« Cher Duncan,
Quand j’ai appris que tu allais me remplacer, je n’y ai pas cru, à dire vrai. Peut-être devines-tu ce que je m’apprête à te révéler, mais je le ferai quand même. Il est important que tu saches pourquoi et comment les choses se sont passées. Il faut que quelqu’un sache – quelqu’un susceptible de se servir de mon expérience pour ne pas refaire les mêmes erreurs que les miennes. Sans doute. Je ne sais pas. En fait, je t’offre le meilleur des cadeaux, le meilleur des trésors dont tu puisses rêver. Je te donne la matière de ta dissert’ sur la tragédie.
Amicalement, Tim »
Une histoire de tragédie dont le déroulement est raconté à l’un des protagonistes sur des enregistrements audios... ça rappelle étrangement un livre jeunesse sortit en 2010 aux éditions Albin Michel. Oui, « Sujet : Tragédie » utilise le même procédé que « Treize Raisons » de Jay Asher.
De par ses similitudes, on notera donc un manque d’originalité, la trame se fait prévisible et même si quelques points de l’histoire différent on retrouve au final un dénouement proche.
Malheureusement, marcher dans les traces de Jay Asher est à double tranchant, on s’attend à une histoire plus poignante et plus marquante, voire encore mieux. Seulement, « Sujet : Tragédie » en est encore loin.
L’agencement du récit reste toutefois intéressante, on vogue entre le présent avec Duncan et les récits du passé avec Tim. On notera en bémol le déséquilibre entre les parties réservées à Duncan qui semblent minimalistes comparées à celles de Tim.
Tim est bien sûr LE personnage central du livre. Il est acteur du passé mais aussi l’influent du présent. Sa particularité physique, les épreuves qu’il endure, en font un personnage pour lequel on ne peut que ressentir tendresse et attachement. Là où le génie de l’auteure intervient est que jamais elle ne nous fait ressentir de la pitié pour lui, bien au contraire, on admirera sa force de caractère et son évolution.
Duncan est plus effacé dans le récit. Ses sentiments sont décrits mais jamais assez en profondeur. On survole son histoire et du coup par ce manque de contenance on en viendra à attendre avec impatience les parties de Tim. Pourtant Duncan aurait pu être un personnage révolutionnaire, qui tende à faire bouger les choses, à bousculer les traditions. Trop timide, pas suffisamment charismatique, on est déçu par ses réactions.
Le mot “Tragédie” se veut fort et pourtant l’auteure n’a pas fait ressortir cette force. La réaction finale de Duncan semble disproportionnée vu qu’il parait vivre la tragédie de Tim de façon complètement détachée, à la limite de l’indifférence.
Le point fort de ce livre est la plume d’Elizabeth Laban. C’est très bien écrit, ordonné. Son écriture dynamique emmène le lecteur jusqu’au bout d’une manière assez prenante. Les rebondissements et autres mystères, assez nombreux, pimentent bien l’histoire.
Les lecteurs ne connaissant pas « Treize Raisons » apprécieront bien plus l’histoire de Tim et Duncan.
On en retiendra tout de même que cette histoire à deux voix possède des personnages forts et attachants pour une intrigue bien menée.
À partir de 13 ans.
Feuilleter un extrait.
Titre : Sujet : Tragédie (The Tragedy Paper, 2013)
Auteur : Elizabeth Laban
Traducteur : Catherine Gibert
Couverture : Lee Avison / Trevillion Images
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Grand format littérature
Série : Romans Ado
Site Internet : page roman, On lit plus fort
Format (en cm) : 15,5 x 22,5
Pages : 320
Dépôt légal : février 2014
ISBN : 9782070656561
Prix : 16,50 €
