Christian Vilà est un auteur assez discret qu’on ne lit pas souvent dans les genres qui nous intéressent. Son dernier roman « Les mystères de Saint-Pétersbourg » date de 2003, ses nouvelles sont assez rares (souvent qu’une par année, et encore).
Ce numéro 77 de « Présences d’Esprits » constitue donc une bonne occasion de mieux le connaître.
Le dossier Christian Vilà s’avère très complet. On commence par une rapide biographie signée Sylvie Gagnière, avant un entretien assez important avec Christian Vilà qui revient sur ses inspirations et sur le difficile métier d’écrivain. Il semble d’ailleurs avoir le plus grand mal à en vivre. Son discours est intéressant à plus d’un titre. Il conseille notamment aux jeunes auteurs de ne pas signer à n’importe quel prix, mais son exemple peine à convaincre. Plutôt que de poursuivre une série BD en revoyant ses prétentions financières à la baisse, il préfère arrêter. Du coup, il a même stoppé une autre série BD ! Ceux qui ont acheté les deux premiers tomes ont dû apprécier... Pas étonnant que son expérience BD en ait été sérieusement freinée.
Suit un très bon article citant des anthologies qui ont fait date, notamment « Banlieues rouges » de Joël Houssin et « Malgré le monde » du groupe Limite. Beau morceau d’histoire de la SF en France que l’on doit à Christophe Thiennot. Puis ses romans adultes et jeunesse, ainsi que ses albums de bandes dessinées, sont chroniqués.
Le choix de l’illustrateur de la couverture n’est pas anodin, il s’agit de Stéphane Collignon, le dessinateur qui a collaboré avec Christian Vilà sur la série BD « Neurotrans » (2 tomes). Bonne idée que cet entretien croisé entre les deux.
La lecture de la bibliographie de l’auteur nous apprend qu’il a finalement peu publié. Et ces dernières années, il s’agit plus d’ouvrages hors genre (par exemple : « Le guide de l’arnaqueur » en 2013).
Dans sa nouvelle “No suture” (allusion au No future), les gens ne travaillent plus, c’est comme s’ils vivaient au sein d’un grand jeu. Chacun endosse une personnalité, exerce la fonction qui lui plaît pour faire rentrer des crédits. C’est ainsi que Samuel Yacine est le dernier policier de la capitale. Plongée dans une société aux allures connues mais qui nous est pourtant étrangère, et dont la fin ne manque pas d’élégance. Plutôt glauque et la fin du travail n’apporte pas la libération attendue.
Un bon et fort dossier qui laisse un sentiment mitigé sur Christian Vilà. Si “No suture” laisse un avis favorable sur sa production, les entretiens ne donnent pas forcément une impression positive sur l’homme...
Ce « Présences d’Esprits », c’est aussi l’occasion de faire un tour au salon Geekopolis qui s’est déroulé du 23 au 26 mai 2013, ainsi qu’à la convention Perry Rhodan (Garching 2013). Il est toujours sympathique de découvrir ces événements auxquels on ne peut forcément assister.
Signalons aussi les deux articles sur le Docteur Mabuse dans le cahier Cinéma et sur le cycle « L’épée des ombres » de J. V. Jones dans la rubrique Lectures. L’équipe ne se contente pas toujours de simples critiques dans sa partie Chroniques, nous livrant alors des articles de fond.
Pour “Burger ou Sushi ?”, Christophe Colin apporte des précisions sur la carrière de Carmine Infantino.
Un nouveau « Présences d’Esprits » intéressant, dominé par le fort et bon dossier sur Christian Vilà.
Titre : Présences d’Esprits
Numéro : 77
Rédacteur en chef : Christian Hochet
Couverture : Stéphane Collignon
Type : fanzine
Genres : SF, articles, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : automne 2013
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1291-2689
Dimensions (en cm) : 29,5 x 21
Pages : 52
Prix : 5€
