Dès ses débuts dans le monde de la bande dessinée en 2006, Francesco Francavilla avait pensé à ce héros protecteur : The Black Beetle. Après avoir commencé comme dessinateur de couvertures dans le monde des comics, ce qui lui a d’ailleurs valu une récompense (un Eisner award) en 2012, il a petit à petit fait son chemin en tant qu’illustrateur jusqu’à cette série où il assume toute la création.
Comme il le précise lui-même, il réussit à mettre en place une intrigue policière dans un style feuilletonesque/pulp des plus agréables à lire.
En complément des séries « mainstream » auxquelles il participe (« Batman : sombre reflet »...), Francavilla nous propose un scénario policier noir comme on n’en lit plus beaucoup dans les comics.
Situer son histoire dans les années quarante impose une ambiance et une tonalité bien définies et des codes inhérents à ce type d’histoire : la voix off (du personnage principal) qui nous raconte ce qu’il fait ou voit, un héros protecteur sans pouvoir particulier si ce n’est son habileté au combat et son esprit prompt à résoudre n’importe quel mystère et une pointe de mysticisme avec des prêtres noirs prêts à tout pour retrouver une amulette qui ferait les beaux jours d’Hitler et ses troupes.
On s’immerge immédiatement dans ce récit digne des meilleurs films du genre. En effet toute la réalisation de l’auteur participe à cette réussite. Le dessin est en parfaite adéquation avec l’atmosphère : dynamique et efficace. Sans oublier une mise en page très cinématique, l’auteur n’hésitant pas à engager une pointure des combats d’arts martiaux hollywoodiens pour mettre en images une scène de combat de six pages. La mise en couleurs a aussi son importance dans la tension qui s’installe avec une palette de couleurs chaudes omniprésente bien que l’action se passe essentiellement la nuit ou dans la pénombre.
On n’oubliera pas une utilisation des cadres de cases très novatrice avec des cadres obliques où les dessins finissent dans la case contiguë au gré des mouvements des personnages et d’autres cases en forme de puzzle lorsque le héros nous délivre la résolution du mystère.
On reste tout de même un peu sur notre faim avec l’histoire des nazis et du lézard creux qui, malgré un premier chapitre entier qui leur est consacré, n’apparaît qu’en de rares pages par la suite.
J’ai aussi bien apprécié le léger clin d’œil à la musique jazz dateur de l’époque et aussi d’un bon goût musical.
Une bien belle réussite qui procure un excellent moment de lecture. A noter la partie bonus de la fin qui propose des dessins des premières recherches de personnages datant de 2006 ainsi que des « lobby cards » ayant servi pour la publicité de la série aux Etats-Unis. Des bonus qui apportent un plus non négligeable.
A suivre donc dans le deuxième tome…
(T1) Sans issue
Série : Black Beetle
Scénario, dessins, encrage, couleurs : Francesco Francavilla
Conception graphique : Francesco Francavilla et Justin Couch
Adaptation graphique : Willem Meerloo
Traduction : Philippe Touboul
Lettrage : Moscow * Eye
Éditeur : Urban Comics
Collection : Indies
Dépôt légal : 10 janvier 2014
Format : 173x264 mm
Pagination : 164 pages
Numéro ISBN : 978-2-7560-3353-2
Prix public : 15 €
© Urban Comics - Tous droits réservés