Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Animal Kingdom (T1 et 2)
Makoto Raiku
Ki-oon Kids

Monoko est une petite femelle raton laveur. Ses parents furent dévorés par des chats sauvages alors qu’elle n’était encore qu’une enfant et maintenant, elle doit pourvoir seule à sa nourriture... et l’estomac de Monoko semble toujours crier famine. Un jour de pêche, elle découvre un couffin contenant un bébé humain. C’est la première fois que Monoko voit un enfant d’homme mais elle se prend immédiatement d’affection pour ce petit être abandonné et décide de l’élever. Mais comment nourrir un bébé alors que l’hiver arrive et qu’il n’y a déjà plus grand chose à manger près du village. La solution : demander aux vaches du lait ! Mais en pleine nuit alors que des chats sauvages rodent, c’est extrêmement dangereux. Contre toute attente, un autre animal va lui venir en aide : le terrible chat sauvage Croc Noir. Quel est donc le but de Croc-Noir ? Veut-il dévorer tous les ratons du village ? La réponse sera donnée par le bébé car ce dernier a un étrange pouvoir : il peut comprendre le langage de tous les animaux.



Grace à une note trouvée dans le couffin du bébé, ce dernier connait dorénavant son nom : Taroza. L’hiver est maintenant bien implanté dans la jungle et la nourriture se fait rare. La faim attire de plus en plus d’animaux dont une meute de loups dont le chef profite d’une minute d’inattention pour voler l’enfant. Son but n’est pas de se repaître d’une si faible créature mais bien d’attirer dans son piège tout le clan de ratons laveurs. Toutefois que l’enfant comprenne son langage a de quoi le déstabiliser, mais il doit d’abord penser à sa meute et surtout le petit dernier qui souffre de plus en plus de la faim. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer l’amour des ratons pour le petit homme et ce sera finalement la meute qui tombera dans un piège tendu par les petits animaux, utilisant une bien ingénieuse technique de l’ours. Pourtant, malgré la nature des loups, Taroza a pitié d’eux et se propose de partager sa part de nourriture avec la meute.

JPEG - 22.9 ko

Makoto Raiku est loin d’être un inconnu puisque le mangaka n’est autre que le créateur de la série « Zatchbell ! ». Avec ce genre de carte de visite, il fallait s’attendre à ce que « Animal Kingdom » soit plutôt du genre bien délirant. Toutefois, si l’orientation de l’histoire se veut plutôt tout public, elle ne sera pas débilisante. Les premiers dessins vont vite nous le rappeler avec l’abandon de Taroza par sa mère. Certes, les dessins des ratons laveurs sont caricaturaux et ne ressemblent pas vraiment à un animal, on retrouve plutôt une représentation à la Akira Toriyama, quand le mangaka s’attaquait à sa série « Dr Slump ». L’humour scato du début de tome en est la preuve visuelle.

Le scénario, par contre, est loin d’être enfantin et même mature. Les personnages ont un passé douloureux avec comme fil conducteur la perte des parents. Le mangaka va en faire le lien unifiant Monoko, Taroza et ensuite le petit louveteau, que ce soit la mort prématurée des parents ou l’abandon par ces derniers. Cet événement traumatisant n’est pas du tout pris à la légère, mais Makoto Raiku réussit à transcender cette souffrance par un discours particulièrement optimiste sur la fois dans la nature... certes animal dans le contexte, mais au-delà de la métaphore, en l’être humain en général. Car Taroza se veut naturellement bon et surtout pourvu d’un mystérieux pouvoir et d’une intelligence hors du commun. Ce pouvoir est celui de comprendre le langage de tous les animaux. De ce côté, le mangaka a la finesse d’esprit de ne pas permettre aux différentes races de se comprendre naturellement. Mais il va aussi nous donner l’étendue de ce qui attend Taroza dans son désir d’unifier les animaux de la forêt. Et ce sera un éléphant - une représentation classique de la sagesse - qui va mettre l’enfant devant ses propres contradictions.

Makoro Raiku nous décrit donc une jungle réaliste dans le comportement de son monde animal. Il va seulement mettre en avant la possibilité de dépasser ses différences. Son discours est une ode antiracisme, anti-xénophobie et anti-guerre. Sans être poncif, son discours est riche d’enseignement et de questionnement philosophique qui intéressera même les adultes. Ses dessins sont aussi à deux niveaux. Si le design des ratons laveurs est caricatural, celui de Croc-Noir est particulièrement complexe et réussi. D’ailleurs, nombres de ses animaux sont couverts de cicatrices, pour montrer la rudesse de la vie dans la jungle sans trop besoin d’user d’images violentes. Le design des parents loups est aussi très réussi même si la qualité est parfois hétérogène d’une planche à l’autre. Mais ses pleines pages et ses doubles pages sont un régal pour les yeux.

Oui, Taroza, prononcer à la japonaise, nous amène inévitablement à Tarzan, mais il est vrai que le discours de Makoto Raiku est aussi passionnant et ne se résume pas une version manga du roi de la jungle.


Animal Kingdom (T1 et 2)
- Auteur : Makoto Raiku
- Traducteur  : Fédoua Lamodière
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 115 x 175, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 196(T1) et 192(T2) pages
- Date de parution : 23 janvier 2014
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-617-4 ; 978-2-35592-618-1
- Prix : 6,60 €


A lire sur la Yozone :
Un nouveau roi des animaux débarque chez Ki-oon


DOUBUTSU NO KUNI © Makoto Raiku / Kodansha Ltd.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
2 février 2014




JPEG - 37.2 ko



JPEG - 32.1 ko



JPEG - 39 ko



JPEG - 34.2 ko



JPEG - 28.5 ko



JPEG - 34.6 ko



Chargement...
WebAnalytics