Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




King Kong (2005)
Film américain de Peter Jackson (2005)
14 décembre 2005

****



Genre : Fantastique
Durée : 3h

Avec Naomi Watts (Ann Darrow), Jack Black (Carl Denham), Adrien Brody (Jack Driscoll), Thomas Kretschmann (le Capitaine Englehorn), Colin Hanks (Preston), Andy Serkis (Kong, Lumpy le cuisinier), Evan Parkes (Hayes), etc.

Et Peter Jackson s’est enfin offert son rêve cinématographique et cinéphilique le plus cher : tourner SA version de « King Kong ».

On le savait, notre grand barbu préféré est fan depuis sa plus tendre enfance du classique de 1933 de Cooper et Schoedsack. L’anecdote (véridique) n’est pas secrète. Dès son plus jeune âge, Peter Jackson réquisitionnait déjà les fourrures de sa mère pour s’essayer à l’art du remake, caméra super 8 au poing. Aujourd’hui, le réalisateur oscarisé et reconnu du « Seigneur des Anneaux » a enfin pu accomplir son rêve.

L’a-t-il fait pour notre plus grand bonheur ? La réponse est oui, dix mille fois oui !

Ce « King Kong » 2005 est même archétypal de ce que le cinéma contemporain, doté de moyens hollywoodiens (mais pas hollywoodien sur le fond) peut accomplir de plus réussi. Une machine à rêves presque parfaite, un déluge d’effets spéciaux, de décors colossaux, un casting quasi idéal et une réalisation inspirée.
Car s’il faut encore chercher ou reconnaître un talent à Peter Jackson, c’est bien celui d’avoir une ligne de conduite, un fil créateur qu’il tisse avec une grande maestria.

Reprenant la trame du scénario original, il découpe son film en trois parties distinctes qui lui permettent à chaque fois d’appuyer sur des thématiques chères à son cœur.

Reconstituant le New York de l’après-krach boursier, il prend tout d’abord le temps de bien présenter ses personnages et leur psychologie, n’oubliant pas de montrer les dégâts occasionnés par une crise économique, tant sur le petit peuple que sur l’intelligentsia artistique. De l’actrice qui refuse toute compromission et peine à survivre, du réalisateur prêt à tout (y compris à voler ses producteurs) pour tourner son film jusqu’au scénariste mis à fond de cale pour livrer son script, Jackson n’hésite pas à user de l’allégorie pour parler aussi du cinéma.

L’arrivée sur l’île, la découverte de la cité barbare, la poursuite de King Kong et toutes les péripéties qui vont suivre sont autant de morceaux de bravoures et d’actions qui ne dépayseront pas les spectateurs qui ont découvert ce réalisateur avec sa célèbre trilogie. Mais là aussi, Jackson trouve le moyen d’intégrer quelques « marottes » bien personnelles. Entre un gros clin d’œil au « Monde Perdu » (autre classique du cinéma fantastique au temps du muet), la recréation d’une scène d’insectes géants que Cooper et Schoedsack n’avaient pu tourner faute de moyens et quelques scènes profondément humoristiques et “cartoonesques” (dans leur réalisation), le réalisateur ne boude pas son plaisir. Sa profonde jouissance à offrir toujours plus de choses à voir est palpable, tangible et affirmée.
C’est aussi dans cette seconde partie que Jackson fait passer deux autres arguments fondamentaux de son « King Kong » : un travail créatif sur la puissance du regard et un vibrant plaidoyer anti colonialiste.
En effet, le regard est ici vital et primordial. Vital car il explique le lien intime que vont tisser la belle et la bête, primordial car il renvoie forcément à ce que pense Peter Jackson du cinéma, à ce qui l’influence “visiblement” depuis qu’il est tout petit, à ce qui fait qu’il est un réalisateur à succès et pas un sculpteur ou un romancier. Le plaisir est dans l’œil, l’émotion est dans le regard, la poésie dans ce que l’on voit et dans ce que l’on montre.
L’anti-colonialisme est évident aussi. En redonnant à son gorille géant les mimiques et le comportement d’un gorille “normal”, Jackson zappe les massacres d’indigènes présents (et censurés au finish) dans la version de 1933. Le gorille étant par essence végétarien, il ne fut pas une seconde question pour le réalisateur de le voir manger qui que ce soit.
Il prépare aussi le spectateur à la tragédie qui s’annonce. Après avoir consciencieusement massacré une partie des habitants de l’île, nos quasi contemporains vont transplanter de force un être dans une civilisation étrangère à sa culture. Le drame deviendra inévitable.

