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Minority Report
Film américain de Steven Spielberg (2002)
2 octobre 2002

****



Genre : science-fiction
Durée : 2h20

Avec Tom Cruise (Détective John Anderton), Colin Farrell (Détective Danny Witwer), Samantha Morton (Agatha), Max von Sydow (Directeur Lamar Burgess), Lois Smith (Dr. Iris Hineman), Peter Stormare (Dr. Solomon), Patrick Kilpatrick (Officier Jeff Knott), Tim Blake Nelson (Gideon), Steve Harris (Jad), Kathryn Morris (Lara Anderton), Richard Coca (Flic Pre-Crime), Kirk B.R. Woller (Ross, flic du pré-crime), Mike Binder (Leo Crow), Klea Scott (Flic du pré-crime), Neal McDonough (Officier Gordon ’Fletch’ Fletcher), Frank Grillo (Flic du Pré-Crime)

Washington D.C., 2054. Depuis presque six ans la capitale américaine ne connaît plus aucun crime de sang. Cet incroyable résultat (Washington et sa banlieue « ghettoïsée » détenant, à l’heure actuelle, l’un des taux de criminalité les plus élevés des Etats-Unis) n’est bien entendu pas dû au hasard mais résulte de la mise en place d’un système de police révolutionnaire, la division « Precrime ». S’appuyant sur les visions du futur de trois « Précogs », des mutants ayant la capacité de voir les scènes des meurtres à venir, cette nouvelle forme d’organisation policière interpelle désormais les assassins en puissance avant qu’ils ne commettent leur méfait. Si cela pose d’évidents problèmes d’éthique, les excellents résultats obtenus dans l’état du District of Columbia emportent l’adhésion et il est même question que le système « Precrime » prenne une dimension nationale. Mais un beau matin, John Anderton (Tom Cruise), l’inspecteur principal du département Precrime, reçoit un nouveau rapport du « Temple » (l’endroit où sont tenus en état de méditation les trois oracles du futur) sur lequel il se voit en train d’assassiner Léo Crow, un individu dont il ignorait jusqu’à l’existence mais qu’il est pourtant sensé abattre dans moins de 36 heures. Mettant de côté sa confiance inébranlable dans la fiabilité du système Precrime, le policier, en fuite, va tout tenter pour démonter cette accusation et prouver son innocence.

Exhumée pour servir de trame à un possible « Total Recall 2 », cette nouvelle de Philip Kindred Dick, qui date du milieu des années 50, revient sous la forme d’un grand film d’anticipation, sous la direction d’un Steven Spielberg aussi surprenant que méconnaissable. Certainement marqué par son immersion dans l’univers de « Intelligence Artificielle » (projet qui avait justement reporté la mise en chantier de « Minority Report ») le créateur de « E.T. » ne tente à aucun moment de s’accaparer le sujet pour en faire du Spielberg mais choisit, au contraire, de l’explorer avec le style de mise en scène « kubrickien » inauguré, à dessein, avec sa précédente réalisation.

Véritable adaptation, au même titre qu’un certain « Blade Runner », le scénario, concocté par Scott Frank et Jon Cohen, remanie singulièrement la trame originale (Le vieux Anderton du bouquin qui approchait de la retraite se voit ici offrir une cure de jouvence par le biais de Tom Cruise) mais en conserve les enjeux, tout en enrichissant son propos d’une multitude de détails visuels qui renvoient invariablement aux thématiques et obsessions développées, au cours de son œuvre, par le génial auteur de « Ubik ».

Photographie au contraste saisissant et aux couleurs blafardes, signée Janusz Kaminski, découpage froidement clinique à la Kubrick, orchestrations, en « noir et blanc » (dixit Spielberg), d’un John Williams inspiré, Steven Spielberg, comme Ridley Scott avant lui, choisit de faire rimer anticipation avec film noir et alterne points de vue narratifs, façon polar à la John Huston, avec véritables morceaux de bravoure dont l’urbanisme démentiel n’est pas sans évoquer le « Metropolis » de Fritz Lang.

L’interprétation, que l’on aime ou non Tom Cruise, est irréprochable, et même au dessus de cela si l’on s’attarde sur la performance de Samantha Morton (« Jane Eyre », « Pandemonium ») dans son interprétation poignante d’Agatha, l’une des Précogs de la Précrime. Alors que Colin Farrell (« Tigerland », « Mission évasion »), embauché au dernier moment pour incarner l’envoyé gouvernemental Danny Witwer, donne la réplique à Tom Cruise, Max Von Sydow (« L’exorciste »), parfait comme à son habitude, incarne, quant à lui, le directeur de Precrime. Outre les courtes apparitions de Loïs Smith (« La dernière marche », « Twister ») et Peter Stormare (« Bruiser », « Armageddon », « Jurassic Park ») dans deux scènes-clés du film, on pourra remarquer une galerie de seconds rôles tenus par des habitués de la SF télévisée comme Patrick Kilpatrick ou encore Klea Scott.

Au risque d’être à nouveau incompris (comme avec « A.I. » et ses soit-disant extraterrestres) par une critique et des aficionados qui reprocheront, de toute façon, à sa pellicule de pas être Spielbergienne, le génial auteur de « Rencontre du 3ème type » délivre un magistral récit de science-fiction, un thriller futuriste sombre et claustrophobe qui, en plus de s’affirmer comme un digne rejeton cinématographique de l’univers littéraire de Dick, permet au réalisateur de régler ses comptes avec un public trop pressé de le marginaliser au registre spielbergien.

Résultat, une nouvelle adaptation (la sixième à ce jour si l’on prend en compte « Impostor » qui pourrait sortir en France un de ces jours) de l’auteur des « Androïdes rêvent-ils de moutons électriques » en tout point maîtrisée, tant sur le plan visuel que celui de la narration. Le film de science-fiction de l’année 2002.

8 septembre 2002

FICHE TECHNIQUE

Titre original  : Minority Report

Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Scott Frank et Jon Cohen d’après une nouvelle de Philip Kindred Dick

Producteurs : Jan de Bont, Bonnie Curtis, Gerald R. Molen, Walter F. Parkes
Producteurs associés : Michael Doven, Sergio Mimica-Gezzan
Producteurs exécutifs : Gary Goldman, Ronald Shusett

Musique originale : John Williams
Image : Janusz Kaminski
Montage : Michael Kahn
Distribution des rôles : Denise Chamian
Création des décors : Alex McDowell
Direction artistique : Ramsey Avery, Leslie McDonald, Seth Reed
Décorateur de plateau : Anne Kuljian
Création des costumes : Deborah Lynn Scott
Maquillage : Michèle Burke
Son : Gary Rydstrom
Effets spéciaux : Michael Lantieri
Effets visuels : Blondel Aidoo, Peter Frankfurt, Chip Houghton, Roni McKinley

Production : 20th Century Fox, Amblin Entertainment, Blue Tulip, Cruise-Wagner Productions, DreamWorks SKG
Distribution : 20th Century Fox
Effets spéciaux : 3 Ring Circus Films, Asylum VFX, Black Box Digital, Digital Firepower, Imaginary Forces, Industrial Light Magic (ILM), K.N.B. EFX Group Inc., Milkshake Media LLC, Pacific Data Images (PDI), Pixel Liberation Front, Reel Efx Inc.


Bruno Paul
2 octobre 2002



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