L’audace du jeune Hannibal dépasse l’imagination des officiers romains qui se méprennent tous sur ses véritables intensions. Et les histoires relatant ses stratégies peu communes se répandent peu à peu à Rome. Mais si Carthage a donné naissance à un général de génie, Rome a aussi vu naître en son sein un stratège qui sort de l’ordinaire. Ce jeune homme est un des fils de Publius Cornelius Scipion : Publius Cornelius Scipion qui portera bientôt le surnom de l’Africain. Mais lorsque débutent la Deuxième guerre Punique, il n’est qu’un jeune patricien, cavalier dans l’armée romaine. Toutefois, il parvient à comprendre les techniques de guerre d’Hannibal, parvenant à suivre le cheminement tortueux des raisonnements du carthaginois. Quand Hannibal menace l’Italie en s’approchant des Alpes, tous pensent qu’il va assiéger Massilia, forteresse bloquant le passage vers le seul chemin des Alpes praticable par une armée.
Qui ne connait pas Hannibal Barca et sa traversée des Alpes à dos d’éléphants ? Le général de Carthage a marqué bien des esprits par ses audaces mais surtout par sa volonté de combattre le joug de l’Empire romain. Hannibal incarne peu à peu la rébellion contre l’oppression. Si Scipion l’Africain est peut-être moins connu par le grand public, il n’en demeure pas moins l’un des plus grands stratèges de son époque puisqu’il sera celui qui parviendra à défaire le grand Hannibal. S’attaquer à deux monuments de cette période de notre histoire était un défi colossale dans lequel se lancait un jeune mangaka : Mihachi Kagano. Surtout que, par le style graphique et le scénario de sa série, il se voulait le plus proche possible de la réalité historique, avec des dessins devant être crédibles. Mais alors que Fuyumi Soryo s’associait avec un expert dans l’histoire de la Renaissance italienne pour écrire « Cesare », Mihachi Kagano se lance seul dans l’aventure. D’ailleurs, il s’excuse d’avance pour les multiples erreurs et imprécisions qui parsèmeront son récit, ne se comparant pas une seconde avec un historien. Toutefois, le petit encart en couverture « recommandé par Historia », le célèbre magasine historique, ne peut que laissait penser que le contenu est loin d’être une hérésie.
Mihachi Kagano profite du peu de renseignements existants sur la petite enfance d’Hannibal pour en faire une sorte d’autiste qui va se révéler par un choc psychologique : la reddition infamante des carthaginois devant les troupes romaines. C’est ainsi que naîtra la haine d’Hannibal pour Rome. Cette introduction est empreint d’une forme de mysticisme, avec l’implication du dieu Baal dans la naissance d’Hannibal dans tous les sens du terme, le genre de détail qui ne peut que plaire au public japonais, mais peut-être moins toucher le public européen. La second partie du récit est bien plus intéressante car nous entrons dans le vif du sujet : la Deuxième guerre Punique et la marche des troupes d’Hannibal sur Rome. Ce premier tome nous explique en particulier la fameuse traversée des Alpes par le grand Hannibal.
Toutefois, contrairement à ce que laisse supposer mon résumé, le héros de l’histoire n’est pas Hannibal mais bien le jeune Scipion. Et tous les exploits du général carthaginois nous sont relatés du côté romain et en particulier en suivant le jeune Scipion, de ses débuts dans l’armée au sauvetage in extremis de son père lors du premier véritable affrontement avec les troupes d’Hannibal. Ce dernier est par conséquent dépeint comme le méchant de l’histoire. Mais Mihachi Kagano a l’intelligence de ne laisser aucune place au manichéisme dans son récit. Il nous montre les visages des deux adversaires avec leurs bons et mauvais côtés. Les romains sont montrés comme arrogants et sûrs de leur puissance, et les troupes d’Hannibal sont décrites dans toutes leur complexité car composées pour beaucoup de mercenaires.
Mihachi Kagano s’avère un fin conteur, usant de bien des techniques pour rendre l’action fluide et le récit tout autant, sans donner l’impression de sabrer méchamment sur les faits historiques. A cela s’ajoute un réel talent de dessinateur. La couverture de ce premier tome en est l’illustration parfaite. L’hyperréaliste de son dessin, son désir de différencier le plus possible tous ses personnages, tous ces éléments font de ce tome une vraie réussite visuelle, aussi bien dans les scènes de bataille que celles où les personnages sont en tout premier plan. Les armures des soldats se veulent les plus fidèles possibles et seul un expert dans cette période de l’histoire pourrait détecter de gros anachronismes. Mais pour un lecteur cherchant à la fois à en apprendre plus sur ces deux grands stratèges tout en se divertissant, « Ad Astra » remplit parfaitement sa fonction.
Après « Cesare », Ki-oon frappe très fort dans le manga historique avec « Ad Astra ». La maison édition se démarque de plus en plus par son éclectisme et par ses choix judicieux de titres.
Ad Astra, Scipion l’Africain & Hannibal Barca (T1)
Auteur : Mihachi Kagano
Traducteur : Sébastien Ludmann
Éditeur français : Ki-oon
Collection : Seinen
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 226 pages
Date de parution : 20 mars 2014
Numéro ISBN : 978-2-35592-652-5
Prix : 7,90 €
AD ASTRA PUBLIUS CORNELIUS SCIPIO AFRICANUS MAJOR & HANNIBAL BARCA © 2011 by Mihachi Kagano / SHUEISHA Inc.
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