La morale de son « King Kong » est aussi là, dans cette troisième partie.
C’est donc l’appât du gain qui prédominera et figera la destinée tragique de King Kong. Capturé, exploité, exposé comme un monstre de foire, le Roi Kong se révoltera. Et la société du spectacle et du fric en prendra aussi plein la figure. C’est donc au sommet de l’Empire State Building que tout s’éteindra.
Des hauteurs de son île du crâne (Skull Island), terra incognita fantasmagorique, d’où le gorille observe dans une position de moine boudhiste le soleil couchant, aux cimes de Manhattan, autre île mythique du nouveau monde, c’est après que la bête ait croisé une dernière fois le regard de la belle, après que le Roi Kong ait une ultime fois savouré la lumière du soleil, que le rideau pourra être tiré sur des paupières qui se ferment définitivement.

Techniquement irréprochable, même si certains effets spéciaux possèdent parfois ce je ne sais quoi de volontairement imparfait et artificiel qui semble être la marque de fabrique de Peter Jackson, le film recèle un autre atout, sa distribution.
Naomi Watts (Ann Darrow) semble être née pour interpréter le rôle de la belle, Jack Black (Carl Denham, le réalisateur) est totalement convaincant et renvoie forcément à Cooper et Schoedsack qui étaient deux sacrés caractères, Adrien Brody (Jack Driscoll, le scénariste) dépasse son regard mélancolique pour s’affirmer en amoureux et adversaire motivé du Roi Kong, Thomas Kretschmann (le capitaine Englehorn) est le baroudeur des mers que l’on attendait et Andy Serkis (Lumpy, le cuisinier) tout en apparaissant dans un second rôle de cuistot sérieusement burné au look de Popeye est le véritable interprète du gorille géant via une batterie de capteurs numériques. Il réédite donc la performance déjà réalisée lorsqu’il incarnait le Sméagol-Golum du « Seigneur des Anneaux ».
Les décors, grandioses, usent des technologies 3D modernes (reconstitution de New-York) mais possèdent aussi une violente poésie parfaitement exprimée dans les noires visions de Skull Island et de sa cité antique.

Œuvre ambitieuse par essence, totale par principe, le « King Kong » de Peter Jackson tient donc ses promesses, épate et émerveille. Ode au cinéma, « King Kong » est aussi un film totalement respectueux du spectateur qui paye son billet. La démarche est belle, honnête et finalement pleine d’humilité.
Merci Monsieur Jackson !

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Peter Jackson
Scénario : Fran Walsh, Philippa Boyens, Peter Jackson d’après une histoire de Merian C. Cooper & Edgar Wallace
Inspiré par le film original « King Kong » de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack (1933)

Producteurs : Jan Blenkin, Carolynne Cunningham, Fran Walsh, Peter Jackson

Photo : Andrew Lesnie, ACS, ASC
Décors : Grant Major
Costumes : Terry Ryans
Musique : James Newton Howard
Maquillage, créatures et miniatures : Richard Taylor
Montage : Jamie Selkirk, ACE & Jabez Olssen

Production : Universal Pictures & Wingnut Films
Distribution : United International Pictures (France)
Publicité : Agence Lumière (Paris)
Presse : Sylvie Forestier & Anne Crozat (Paris)

SITE INTERNET

http://www.uipfrance.com/sites/kingkong/


Stéphane Pons
14 décembre 2005



JPEG - 13.1 ko



JPEG - 6.6 ko



JPEG - 10.6 ko



JPEG - 12.1 ko



JPEG - 12.8 ko



JPEG - 6.5 ko



JPEG - 9 ko



JPEG - 8.5 ko



JPEG - 7.4 ko



Chargement...
WebAnalytics