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Forêts secrètes
Berthelot, Francis
Le Bélial, 2004, 236 p


« Au pays des Forêts Secrètes se trouvait, jadis... » : ainsi commencent les première et dernière nouvelles des huit que comprend ce merveilleux recueil, comme un livre de contes mystérieux. Tel est le caractère des récits de Francis Berthelot, se situant à la lisière des mondes de l’Imaginaire. N’est-il pas, par ailleurs, spécialiste en “narratologie” et auteur d’un bel article sur ce qu’il nomme, précisément, les “transfictions” ? (voyez son site http://francis.berthelot.monsite.wanadoo.fr). Joliment introduites par Joëlle Wintrebert, les nouvelles de ce « magicien des marges » relèvent de l’art poétique avant tout, violent, tragique, romantique ou rieur. Deux d’entre elles sont ouvertement humoristiques : La Nouvelle Alice revisite Lewis Caroll via ... Sade, tandis que Peter Paon et la fée Crochette est un petit pamphlet philosophique aussi drôle que pertinent. L’on y rencontrera la fée Yankette, ou la fée Soviette, et l’on apprendra comment se termina la guerre froide. « La Gantière et l’équarisseur » et « Rire de verre, directs et fantasmatiques », révèlent une cruauté assez typique de l’écrivain, pour qui Mal et Beauté peuvent coexister. Très onirique, Peinture de nuit est carrément surréaliste, par son dialogue entre un peintre et son modèle, prisonnier du tableau. Mêrêlune est le récit le plus écrit, le plus peaufiné. Histoire de deux âmes solitaires sur fond marin. Lisez ceci : « Elle vit dans le murmure sans fin du ressac. Elle a fait sienne la respiration des vagues, comme ceux qui meurent quand la marée s’en va. Ses yeux ont la couleur d’un horizon noyé. Elle dort au milieu des rochers, et prolonge ses rêves en jeux qu’elle ne comprend pas. Les nuages lui semblent si proches qu’elle a peur de s’y prendre les cheveux. » Comme cela est beau ! Les deux plus longues nouvelles ouvrent et ferment le recueil. « Le Serpent à collerette » (Prix Masterton 2003) renoue avec l’univers de l’enfance bafouée, violée par un étrange musicien et son serpent lubrique. Le cœur à trois temps, enfin, clôt l’ouvrage de belle et humaniste manière, en dépeignant les affres d’un jeune garçon “différent” qui, par la musique, atteindra la plénitude en se sacrifiant pour cette différence. Texte exemplaire, à méditer et à commenter, et que je recommanderais aux enseignants ouverts à l’Imaginaire.
Merci à Francis Berthelot pour cette prose si belle, si profonde, si touchante.

Éditeur : Belial’ (11 juin 2004)
Format : Broché - 236 pages
ISBN : 2843440564
Dimensions (en cm) : 13 x 20

critique parue dans phénix mag


Bruno Peeters
4 septembre 2005


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