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Le cyberespace de l'imaginaire




Mari Iyagi
Film d’animation sud-coréen de Sung-Gang Lee (2002)
8 mai 2003


Genre : conte
Durée : 1h20

Nam-Woo travaille à Séoul, dans des bureaux. Sa vie s’écoule avec monotonie, et une certaine résignation. Lorsqu’il retrouve Joon-Ho, son ami d’enfance, les souvenirs affluent. Les deux garçons étaient déjà très différents : l’un rêveur et effacé, l’autre bavard et matérialiste. Inséparables néanmoins, dans le village de pêcheurs qui les a vus grandir, faisant du vieux phare abandonné leur terrain de jeu privilégié. Le dernier été qu’ils passèrent ensemble, ils firent la rencontre de Mari, et basculèrent avec elle dans son univers féerique. Un paradis perdu...

La Corée du sud, depuis plusieurs décennies, s’est éveillée à l’animation. On se souviendra, par exemple, que René Laloux y fit réaliser son Gandahar, d’après les dessins originaux de Caza. Si elle ne jouit pas encore du savoir-faire et de la dynamique économique du leader nippon, de petites perles comme ce Mari Iyagi, Grand Prix du festival d’animation d’Annecy en 2002, témoignent de la gestation réussie de son propre imaginaire.

Le visuel est surprenant, le classant d’emblée parmi cette nouvelle génération d’artistes en rupture avec les moules canoniques « manga » et « disney » ( Les mutants de l’espace , Métropolis , L’enfant qui voulait être un ours ...). Les personnages et les décors sont ainsi dépourvus de contour, ne semblent que tâches et constellations de couleurs en mouvement. Bien que l’animation soit assistée par ordinateur, l’ensemble conserve un aspect aquarelle au charme évident. Les quatre première minutes du film, le plan-séquence suivant le vol d’une mouette, a ainsi nécessité trois mois de travail, preuve du soin apporté au graphisme. Pour autant, ce parti pris esthétique charrie son lot d’inconvénients : quelques saccades, ici ou là, qu’un tout-en-images-de-synthèse n’aurait pas, et des visages péchant souvent par manque d’expressivité.

Mari Iyagi n’est pas à conseiller aux maniaques de la technique nickel-chrome, ni d’action trépidante. On est loin des Final Fantasy, Akira ou Blood. Il s’agit davantage d’un conte, quelque chose de doux, simple et beau comme l’envol des passereaux ou la nage des poissons. Une sensation entretenue par la musique de Lee Byeong-Woo, acoustique, à la fois océanique et aérienne.
Tranquillement exaltante, elle confère aux images une dimension transversale, une certaine intensité sentimentale.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, des émotions : l’amitié, l’amour, la nostalgie de l’enfance. Le goût doux-amer de la vie ordinaire... souligné par l’irruption de l’extraordinaire. Un poisson-globe flotte dans les airs, et c’est tous les repères, toutes les structures rigides, qui s’évaporent. L’enfance est un domaine bucolique où tout peut advenir, où l’imaginaire est roi et boute hors de son royaume l’adulte rationalité et les grises responsabilités.

Selon son réalisateur, Sung-Gang Lee, le film comporte une part d’autobiographie : « Au fur et à mesure qu’ils grandissent, les enfants deviennent des garçons et des filles qui eux-mêmes deviennent des hommes et des femmes. Ils quittent leurs parents pour partir en ville gagner leur vie et ils perdent un peu de leur pureté. Ce processus est une réalité en Corée et sûrement aussi dans d’autres pays. J’ai passé mon enfance en ville et je vis toujours en milieu urbain, mais je crois avoir ressenti la même angoisse à vivre loin de la pureté, comme les personnages du film. »

Mari Iyagi rejoint alors d’illustres prédécesseurs : Alice au pays des merveilles , L’histoire sans fin , Little Nemo , Peter Pan , ou encore l’ouvre de Hayao Miyazaki (dont Mon voisin Totoro et Le Voyage de Chihiro ). Dans ce registre, il signe une réussite supplémentaire, et par conséquent essentielle à tous les grands enfants qui désirent intensément se souvenir.
Nostalgie, quand tu nous tiens...

4 janvier 2004

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Seong-kang Lee
Scénario : Su-jeong Kang, Seong-kang Lee, Mi-ae Seo

Coproducteurs : Tae-seong Jeong, Seong-weon Jo
Coproducteurs exécutifs  : Seoung-Jae Cha, Jae-Won Choi

Musique originale : Byung-woo Lee
Image : Geun-wook Kwon
Montage : Gok-ji Park
Son : Christinel Sirli

Production : Daewoo Entertainment, Kuk Dong, Siz Entertainment
Distribution : Gébéka Films


Fabien Tournel
8 mai 2003



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