« Lignes de Front » est l’histoire de ces quatre hommes et deux femmes dans l’enfer de la Seconde Guerre Mondiale. Huit tomes sont prévus, quatre en 2014 et les quatre autres en 2015. Ce rythme de parution soutenu possède un avantage comme un inconvénient. Pas le temps d’oublier le cycle, presque tous les deux mois, un nouvel album sort, ce qui est bien vu de par le concept, mais cela impose quatre dessinateurs différents pour les 4 volets de 2014. On peut
raisonnablement penser que les 4 mêmes s’occuperont des suivants.
Pour « Stonne », le démarrage de la série, Brada donne une identité visuelle qui sera peut-être mise à mal après, les personnages que l’on a appris à connaître grâce à son trait seront-ils toujours facilement identifiables par la suite ?
Chaque tome est centré sur un personnage masculin et les deux femmes, l’Allemande Magdalena Kopps et l’Américaine Cheryl Matthew, toutes deux couvrant la guerre pour la presse, gravitent autour.
« Stonne » débute par les JO de Berlin. La moitié de la bande dessinée se déroule dans cette ville, elle permet de présenter les six personnages que l’on apprendra à mieux connaître pendant les tristes événements qui surviendront 3 années plus tard. Six pour cinq nationalités dans les deux camps, ce qui autorise de fréquents changements de situation et évite toute impression de stagner en suivant toujours la même personne.
Stonne, c’est un petit village dans les Ardennes qui verra des violents combats en mai 1940. Émile Berger, dit Milou, est dans une compagnie de chars envoyée prendre cette position stratégique. Le lecteur est alors plongé au cœur de l’action, bien loin des débuts où les Jeux Olympiques sont une fête. Les lendemains de fêtes sont ici douloureux, pleins de bruit et de fureur, tachés de sang et abreuvés de haine.
Le scénario de Jean-Pierre Pécau est efficace avec une bonne introduction, puis il n’élude rien, nous permettant de suivre le déroulement de la lutte pour ce village et ses tristes résultats. Les dessins de Brada et la colorisation rendent bien l’action et les lieux sont très bien représentés.
Très beau premier tome donnant d’emblée envie d’enchaîner sur « Le Vol de l’Aigle », le deuxième volet de « Lignes de front » qui se pose d’emblée comme une série à suivre avec un concept bien vu : plusieurs personnages pour couvrir la guerre dans chaque camps, les plonger dans des champs de bataille pas forcément connus du grand public et mettre à l’épreuve leur amitié en faisant croiser leur destin.
Par exemple, si Milou se retrouve nez-à-nez avec l’Allemand Rudolf Klein-Combourd, quel sera la réaction de chacun ? L’amitié scellée sous l’air « Lili Marlene » à Berlin en 1936, y résistera-t-elle ?
Une question dont on ne peut que souhaiter la réponse. 64 pages et nous voilà déjà attachés à ces personnages si différents, mais pourtant liés.
Espérons juste que le dessin de Benoît Dellac ne différera pas de trop pour une reprise rapide du fil de l’histoire et une bonne reconnaissance de ses acteurs, auxquels Brada a prêté des traits assez simples.
Pour la petite histoire, l’épreuve de cyclisme du kilomètre des JO de Berlin 1936 a bien vu un Français finir second de l’épreuve devant un Allemand. Si le nom du gagnant du km n’a pas changé, les deux autres intervenants dans la série ont été modifiés.
De plus, en quatrième de couverture, on nous parle d’Émile Soubise, alors qu’à l’intérieur il s’agit d’Émile Berger. Une erreur grossière ! Idem pour le prénom de Klein-Combourd qui n’est pas Joachim mais Rudolf dans la BD !
(T1) Stonne
Série : Lignes de front
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessin : Brada
Couleurs : Thorn
Couverture : Manchu et Pierre Loyvet
Éditeur : : Delcourt
Collection : Histoire & Histoires
Dépôt légal : 7 mai 2014
Format : 23 x 31,9 cm
Pagination : 64 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2-7560-3232-0
Prix public : 14,95 €
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