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Galaxies n°29 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°29, SF - nouvelles - articles – critiques - entretien, mai 2014, 192 pages, 11€

Deux fois par année, « Galaxies » accueillait « Lunatique ». Toutefois, le légataire testamentaire de la revue de Jacqueline Osterrath a manifesté le souhait que cette publication soit suspendue. Pour garder cette particularité périodique, le choix s’est porté sur un autre titre : « Mercury ».
Rien d’étonnant quand on sait que Jean-Pierre Fontana, son instigateur, est un des rédacteurs délégués de ces numéros spéciaux.



« Lunatique » ou « Mercury », les lecteurs ne perdront pas leur repères habituels avec des nouvelles, un dossier et des chroniques sur les sorties au cinéma plutôt qu’en littérature.
Une chose qui frappe d’entrée, c’est la mise en page qui laisse la part belle à d’importantes marges blanches. Déjà que c’est écrit petit, toute cette place inoccupée laisse rêveur sur une police plus grande. Agaçant !

Les histoires de selkies sont pour les losers” de Sofia Samatar a beau être nominé pour le prix Hugo 2014, arrivé au bout, je me suis demandé de quoi ça parlait et je l’ai oublié.

Avec “Orcus”, Serena Gentilhomme signe un texte choc. Elle nous installe dans la peau de voyeurs, un artiste joue sa dernière scène, le dernier chapitre de son roman. Des jeunes s’acharnent sur lui, le poussent vers une fin déjà écrite. Du moins, croient-ils la connaître...
Orcus” touche son but et fait grincer des dents.

Les bains de Baracci” nous plonge dans un futur où une grave épidémie s’est propagée sur le continent, seule la Corse semble épargnée ! Un scientifique veut y rejoindre un laboratoire pour enrayer le mal dont il est la cause. Traverser l’île n’est pas une sinécure, aussi est-il content de trouver l’aide d’une jeune fille. Mais quelles sont ses motivations ?
Julie Subirana nous invite à une ballade dangereuse, la conclusion est cousue de fil blanc, mais l’ensemble est plutôt agréable.

Ketty Steward suit un tripier qui donne des cours de rattrapage en mathématiques pendant les grandes vacances. Son but n’est pas celui que l’on imagine de prime abord. L’idée est excellente, mais n’est pas exploitée jusqu’au bout. Le virage pris à 180° s’avère déroutant et peu convaincant. “Équation remarquable” laisse une impression mitigée. Dommage !

Entre chien et loup” de Pierre-Jean Brouillaud se résume à une rencontre entre un homme et un personnage de fiction. Ce Saint-Pétersbourg nocturne possède des relents philosophiques peu entraînants. Une nouvelle de plus sans saveur.

Le gros morceau de ce « Galaxies » - « Mercury » premier, c’est l’important dossier sur Dominique Douay que beaucoup de jeunes lecteurs ne connaîtront peut-être pas. D’ailleurs, la nouvelle “Qui m’appelle ?” écrite en collaboration avec Jean-Pierre Andrevon me semble un choix malheureux, même si elle ne manque pas de qualité. Cet échange entre deux personnes qui peinent à se comprendre, comme s’ils n’étaient pas dans la même réalité, ne manque pas d’originalité. Alors que Jean-Pierre travaille comme un dingue dans un laboratoire et perd le fil du quotidien, un étrange phénomène se produit. Jean-Pierre et Dominique communiquent d’une étrange façon qui en déroutera plus d’un, d’autant que l’ensemble part assez vite en vrille. “Qui m’appelle ?” ne trouvera pas le même écho chez chacun, la faute notamment à son ancienneté (1980) et à son déroulement.

En entame du dossier, Jean-Pierre Andrevon nous présente Dominique Douay, écrivain talentueux qui a disparu un temps de la circulation du fait de temps éditoriaux difficiles, ainsi que d’obligations professionnelles très importantes. En effet, il était un haut-fonctionnaire de l’état. Le portrait nous révèle un homme pris entre deux sphères d’activité très prenantes. C’est vraiment très intéressant, tout comme les présentations qu’en font trois auteurs. Cependant, on peut s’interroger sur le choix de Lucie Chenu qui ne l’a pas connu personnellement. Tout le contraire de Sylvie Lainé qui nous parle avec émotion de leurs rencontres à Lyon.

L’entretien est l’occasion de mieux cerner Dominique Douay et sa carrière à deux faces, avant une bibliographie et la nouvelle “La course du marque-page dans les lignes du Livre”.
Tout est consigné dans le Livre, celui qui contient tout, que seuls certains initiés peuvent consulter. Des lecteurs, c’est-à-dire des observateurs, sont envoyés sur le terrain pour consigner les événements, noter les détails. Normalement l’Histoire est connue, des surprises ne peuvent subvenir, mais mieux vaut éviter de froisser le lecteur...
Le récit est très intriguant, il regorge de trouvailles. Plusieurs interprétations me semblent possibles, Dominique Douay se plaît à tourner le temps en dérision. Cette course s’avère une bonne surprise, elle sait interpeller le lecteur dans le bon sens, notamment sur l’inéluctabilité du destin. En est-on maître ou est-il déjà écrit ?

Dans la partie rédactionnelle, Jean-Pierre Fontana achève la passionnante histoire du fandom. Comme cet historique couvre les années 1990 à 2010, il parlera au plus grand nombre et il n’est pas impossible que certains s’étonnent de ne pas y trouver tel fanzine ou autre. Par exemple, « Borderline » qui était d’une très bonne qualité et qui a vu 21 numéros paraître est curieusement absent. Toutefois, ne faisons pas la fine bouche et saluons le très bon travail effectué.

À l’occasion de l’exposition Marvel, Franck Jammes décrypte ce qu’est un super-héros et ce qui s’y rattache. Intéressant ! Et bien sûr, ce numéro se termine par des chroniques cinéma.

Dans l’ensemble, ce premier « Galaxies » - « Mercury » ne laisse pas une grande impression. La majorité des nouvelles peine à convaincre et la mise en page est loupée. Ce focus Dominique Douay méritait un plus bel écrin.
Si « Mercury » était une publication amateur, ce n’est pas le cas de « Galaxies ». Déjà que le dernier « Galaxies » - « Lunatique » était décevant, attention à la dérive !


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 29 (71 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédacteurs en chef délégués : Jean-Pierre Fontana et Jean-Pierre Andrevon
Couverture : Yves Krief
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mai 2014
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
28 juillet 2014


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