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Come prima
Alfred
Delcourt

C’est l’histoire des retrouvailles de deux frères. Des retrouvailles improbables après des années de séparation, mais que la mort du père rend possible et presque inévitable, dès lors qu’il s’agit, pour ces deux-là qui ne se parlaient plus, de voyager de conserve pour conduire les cendres du défunt jusqu’à ses origines : cette Italie profonde qui a le don de ressusciter les souvenirs d’enfance et d’adolescence des deux frères ennemis, dont l’un voudrait se rabibocher avec l’autre qui résiste.



A partir de cet argument fort, sensible, propice aux scènes de violence et d’émotion pure, Alfred a réalisé un album parfaitement conforme aux attentes et aux espérances. Un album qui tient du road-movie et de la satire sociale, comme lui-même l’indique. Avec pour décor l’Italie des années 60, toujours profondément rurale et imprégnée de ces illusions mussoliniennes auxquelles celui des deux frères qui se voudrait maudit avait succombé...

Ainsi s’organise un chassé-croisé entre saynètes révélatrices des rapports difficiles entre les deux frères - soit le corps du récit - et des images sorties de leur mémoire commune (et sans doute celle de l’Italie tout entière, soit dit en passant), auquelles un traitement graphique particulier (demi-teintes d’à-plats du genre pochoir) confère le statut de brefs flash-backs.

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On a, ces dernières années, beaucoup glosé sur la nouvelle BD autographique, censée l’apparenter aux meilleures réussites romanesques de l’autofiction. Alfred n’en est pas loin, sans s’y laisser piéger. C’est que la parfaite vraisemblance des scènes qu’il restitue ne va pas sans rendre un hommage discret à une des apogées du cinéma italien que fut le néo-réalisme, où fantaisie et sordide sont intimement mêlés.

Entre souvenirs familiaux et réminiscences de fictions du genre de « Rocco et ses frères » - je cite au hasard et compte-tenu des références à la boxe comme moyen de s’en sortir -, « Come prima » inaugure une trilogie où, lorgnant tout à la fois du côté du roman actuel et du cinéma de papa, Alfred ne recourt en fait qu’à son propre langage : celui de la BD, dont le découpage exemplaire de chaque séquence et le jeu de miroir entre les images subjuguent, emportant sans faillir l’adhésion. D’ores et déjà, une parfaite réussite !
La preuve ? Cet album vient de recevoir un Fauve d’Or au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2014...


Come prima
- Scénario et dessins : Alfred
- Editions : Delcourt
- Collection : Mirages
- Dépôt légal : 2 octobre 2013
- Pagination : 224 pages couleurs
- Format : 24 x 32 cm
- Numéro ISBN : 978-2-7560-3152-1
- Prix public : 25,50 €


Illustrations © Delcourt et l’auteur



Alain Dartevelle
28 février 2014




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