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In the after
Demitria Lunetta
Lumen, traduit de l’anglais (États-Unis), fantastique / science-fiction, 409 pages, août 2014, 15€

Dans l’esprit d’Amy, il y a deux mondes : l’Avant et l’Après. L’Avant, c’était le monde normal : les soirées entre copines, des bonnes choses à manger autant que l’on en voulait, le confort d’un monde technologique et développé – et les râleries des parents. L’Après, c’est le même monde sans tout ce qui y était agréable. Un monde dévasté par une invasion de créatures vaguement humanoïdes, à la peau verte, aux jeux d’un jaune brillant. Des créatures rapides, féroces, et particulièrement voraces. Des survivants parmi les humains ? Il semblerait bien que non.



Amy a eu énormément de chance lorsque les choses ont commencé. D’une part, elle était chez elle, devant la télévision, alors qu’au-dehors elle n’aurait eu strictement aucune chance de s’en tirer. D’autre part, l’association d’une mère rapportant des dossiers confidentiels à la maison et d’un père ne jurant que par l’écologie l’ont doté d’un domicile non seulement hautement sécurisé, mais également autonome : cellules solaires et autres technologies autarciques. Elle n’est donc pas obligée de sortir avant de longs mois. Et cela n’est pas plus mal.

Lorsqu’il lui faut sortir, pour refaire ses réserves de nourriture, elle se heurte non seulement aux aliens, mais aussi à des rares survivants qui n’apparaissent pas précisément animés des meilleurs intentions. Elle recueille une petite fille de quatre ans qui a miraculeusement survécu, Baby. Elle héberge un moment une jeune fille, Amber, qui la trahit. Obligée de fuir son refuge, elles est capturée et emmenée dans une cité de survivants, New Hope, où elle trouvera bien plus de mystères que d’explication, et où, sujette – lui dit-on – à des traumatismes psychologiques, elle bénéficiera de traitements psychiatriques, perdant – lui dit-on – la mémoire de périodes entières. Devenue l’une des gardiennes, une unité de défense de New Hope contre les créatures assoiffées de sang, elle finira par découvrir quelques vérités hideuses.

Mêlant diverses thématiques à la mode (le post-apocalyptique, le zombie, l’invasion extra-terrestre, les manipulations scientifiques, les complots ), « In the after », avec quatre cents pages séparées en trois parties (« Après », « New Hope » et « les Gardiens » ) dont la seconde et la troisième s’étirent un peu en longueur, avait beaucoup pour séduire. Malheureusement, ce roman achoppe sur une poignée d’invraisemblances et de maladresses narratives qui heurtent le lecteur. Le fait qu’Amy et Amber puissent penser que cette dernière a été envoyée comme appât par ses proches alors que ceux-ci savent que pour attirer les aliens il leur suffit de faire du bruit (ce qu’ils font en effet) n’est absolument pas crédible. Le fait que la mère d’Amy ait envoyé une équipe à la maison pour la récupérer et ne l’y ait pas trouvée alors qu’elle était partie chercher de la nourriture ne tient pas debout (il est expliqué par ailleurs qu’elle n’est sortie qu’au bout de vingt jours et de plus qu’elle verrouillait derrière elle : comment auraient-ils pu savoir que la demeure était vide, ou, s’ils sont entrés, comment n’ont-ils pu voir aucun signe de vie ?) Le fait que les habitants de New Hope, bénéficiant d’une technologie leur permettant de faire toutes sortes de recherches scientifiques et d’user d’hélicoptères furtifs, n’aient jamais eu l’idée de chercher d’éventuels survivants en réactivant la radio ou en laissant des messages de toute autre manière apparaît totalement invraisemblable. Et que dire de la « révélation » comme quoi les envahisseurs ne sont pas des extra-terrestres (ce qu’on a deviné dès les premiers chapitres) et de l’explication ridicule du fait que la planète entière ait pu le croire ?

« In the after », présenté sous forme d’un beau volume à couverture en relief et avec vernis sélectif, n’est donc tout à fait satisfaisant pour un adulte, ni pour un adolescent déjà pourvu d’esprit critique. On pourra également lui reprocher un flou certain au sujet de la toile de fond (il est difficile de se faire une idée de ce qu’est réellement New Hope) et un déséquilibre manifeste avec une avalanche de révélations sur les dernières pages (d’autant plus surprenantes de la part de personnages qui ont su garder le secret depuis le début et qui, tout d’un coup, à partir d’un infime détail, se mettent, sans nécessité aucune, à tout dévoiler.) Reste qu’il s’agit d’un premier roman, et que l’on peut lui reconnaître des qualités : les dialogues sont crédibles, les personnages également, et l’ambiance d’utopie totalitaire de New Hope est assez bien rendue. Il est difficile, en définitive, de porter un jugement sur ce roman qui, se terminant en « cliffhanger », n’est que la première partie d’un diptyque (la suite, « In the end », a été publiée en langue originale il y a quelques mois.) Il faudra, assurément, se pencher sur « In the end » pour avoir une vision d’ensemble.


Titre : In the After (In the after, 2013)
Auteur : Demitria Lunetta
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Maud Ortalda
Couverture :Sammy Yuen
Éditeur : Lumen
Pages : 409
Format (en cm) :14 x 22,5 x 3
Dépôt légal : août 2014
ISBN : 9782371020153
Prix : 15 €


Les éditions Lumen sur la Yozone :

- « Witch song »
- « Dualed, tome 1 »
- « Widdershins, tome 1 »
- « Wizards, tome 1 »


Hilaire Alrune
22 octobre 2014


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