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Hysteresis
Loïc Le Borgne
Le Bélial’, roman (France), post-cataclysme, 356 pages, février 2014, 19€

Jason Marieke, un vieil homme né avant la Panique, arrive dans le petit village de Rouperroux. Même s’il dit n’être que de passage, les habitants n’apprécient pas voir un étranger s’immiscer dans leur paisible communauté, surtout que pour eux, il fait partie de ces pollueurs qui ont détruit la planète et les ont privés du confort de leurs ancêtres.
Malgré tout, il se fait deux amis : Romain, le fils de l’aubergiste, et Thévenard, l’archiviste qui conserve consciencieusement les reliques d’un passé révolu, intéressé au plus haut point par les souvenirs de Jason. Bien moins que d’ennemis, dont le maire Léost et la redoutable Aurore Desmoulins, guérisseuse.
Quand ce petit monde fermé saura que Jason est originaire de Rouperroux et qu’il y cherche la jeune fille qu’il a aimé autrefois, la tension augmente...



Loïc Le Borgne est connu pour ses romans jeunesse. Avec « Hysteresis », il signe son premier roman adulte. Titre judicieux et suffisamment marquant pour intéresser les lecteurs.
L’élément central et déclencheur, la Panique, reste une grande énigme. Que s’est-il vraiment passé ? La civilisation s’est écroulée, les conditions de vie sont revenues plus d’un siècle en arrière. Loïc Le Borgne nous invite à découvrir les conséquences de ces changements.

Le personnage central se réclame conteur, troubadour itinérant, mais est loin de se limiter à cela... L’histoire est racontée par Romain qui a suivi Jason, elle commence de façon magistrale : « Allô, c’est un enfant perdu qui vous parle. » Une phrase qui fera vibrer chaque parent, chaque adulte un tant soit peu responsable. Il nous relate les événements qui ont fait éclater cette société fermée, repliée sur elle-même car cela l’arrangeait. La venue de Jason, après celle de l’intendant de la ville, trouble sa marche dictée par la guérisseuse Aurore Desmoulins.

Loïc Le Borgne nous immerge dans un microcosme chamboulé vouant un culte aux arbres, ceux-ci sont sacrés, et éprouvant la plus grande haine pour ceux d’avant, ceux qui, par leur actions égoïstes, ont plongé le monde dans le chaos. Leurs descendants doivent en subir les conséquences, s’échiner tous les jours pour leur survie, vieillissant avant l’âge. Jason s’attire les foudres de beaucoup, voyant en lui un des responsables de leur sort. Si la Panique reste un mystère, ses conséquences sautent aux yeux. Elles ont de quoi faire froid dans le dos, vont même plus loin que l’on pourrait l’imaginer.

Jason se réclame conteur, ce qui déteint sur le jeune Romain qui émaille sa rédaction de nombreux extraits de chansons ou de poèmes que Jason possédait dans ses carnets. Entre ces morceaux du passé et ceux du présent existe une réelle fracture. Les seconds sont issus de l’expérience des descendants, ancrés dans leur quotidien et ne prêtent pas à la rêverie.
Ces intermèdes apportent une touche surréaliste à l’ensemble et permettent de souffler dans la tension montant au fil du récit.

Loïc Le Borgne nous livre un roman parfaitement construit. Il sait en dévoiler quelques facettes en début, des pistes de réflexion pour mieux appâter les lecteurs. De plus, « Hysteresis » s’inscrit dans un futur relativement proche, un avenir dans lequel on peut se projeter afin d’y imaginer notre place. À force d’entendre des rapports alarmants sur le réchauffement de la planète, de voir les catastrophes naturelles face auxquelles les réalisations humaines s’avèrent dérisoires, les lecteurs ne peuvent qu’adhérer à la situation décrite.
Sous des dehors paisibles, Rouperroux ressemble à une cocotte minute prête à exploser, il suffit d’un rien. L’arrivée de Jason Marieke...

« Hysteresis » n’est pas sans nous évoquer bien des références : Jean-Pierre Andrevon avec “Le Monde enfin” et d’autres récits que l’on peut qualifier d’écolo ou d’alarmistes, mais aussi des romans tels que « La Route » de Cormac McArthy, « Malevil » de Robert Merle ou même « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury. Des chefs-d’œuvre ! Autant dire qu’Hystérésis nous fait penser au meilleur, ce qui montre la qualité de l’ensemble. Pour moi, il peut fièrement trôner à côté de ces ouvrages post-cataclysmes.

Ce superbe roman s’affranchit des genres, il est capable de plaire à tout un chacun amateur de belle écriture et d’histoire bien ficelée, captivante et intelligente. Loïc Le Borgne séduit les lecteurs et montre qu’il a l’étoffe d’un très grand.
Après lecture, « Hysteresis » reste gravé en lettres de feu dans notre esprit, ses personnages forts continuent à nous hanter et bien sûr, cet avertissement ne peut mourir : que deviendront les enfants de nos enfants si l’on continue sur cette voie ? Nous remercieront-ils seulement de les avoir mis au monde ?
De quoi nouer les tripes...

Avis à tous les lecteurs : ne passez pas à côté d’« Hysteresis », ce roman est trop beau pour l’ignorer.
« Allô, c’est un enfant perdu qui vous parle. »


Titre : Hysteresis
Auteur : Loïc Le Borgne
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 356
Format (en cm) : 13,9 x 20,5
Dépôt légal : février 2014
ISBN : 978-2-84344-124-0
Prix : 19 €


L’entretien de Loïc Le Borgne réalisé à l’occasion de la sortie de ce roman

Quelques romans jeunesse de Loïc Le Borgne :
- « Le Bout du Monde »
- « Le Sang des Lions »
- « Je Suis ta Nuit »
- « Le Grand Voyage (T2) »


François Schnebelen
5 mars 2014


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