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Protectorat de l’Ombrelle (le), tome 3 : Sans Honte
Gail Carriger
Orbit, roman (USA), bit-lit victorienne, 309 pages, avril 2012, 16,9€

Chassée pour son loup-garou de mari qui refuse de se croire à l’origine de l’état de son épouse, lady Maccon est contrainte de retourner vivre un temps chez sa mère, avec les désagréments que cela comporte. Officiellement présentée dans la presse comme le scandale du siècle, elle ne peut que nuire à la réputation de quiconque l’approche.
Lord Akeldama accepte de l’héberger, le temps que lord Maccon reprenne ses esprits et lui présente ses excuses. Mais quand Alexia arrive avec armes -enfin, son ombrelle- et bagages -nombreux-, la maison du vampire est entièrement vide. À cela s’ajoute deux tentatives de meurtres, dont une avec des coccinelles mécaniques.
Sur le conseil du professeur Lyall et de Madame Lefoux, Alexia part à la recherche de réponses concernant son désagrément embryonnaire. Si les loups-garous n’ont pas souvenir d’un cas précédent d’une Sans-Âme enceinte, et comme les vampires ont l’air de tramer quelque chose de mortel, ne reste que la 3e faction, l’italienne : les Templiers...



« Sans honte » reprend sur des chapeaux de roues, quelques jours à peine après la fin de « Sans forme ». On y retrouve notre Alexia en piteux état : chassée de Woolsey Castle, obligée de cohabiter avec ses demi-sœurs et sa mère, et surtout blessée dans son honneur ! Que lui importe que les surnaturels n’aient pas trace d’un précédent dans leurs archives ? Mais que son mari la croie infidèle, ose même l’imaginer !
Néanmoins, très vite son entourage (Lyall, Madame Lefoux) comme les circonstances lui donnent raison : les vampires sont dans tous leurs états depuis l’annonce de la grossesse de lady Maccon, et eux ne semblent pas croire à l’infidélité d’Alexia. Ou alors ils ne souhaitent pas prendre le risque. Ce qui conforte le petit groupe quant à la spécificité, et la grande rareté, d’un enfant de surnaturel et de paranaturelle.
Pour la sécurité d’Alexia, quitter Londres semble évident. Accompagnée de Mme Lefoux et de son fidèle Floote, elle part pour Paris, puis l’Italie, espérant bien accéder aux archives des Templiers. Le voyage sera houleux, entre moyens de transport alternatifs proposés par l’Ordre de la Pieuvre de Cuivre, invités impromptus aux dents longues (qui mettront l’ombrelle d’Alexia à rude épreuve). La France et Paris vont se révéler moins propres et trop moustachues au goût de lady Maccon, au contraire de l’Italie, très orange, malgré une arrivée mouvementée et un accueil templier des plus glacial. Même si elle y découvrira, outre certaines réponses, un mets délicieux, le pesto, et une arme redoutable contre les surnaturels... le pesto.

L’action est menée tambour battant, forçant une Alexia quelque peu gênée intérieurement par ce qu’elle ne cesse de qualifier de « désagrément embryonnaire », qui lui coupe l’appétit (elle qui n’a jamais rechignée à table) ou se met à remuer aux moments les moins bien choisis (lorsqu’ils sont poursuivis par des vampires et des drones décidés à la tuer, notamment). Il faudra attendre que la future mère en apprenne un peu plus sur lui pour qu’elle commence à le considérer de manière plus maternelle. Avec sa perception très pragmatique des choses, typique des Sans-Âme, Alexia donne une version décapante de la maternité et des changements physiologiques.

Changements qui viennent s’ajouter à un moral en berne. Alexia, bourrée d’hormones, oscille entre colère et tristesse envers son époux. Qui, elle l’ignore, traverse une mauvaise passe, se saoulant pour ne pas réfléchir. Sauf que l’alcool, même fort et en grande quantité, ne ferait pas vaciller un Alpha... Pendant ce temps, c’est le brave Lyall qui assure l’intérim, chasse les challengers de Woolsey et mène son enquête sur la disparition de lord Akeldama. Et de découvrir que la grossesse de lady Maccon a effectivement affolé les ruches vampires, au point de pousser certains à des actes inconsidérés et lourds de conséquences.

Des conséquences qui chambouleront l’équilibre des pouvoirs dans les tomes suivants. Qu’on a d’autant plus hâte de dévorer.

Si la maternité d’Alexia apporte un peu plus de sensibilité à ce volume, les ingrédients habituels sont toujours en bonne place, l’humour né du décalage entre nos priorités et celles d’Alexia (ou de Lyall, le loup-garou le plus attentif à sa mise de tout le Commonwealth), ou des tentatives peu fructueuses de lord Maccon de comprendre les mœurs en vigueur avec la gent féminine humaine en général et avec sa femme en particulier (« ramper » et « se faire pardonner », principalement) en totale opposition avec sa nature d’Alpha, fonctionne toujours à plein. La plus grande implication de l’Ordre de la Pieuvre de Cuivre renforce un steampunk jusqu’ici resté en toile de fond. Enfin, des mystères s’éclaircissent et d’autres sont mis à jour. Floote et son ancien maître, le père d’Alexia, sont sous les feux de la rampe, mais ce sont des becs de gaz et pas des phares au xénon, aussi conserveront-ils plus que leurs parts d’ombre. Gail Carriger nous en garde pour la suite. Ô joie.


Titre : Sans Honte (Blameless, 2010)
Série : Le protectorat de l’ombrelle, tome 3
Auteur : Gail Carriger
Traduction de l’anglais (USA) : Sylvie Denis
- Édition originale
Couverture : Donna Ricci / Mary Evans / Shuttershock
Éditeur : Orbit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 309
Format (en cm) : 21,5 x 14 x 2,8
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 9782360510498
Prix : 16,90 €
- Réédition poche
Couverture : Stefan Hilden
Éditeur : Le Livre de poche
Collection : Orbit
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 432
Format (en cm) : 17,8 x 11 x 2
Dépôt légal : novembre 2013
ISBN : 9782253169741
Prix : 7,10 €


Sur la forme, on retrouvera hélas les mêmes petites coquilles que dans les tomes précédents, notamment des guillemets un peu aléatoires et de fréquentes confusions ou/où. Rien de bien méchant.
Le Protectorat de l’Ombrelle :
- 1. Sans âme
- 2. Sans forme
- 3. Sans honte
- 4. Sans coeur
- 5. Sans âge


Nicolas Soffray
11 avril 2014


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