En tabassant un membre du club de base-ball, Ruito est passé du côté obscur et pourtant, le jeune homme a aimé cela, il a ressenti une excitation encore inconnue. Malheureusement, il s’est créé de puissants ennemis, mais aussi par le plus grand des hasards un puissant allié : le chef du club rival, le chef du Gewalt 5, Taro. Seulement, la poisse semble poursuivre Ruito. En le protégeant des trois malades du club de base-ball, Taro a tout simplement déclaré la guerre au club rival. Décidément, Ruito ne fait que des conneries. Et puis combien de temps pensait-il tenir en jouant les caïds, lui le chaton du cursus normal. Sa vie à l’école est foutue, il ne lui reste plus qu’à rester enfermé dans sa chambre. Bon, ce n’est pas sa mère qui s’en plaindra. Et pourtant... Pourtant quelque chose en lui dit d’aller péter la gueule à ses enfoirés du club de base-ball, de payer sa dette envers Taro... Et s’il sortait lui aussi la hache de guerre ?
« Gewalt », ce nom allemand signifie violence ou encore force. Et ce sera bien le thème principale de ce triptyque : le plaisir dans la violence. Koji Kono n’a pas choisi la facilité en prenant un scénario faisant, en quelque sorte, l’apologie de la violence. D’une certaine façon, même si beaucoup se réfèrent à « GTO » ou « Racailles Blues », « Gewalt » est par bien des aspects bien plus près de « Over Bleed ». Nous suivons donc l’histoire de Ruito, un garçon banal, voire même franchement trouillard, préférant être transparent plutôt que de s’attirer des ennuis. Et pourtant, le destin va le mettre dans une situation des plus dégradantes et lui proposer au même moment une solution, ou plutôt, compte tenu de sa présentation, LA solution : résoudre les problèmes par la violence et la baston.
Ruito pénètre alors sciemment dans ce cercle infernal de la violence et comme Kei d’« Over Bleed », il va y prendre un vrai plaisir, celui de surpasser l’autre en lui maravant la gueule. Oui, nous sommes très loin de la philosophie de base du shonen qui fixe des règles dans le combat. Ici, il n’y en a pas et plus l’adversaire est humilié, dégradé, mieux c’est. S’épanouir en cassant la gueule des autres, voila une thèse des plus difficiles à faire passer alors que les autres séries cherchent toujours à trouver une morale dans les actes de leurs héros. Koji Kono n’en cherche aucun, bien au contraire, le deuxième tome de ce triptyque va même montrer une addiction naissante chez Ruito qui devient accro au Gewalt 5. Ses actes apparaissent peu à peu en contradiction avec ceux de Taro et Guiro qui ont chacun un objectif, quelque part louable.
Contrairement à « Over Bleed », le style grpahique de Koji Kono est semi réaliste, avec des personnages plus proches de l’école Eiichiro Oda (« One Piece ») que celle Toru Fujisawa (« GTO »). Avec ce style très particulier, certains lecteurs pourraient être rebutés et pourtant, ce style convient parfaite à ce genre de série, atténuant le côté glauque. Attention, cela ne cache nullement ni ne justifie la thèse développée par Koji Kono. Toutefois, il faut avouer que ces deux premiers tomes se dévorent vitesse grand V. Les personnages sont très attachants, facilement reconnaissables, chacun ayant une vraie gueule. Et surtout, le dynamisme de la série ne laisse pas le temps au lecteur de cogiter. Pas de longs discours, ni de justifications à deux balles, Koji Kono va à l’essentiel.
Avec deux tomes de cette qualité, une grosse pression se retrouve sur le troisième et dernier. Koji Kono osera-t-il le politiquement incorrect jusqu’au bout ?
Gewalt (T1 et 2)
Auteur : Koji Kono
Traducteur : Sébastien Ludmann
Éditeur français : Doki-Doki
Format : 127 x 180 mm, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 9 octobre et 4 décembre 2013
Numéro ISBN : 978-2-81892-500-3 ; 978-2-81892-546-1
Prix : 7,50 €
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