Pour un livre écrit aux U.S.A., cela commencerait presque de manière banale, malheureusement.
Un jeune homme, une arme, une cafétéria, dans un lycée. Je suppose que vous n’avez pas besoin de plus d’informations pour comprendre le sujet.
Enfin, oui et non, car il serait dramatique de réduire le récit si poignant de Jennifer Brown dans « Hate List », à une banale, quoique terrible, histoire de tuerie lycéenne. Cet incident, ainsi que le nommeront rapidement de nombreux adultes pour tenter de minimiser sa portée, sert de pivot, de point de départ, d’ancrage et d’excuse au récit.

De point de départ, car il est la base de toute l’histoire, tout simplement.
D’excuse, car il s’agit probablement d’un des rares évènements permettant de générer une telle puissance psychologique.
De pivot, car l’auteure ne va avoir de cesse de tourner autour des évènements de cette fameuse journée.
D’ancrage, car tout le récit part de cet évènement pour y revenir au final.

« Hate List », ce sont des adolescents qui prennent conscience de la portée de leurs actes tandis que d’autres continuent à faire l’autruche. C’est un lycée sous haute tension quand les autorités manipulent l’information avec l’aide de journalistes ratés pour donner l’illusion d’une nouvelle Babel. C’est une famille qui explose, se fracasse et se reconstruit sous le poids de la culpabilité et d’une incompréhension violente. Ce sont des mains qui se tendent et des dos qui se tournent. C’est une ado perdue, en colère, perplexe, intelligente et révoltée…
Une ado quoi.

« Hate List » commence avec une coupure de presse. Ces articles accueilleront régulièrement le lecteur en tête de chapitre. L’histoire s’ouvre ensuite sur Valérie, une adolescente que l’on suivra, à l’aide d’un récit à la première personne, tout au long du roman. Cette jeune fille a pour principal souci, à l’ouverture du récit, son petit-ami, enfin son ex-petit-ami, Nick. Classique, non ? Sauf que celui-ci s’est suicidé après avoir tiré sur Valérie et bon nombre de ses camarades de lycée.

Sérieusement blessée, la jeune fille a passé quelques semaines à l’hôpital et encore un long moment en convalescence chez elle, étouffée par une mère paniquée et dépassée.
Mais voici venir la rentrée, et il faut retourner au lycée. C’est sa dernière année et Valérie est d’ores et déjà persuadée qu’elle n’aura pas la force d’affronter ceux qui l’ont si longtemps persécutée et sur lesquels Nick a tiré. Mais parfois, les gens vous font de très belles surprises. Peur, déception, mais aussi belles personnes et encouragements réussiront à faire partir Valérie vers l’avant, vers la vie, laissant derrière elle tous les boulets qu’elle a pu traîner à ses chevilles depuis de longues années.

Cet ouvrage de Jennifer Brown est absolument magnifique, d’ailleurs il a déjà reçu quelques prix, dont Meilleur Livre de l’Année par le School Library Journal et Meilleur Livre Young Adult de l’année par l’American Library Association.

Ce récit ne pratique pas la langue de bois et vous fera passer par tous les états d’âme des protagonistes.
Cela faisait bien longtemps qu’un livre dit classique ne m’a pas fait autant vibrer.
Attention cependant à ne pas le placer entre des mains trop jeunes.

Titre : Hate List (Hate List, 2009)
Auteur : Jennifer Brown
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Céline Alexandre
Couverture : David Caplan
Éditeur : Albin Michel
Collection : Wiz
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 391
Format (en cm) : 14,6 x 21,4 x 2,4
Dépôt légal : février 2012
ISBN : 978-2-226-23974-7
Prix : 15,20 €