Au début, c’est une histoire comme il en existe, dans la réalité, sûrement des centaines. Un couple soudé mais frappé par le malheur de la perte d’un enfant suite à une maladie génétique. L’envie d’avoir un nouveau bébé mêlée à la crainte irrépressible de condamner ce nouvel être à la même maladie, au même futur. Et alors vient le sauveur : la science. Ou plutôt un homme qui vous promet de scanner votre patrimoine génétique pour vous offrir un enfant sain. Dans un monde parfait, il ferait juste cela. Dans un monde moins parfait, il vous proposerait toute une liste de choix génétique possibles (sexe, taille, intelligence, endurance). Dans le monde de Peter James, vous vous transformez en incubateur pour bête de foire.
C’est ainsi que Naomi s’est retrouvée enceinte de jumeaux, eux qui voulaient juste un fils. Pour le bonheur de leur enfant à venir et assurer son avenir, avec John, son mari, ils s’étaient permis de cocher quelques options dans la liste de caractéristiques génétiques proposées. Rien de bien méchant, comme chez tous les gens bien-pensants, la crainte de l’eugénisme est profondément ancrée en eux. Juste un enfant qui cicatrise plus vite, mange moins, dort moins, apprend mieux.
Ils ne savaient pas qu’en posant les pieds sur ce navire balloté par les eaux internationales, ils allaient servir une autre cause que la leur. Ils n’avaient pas non plus lu les petits caractères de toutes les clauses du contrat.

Pas forcément évident de comprendre ce que cherche réellement à dénoncer Peter James dans ce thriller qui, au final, n’en est pas vraiment un. Savant fou, eugénisme, course à l’enfant parfait, à l’éducation parfaite, fanatisme religieux, les sujets traités sont nombreux. Même la difficulté d’insertion des individus différents est abordée. L’approche de l’auteur, relativement détachée par rapport à ses personnages et qui fait faire des bonds dans le temps de parfois plusieurs mois à son lecteur, permet de prendre beaucoup de recul par rapport aux protagonistes et offre un regard presque documentaire sur le sujet. Il s’avère au final très difficile de juger qui a tort ou raison. À part le savant fou bien sûr, et encore. Mais au final, personne ne pensait vraiment à mal (en dehors des fanatiques) et l’on ne peut s’empêcher de plaindre les parents, comme les enfants, de n’avoir été que les jouets de leur propre destinée.
On passera rapidement sur la qualité de l’écriture puisque cela fait maintenant quelque temps que Peter James n’a plus rien à prouver de ce côté-là, et il ne démérite pas du tout avec ce roman. On regrettera peut-être le flou entourant la méthode, mais aussi et surtout la raison de tout cela. Ce ne sont pas les quelques pages qui clôturent l’ouvrage qui vont éclairer notre lanterne. C’est dommage puisque le reste du roman est bien documenté et cohérent.

Ce flou semble volontairement amené cependant, et ce, afin de créer la réflexion chez le lecteur. En effet, « Des Enfants Trop Parfaits » reste encore du domaine de la fiction, mais il va sans dire que ce genre de problème risque de se rencontrer dans le futur. La gestion sociale et humaine de tout cela passera forcément par un questionnement éthique d’importance et un positionnement de chacun. Ce type d’ouvrage, en dehors de son aspect purement récréatif, contribue certainement à mettre en place de telle réflexion.
D’ailleurs, je ne m’en suis toujours pas remise.

Titre : Des Enfants Trop Parfaits (Perfect People, 2011)
Auteur : Peter James
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Raphaëlle Dedourges
Couverture : Getty Images
Éditeur : Fleuve Noir
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 548
Format (en cm) : 14 x 22,5 x 3
Dépôt légal : mars 2014
ISBN : 9782265094802
Prix : 20 €