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TYPOS, tome 1 : Fragments de Vérité
Pierdomenico Baccalario
Flammarion, roman (Italie), dystopie totalitaire, 248 pages, mai 2014, 13€

Tout va bien à Maximum City, le gouvernement est à l’abri de la contestation grâce à K-Lab, son service de modification de la réalité. Puisqu’à notre époque tout n’est qu’images, son et communication K-Lab se charge de remodeler la réalité à destination des citoyens.
TYPOS est un groupe de jeunes gens, apprentis journalistes, épris de liberté et de vérité. Travaillant dans la clandestinité, ils font en sorte de révéler la juste nature des choses et dénoncer les manigances des puissants. Hélas, pour échapper au Lab, leurs moyens sont faibles : l’impression de journaux papier ensuite distribués dans les ghettos est leur source de diffusion la plus sûre. Il craignent les réseaux numérique, à juste titre : l’adversaire y est omniprésent, noyant leur voix, et se connecter est le plus sûr moyen qu’ils vous mettent la main dessus. Le combat est bien inégal.
Mais quand un médecin rentre d’Afrique et leur demande de révéler que le président d’un petit pays n’est pas le héros du peuple que l’on croit, mais un tyran génocide, TYPOS va frapper son adversaires avec ses propres armes.



Derrière ses apparences cyberpunk, c’est bien une ode au journalisme et à la liberté de l’information qui se cache derrière « TYPOS ». Mais commençons par la forme. Pierdomenico Baccalario nous fait découvrir sa ville-état de Maximum City par petits bouts, abordant chaque détail lorsqu’il devient important. Cela va des éléments les plus fantaisistes et futuristes, comme son réseau urbain secondaire Babel, qui trace des routes en passant par des appartements vides, aux plus graves, comme la réduction à peau de chagrin du grand parc de la ville sous le coup des pelleteuses et de l’urbanisation galopante. Et quand on met les deux en rapports, des immeubles qui dévorent les espaces verts, pour ensuite n’abriter que des appartements vides... je vous laisse faire la déduction. C’est pour ce genre de choses, qui ne relèvent pas de la science-fiction, que le pouvoir a besoin de K-Lab, qui enjolive voire réécrit l’information et la réalité, pour apporter aux citoyens peu ou mal informés la bonne réponse, lisse et sans polémique. C’est contre ça que se bat TYPOS.
Les quatre héros de l’équipe de presse clandestine ne sont pas comme vous et moi. Arlequin, le fils du fondateur (actuellement réfugié dans un satellite géostationnaire) et cerveau (un peu impulsif) de la bande, fait des réactions allergiques quand il entend un mensonge. Dusker, le grand Black, est un chauffeur hors pair. Gipsy, la magnifique, est aussi la meilleure élève de la fac. Enfin, Morph peut changer d’apparence. Bien pratique. Une vraie équipe de « Mission : Impossible », encadrée par quelques adultes, le père d’Arlequin en orbite, une femme médecin et le colonel Trautmann, un « mercenaire éthique ».

C’est parce qu’il a travaillé avec Trautman que le docteur Malone prend contact avec eux,pour qu’il l’aide à révéler au monde entier que le président Makbake détourne l’aide internationale envoyée à son pays et fait massacrer les civils des régions qui abritent les rebelles.
Mais, première leçon de journalisme, si les TYPOS compatissent, ils lui révèlent une grande vérité : les gens se moquent bien de l’Afrique. Les Noirs peuvent bien s’entretuer, personne ne lèvera le petit doigt, car cela n’intéresse personne. Et avec leurs moyens limités, comment pourraient-ils réveiller l’opinion ?
Mais là où les choses rebondissent, c’est que Makbake est l’invité d’honneur d’un gigantesque concert pour la paix. Vaste fumisterie, puisqu’elle fait passer un boucher pour un héros aux yeux de ces foules aveuglées par K-Lab. car c’est bien évidemment K-Lab qui se charge de l’image médiatique du président.
Les quatre jeunes vont donc tout organiser pour diffuser les preuves de sa culpabilité, rapportées par le docteur Malone, durant le concert. Une opération millimétrée. Mais c’est sans compter sur Cartablanca, le pire tueur de K-Lab, qui est près à jouer avec Arlequin et ses amis. Et il ne joue que pour gagner.

La couverture de Laurent Rivelaygue, très bien composée, donne bien le ton de ce roman, thriller technologique légèrement anticipatif. Malgré sa minceur (sa seule faiblesse au vu de la vitesse à laquelle on le dévore, vivement le prochain épisode !), les thèmes abordés le destinent aux plus de 14 ans, et participera à la réflexion sur les médias aujourd’hui et sur la valeur de l’information, ses sources, sa surabondance...

On conseillera également, dans une veine proche (la surveillance par tous les moyens technologiques), le « Little Brother » de Cory Doctorow.


Titre : Fragments de Vérité (T.Y.P.O.S 01 Verita, 2012)
Série : TYPOS, tome 1
Auteur : Pierdomenico Baccalario
Traduction de l’italien (Italie) : Fautina Fiore
Couverture : Laurent Rivelaygue
Éditeur : Flammarion
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 248
Format (en cm) : 13,5 x 21 x 2
Dépôt légal : mai 2014
ISBN : 9782081286627
Prix : 13 €


Découvrir le tome 2 : « Poison Noir »


Nicolas Soffray
26 juin 2014


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