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Ville d’Ys (La) (T1) La Folie Gradlon (T2) Morgane la Rouge
Rodolphe et Alzaté
Dargaud

Il faut toujours se méfier des rêves prémonitoires. Le roi Gradlon aurait dû suivre ce judicieux conseil, lui qui ne cessait de rêver d’une forteresse qu’il assiégeait en vain. Mais quand les navires bretons arrivent aux pieds de cette mystérieuse forteresse, Gradlon refuse d’écouter la raison et commence le siège du château. Mais comme dans son rêve, les attaques ne donnent rien, les armées bretonnes se brisant devant ces murs impénétrables. Mais après avoir refusé d’écouter le conseil de Ron, son fidèle chevalier, Gradlon se réveille seul, abandonné de tous. Toutefois, cela n’arrête pas sa guerre aveugle. Mais quelle n’est pas sa surprise en découvrant un chevalier en armure l’accueillant aux portes de la forteresse. Il s’agit en fait de la magnifique femme du roi qui lui propose le trône s’il accepte d’assassiner son mari.



Gradlon est sorti du sortilège que lui avait jeté la sorcière Magdalen. C’est avec sa fille encore bébé, Dahut, qu’il repart pour la Bretagne encore abandonné de tous. Mais en arrivant sur ses terres, il découvre que plus de trente ans se sont écoulées et qu’il n’est plus rien. La folie aura raison du peu qu’il lui en restait. Sous la protection de son fidèle Ron, il confie l’éducation de Dahut à l’Eglise. Mais la jeune fille pratique les cultes interdits et parle à des créatures invisibles. La Bretagne subit alors l’assaut de terribles ennemis et le roi Ronan étant mourant, celui-ci laisse le trône à ce roi prodigue qu’est Gradlon. Le royaume de Bretagne est en danger, il lui faut une capitale pouvant le protéger des invasions. Dahut a alors l’idée de faire construire une nouvelle forteresse, une île interdisant les rives de Bretagne, une cité imprenable qui prendra le nom d’Ys.

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La cité d’Ys est une ville légendaire de Bretagne qui, telle l’Atlantide, fut engloutie pour punir Dahut de ses péchés, selon la version moderne. Ce ne sont toutefois pas les versions qui manquent concernant la cité, mais Rodolphe va s’inspirer des versions modernes pour élaborer sa propre version. Rodolphe commença sa vie professionnelle comme professeur de lettres, libraire puis journaliste. Auteur aux sujets des plus hétéroclites, écrivant aussi bien des romans jeunesse que des essais comme « Faut-il brûler les mangas ? », il n’en est pas moins un scénariste de BD très prolifique (déjà 150 albums dans son escarcelle), entre autre « Kenya » et « Namibia », ou encore « Le Village ». S’attaquer à la légende d’Ys ne lui faisait donc pas peur.

Et Rodolphe choisit de se placer en conteur de cette incroyable histoire, les personnages illustrent son récit plus qu’ils ne le vivent en continu, comme dans la plupart des BD. Ce style pour raconter une légende a d’ailleurs été utilisé par Jean-Luc Istin pour « Excalibur Chroniques ». Le premier tome se centre sur Gradlon et la malédiction qui sera bientôt rattachée à lui. Tel Uther Pendragon, Gradlon va tomber amoureux de la femme du seigneur dont il investit le chateau, mais contrairement à Uther, il ne sera pas celui qui jouera de la magie pour séduire l’autre. Ici, la victime est Gradlon, un roi trop fier pour abandonner un siège perdu d’avance. Le récit de Rodolphe est très fidèle à la légende et peut devenir rapidement la référence pour les amoureux de contes celtiques. Car finalement, la cité d’Ys n’a que rarement été mise en images dans une bande dessinée, contrairement à celle du roi Arthur. Et pourtant, tout est là pour plaire aux amoureux du genre : amour, trahison, magie, batailles et un héros maltraité.

Car Gradlon sera utilisé par Magdalen pour donner naissance à une fille, Dahut. L’enfant aura la capacité de voir les créatures magiques, dans un monde où la Chrétienté s’apprête à dominer les nations. Rodolphe montre très bien la lutte entre la nouvelle religion et les anciennes. Dahut rejette la nouvelle car baignant dans celle de sa mère alors que Gradlon est incapable de choisir. D’un côté, il déteste Magdalen et sa magie qui lui ont volé trente ans de sa vie, mais d’un autre côté, cette magie lui a sauvé la vie et donné sa fille. Le roi acceptera toutefois à la demande de sa fille de ne pas construire de cathédrale dans la ville d’Ys, dédiée aux dieux des océans. Le tome 2 nous explique donc la naissance d’Ys et nous donne énormément d’informations sur la mythique cité.

Aux crayons et à la colorisation, nous retrouvons Raquel Alzaté, une espagnole qui s’était attaquée à l’illustration de mythes basques avant de s’occuper des mythes bretons. Son choix graphique peut laisser certains sceptiques. Pourtant, les couvertures des deux tomes étaient vraiment prometteuses et le lecteur s’attendait donc à une fresques en armures et beaux vêtements. Toutefois, le découpage des planches va vite faire comprendre au lecteur qu’il doit oublier tout espoir de pleine page, même de grandes cases. Chaque planche est quasiment divisée entre 5 et 8 cases, bien distinctes, très scolaires ou trop classique comparé à la BD plus moderne. De plus, les cases semblent avoir été travaillées pour les rendre floues. Certes, le flou artistique peut donner de très bons résultats, mais sur 48 pages, cela devient malheureusement lassant. Ce qui est d’ailleurs dommage car certains portraits sont très réussis. Alzaté a choisi un style hyper réaliste, qui aurait pu être bien plus percutant en couleurs directes, moins travaillées.

« La Ville d’Ys » sera peut-être la série de référence en BD sur ce conte mais risque de voir son public réduit par le choix de colorisation des planches.


(T1) La Folie Gradlon
(T2) Morgane la Rouge

- Série : La Ville d’Ys
- Scénario : Rodolphe
- Dessin et couleurs : Raquel Alzaté
- Éditeur : Dargaud
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- Dépôt légal : 14 juin et 6 septembre 2013
- Numéro ISBN : 9782205058796 ; 9782205066302
- Prix public : 13,99 €


© Editions Dargaud - Tous droits réservés



Frédéric Leray
9 décembre 2013




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