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Atlantide (L’), coffret
Edition Double DVD - Mk2
12 mai 2004

Remercions tout d’abord Mk2 de nous offrir enfin une belle réédition de deux classiques du fantastique et du cinéma.

En effet, ill fut un temps lointain où les réalisateurs ne se posaient pas de question de genre. Un bon sujet et l’on passait du fantastique au policier ou de la comédie au drame sans aucun questionnement artistique.




Seules comptaient l’inspiration et l’envie. Il s’agissait évidemment des premiers jours du cinéma, art naissant, qui n’avait pas encore attiré certaines puissances, parfois obscures, de la finance et de la rentabilité à court terme.

Basés essentiellement sur le roman éponyme de Pierre Benoit et Grand Prix du roman de l’Académie Française en 1920, « L’Atlantide » propose une belle histoire, pleine de mystère et de charme. Deux jeunes officiers français, Saint-Avit et Morhange, se perdent dans le désert du Sahara et se retrouvent prisonniers d’Antinéa, reine de la cité d’Atlantide. Saint-Avit, aveuglé par l’amour qu’il porte à Antinéa ira jusqu’au meurtre de son camarade.
Dépaysement, grands sentiments, aventure, trahison, les arguments sont nombreux pour créer du rêve et amener le spectateur ailleurs.

Des nombreuses adaptations réalisées d’après ce roman, plus d’une trentaine à ce jour avec les adaptations TV, il y en a deux qui survolent l’ensemble et de loin. La première, muette, du Français Jacques Feyder (1921) et la seconde (la première en cinéma parlant de 1932) de l’Autrichien Georg Wilheim Pabst.

Celle de Feyder, qui tourna aussi « Le Baiser » avec Garbo et « La Kermesse Héroïque » entre autres classiques, distille le rêve et la poésie à travers une vision réaliste à l’extrême avec les moyens du cinéma muet de l’époque (8 mois de tournages en Algérie, une première pour l’époque). Film qui le révèla, son « Atlantide » réussit le tour de force de marquer à la fois les spectateurs par un phénoménal succès populaire pour un film de presque 3h et de diviser les critiques au moment de sa sortie. Pour peu que l’on accepte de se plier aux lois du genre, cette œuvre se regarde toujours avec plaisir et émerveillement aujourd’hui. C’est important car il n’y a pas seulement l’émotion, trop souvent compatissante, qui accompagne la vision des classiques du muet. Il s’agit d’un film moderne sur le fond et dans la forme (des effets de rouge et de sépia très intéressants). Téléphages et Dévédévores, un effort, diantre !

« L’Atlantide » de l’Autrichien Pabst (réalisateur du mythique « Loulou » avec Louise Brooks pour situer la bête) est sans conteste le maître étalon de toutes les « Atlantides » tournés un jour. Suite au refus de Feyder de revisiter sa version muette, Pabst, venant de l’expressionnisme Allemand, réalisa cette version en 5 mois dans le cadre d’une coproduction internationale et ce, simultanément en trois langues avec des acteurs différents dans les deux rôles masculins principaux -on retrouve d’ailleurs Jean Angelo (Morhange) déjà acteur dans la version de 1921 de Feyder et dans le même rôle dans la VF.

De sa version, souvent hallucinée, on retient tout d’abord la puissance des cadrages, la beauté des paysages désertiques du Hoggar, l’architecture souvent rectiligne et dure de décors à l’aspect étrangement fantomatiques. Quant à la transformation d’Antinéa (Brigitte Helm, elle rendrait fou n’importe quel homme. De son statut de femme fatale, simple séductrice, en déesse noire, profondément érotique et tentatrice, elle est symbolique de ce qu’aucun autre réalisateur n’osa à ce point fusionner l’amour et la mort (Eros et Thanatos).
Pabst était passionné de psychanalyse et cela se voit et se sent. Si sa vision dépasse le cadre d’une lecture simple et primaire de l’histoire de Pierre Benoit, c’est aussi et peut-être parce qu’il fut le premier à sentir tout ce qu’il y avait derrière et qui passionnait inconsciemment les lecteurs. _ Qui plus est, l’interprétation de Pierre Blanchar et sa diction toute particulière, très inspirée du travail théâtral, rajoute un charme étrange au résultat final, accentué par la superbe partition musicale de Wolfgang Zeller et son rythme mélancolique.
Bref, un grand film fantastique et un grand film tout court.

Le résultat final est donc un coffret absolument indispensable, destiné aussi bien aux amateurs du cinéma fantastique qu’aux passionnés du 7ème art.

L’ATLANTIDE (coffret 2 DVD et 2 Films)



- DVD 1 : L’atlantide de Jacques Feyder (1921)
- DVD 2 : L’atlantide de Georg Wilhelm Pabst (1932)
Sortie le 12 mai 2004

Genre : Fantastique (classiques)
Durées : 2h 43 et 1h 29.

DVD 1 :

L’atlantide (1921) de Jacques Feyder
Réalisation et scénario : Jacques Feyder.
D’après le roman de : Pierre Benoit
Distribution : Jean Angelo, Georges Melchior, Stacia Napierorska, Marie-Louise Iribe.
Décors : Manuel Orazi.
Production : Société Générale pour le Développement International et Commercial de la Cinématographie
Musique orchestrale : Eric Le Guen.
Avec le Concours du : Film Museum Amsterdam
Avec la Participation du : Centre National de la Cinématographie (CNC).
Édition : Mk2 éditions & Lobster
Prix : 24€ (édition 2004) - 45€ (édition 2006).

DVD 2 :

L’atlantide (1932) de Georg Wilhelm Pabst
Réalisation : Georg Wilhelm Pabst.
Scénario : Ladislaus Vajda, Hermann Oberlander, Alexandre Arnoux.
D’après le roman de : Pierre Benoit
Distribution : Brigitte Helm, Pierre Blanchar, Jean Angelo, Florelle, Georges Tourreil, Wladimir Sokoloff, Mathias Wiemann, Tela-Tchai.
Musique orchestrale : Wolfgang Zeller.
Décors : Metzner.
Dialogues : Jacques Deval.
Production : Nero Film / SIC.
Avec la Participation du : Centre National de la Cinématographie (CNC).

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES

DVD1 :
Durée : 2h 43 (DVD 2h 46)
Format image : 1.33, format vidéo 4/3, N B (Pal, zone 2).
Format Son : VO française, muet, sonorisé.

Avis : Bonne copie, bon transfert numérique pour un film de 1921

DVD2 :
Durée du film : 1h 29. (DVD, 1h 55)
Format image : 1.33, format vidéo 4/3, N B (Pal, zone 2).
Format Son : VO française.

Avis : Bonne copie pour un film de 1932, bon transfert numérique malgré quelques faiblesses sur les contrastes et les scènes de nuit, le travail de nettoyage sonore redonne aussi une nouvelle jeunesse à cette œuvre.

BONUS DVD

DISQUE 1 :
- Préface explicative de Serge Bromberg (3’)
DISQUE 2 :
- Préface de Jacques Bromberg (3’), la collection mk2
- Bonus caché (3’).


Stéphane Pons
14 juillet 2004



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