d’un milliard d’années. Superbe concept qui donne le tournis.
Joël Champetier nous fait bien marcher dans “Pour son œil uniquement”. Alors que l’on pense à un trafic d’organes, il n’en est rien.
Zombies pour Richard Tremblay. “Je voudrais tant lui lécher la p...” titre qui préfigure de la conclusion. Point de vue du zombies, soupçon d’érotisme pour un beau résultat.
Yves Meynard nous montre à quel point la civilisation humaine peut être sans pitié lorsqu’elle essaime dans l’espace (“Semences”). Beaucoup de choses en peu de lignes.
Hugues Morin nous plonge en Allemagne où des collectionneurs cherchent des objets de l’ère nazie. “Errinerungsobjekteinfluss” part d’une idée simple, mais tout est dans l’atmosphère et les potentialités de ces mystérieux objets.
Sylvie Bérard nous invite à la contemplation, au “Bercement” du vent. C’est à l’homme de s’adapter à une planète et non l’inverse, ce qui provoque souvent l’éradication des espèces autochtones. Sujet connu, mais traité tout en finesse.
Julie Martel nous change d’air avec de la fantasy héroïque avec sorcière et dragons au programme. “Sur la plage” impossible aux combattants de connaître le repos, de quelque sorte qu’il soit. Bref mais percutant !
Terre inhumaine” d’Éric Gauthier n’aurait pas déparé dans un spécial Halloween. Il y insuffle une bonne dose d’absurde qui fait toute la différence.
Pierre-Luc Lafrance réussit le tour de force de nous intéresser à son histoire maintes fois lue de miroir acheté chez un antiquaire et ne reflétant pas ce qui lui fait face (“Miroir, miroir”).
Guillaume Voisine a aussi été inspiré par cet objet (“Chaque côté du miroir”), mais son texte manque de percutant, est trop lisse en regard du précédent
Mario Tessier nous pousse à chercher le livre où figure la date de notre mort. “Le livre d’histoires” soulève bien des questions.
Dave Côté commence par la lecture d’une anodine “Liste de courses”. Toutefois, quand on a des pouvoirs psis, on arrive à voir au-delà des simples mots. D’une chose banale du quotidien, il tire un récit plein de tendresse.
Geneviève Blouin nous donne froid dans le dos. Dans “Sentence incarnée”, vous pouvez être condamné rien que si l’on estime que vous êtes la réincarnation d’un criminel. Votre seul crime est alors d’être né au mauvais moment.
Sébastien Chartrand nous raconte une histoire d’amour. “Sans elle”, il dit ne plus exister. Depuis que Nathalie l’a rejeté, il est malheureux, il aimerait tant à nouveau être avec elle. Relation bien plus complexe qu’on pourrait le penser de prime abord et qui donne tout l’intérêt du récit.

Étonnamment, seuls trois auteurs ont opté pour une forme originale. Philippe-Aubert Côté avec “Métier : figure de proue” qui réussit à combiner forme avec sujet prenant. Pascal Raud dans un texte (?) fou sur “Les encyclopédistes” avec des références ne renvoyant à rien pour mieux nous perdre. Alain Ducharme dans “CY83rpunk” où le Québec a décrété un embargo sur les données virtuelles. Pas facile de suivre le cheminement de l’intrigue principale.

Voilà quelques exemples de fictions de ce « Solaris 192 ». 40 visions de 40 auteurs différents balayant un vaste spectre des thématiques des genres de l’imaginaire. L’ensemble se lit très bien et on ne peut que féliciter tous les participants de s’être pliés aux contraintes imposées.
Il faut dire que figurer dans un tel numéro devait être assez motivant pour se violenter les neurones. Le beau monde au sommaire en atteste !

Précisons également que chaque courte nouvelle est agrémentée de la couverture d’un ancien numéro de « Requiem » ou « Solaris ». Il est clair qu’avec la couleur, c’est du meilleur effet. Bizarrement, l’illustration de Steve Bolduc pour le numéro 168 y figure trois fois, pas sous la même forme, mais trois fois tout de même, alors qu’il y aurait eu moyen de caser deux autres couvertures en lieu et place.

Faute de place, juste deux chroniques d’ouvrages, mais nous retrouvons tout de même les habituels papiers de Mario Tessier et de Christian Sauvé sur le cinéma.
Mario Tessier enquête sur les classiques de science-fiction. On remarquera que les listes dressées au fil du temps ne cessent de changer et qu’elles sont finalement le reflet de l’époque. Étude instructive.

Un numéro anniversaire qui fera date. 40 ans, 40 auteurs relevait de la très bonne idée, du concept marquant pour attirer l’attention sur cet anniversaire.
Alors souhaitons un bon anniversaire à « Solaris », une très bonne continuation et donnons à son équipe rendez-vous pour ses 50 ans.


Titre : Solaris
Numéro : 192
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Grégory Fromenteau
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 192 
Période : automne 2014
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 12,95 CAD



François Schnebelen
24 novembre 2014


JPEG - 31.1 ko



Chargement...
WebAnalytics