Il est arrivé sans crier gare en septembre, affichant son envie sous une couverture teigneuse criant le génie d’un Jacques Tardi. « Vous ne lirez plus jamais la bande dessinée comme avant », telle est sa devise ! Et si les bastos sulfuro-plombées du héros du Bleu de la côte Ouest rappellent le goût tiède et poisseux du sang, la devise marketing de BullDozer indique bel et bien une autre façon d’aborder la BD.
Après s’être escrimé à présenter la crème du 9e Art dans sa revue DBD distribuée en librairies, Frédéric Bosser passe la vitesse supérieure en franchissant le pas de la distribution en kiosques pour un rendez-vous mensuel conservant les forces qui ont fait le succès (au moins critique) d’un support splendide qui avait un gros défaut : un prix certainement élevé pour le tout public.
Si BullDozer n’est pas le mensuel le moins cher publié en kiosques (6,50 euros), du moins devient-il celui qui aborde la BD en mettant en avant l’image, le dessin... et oui, le talent des dessinateurs dont nous sommes de fervents admirateurs.
Tardi pour le n°1, accompagné de Boucq & Jodorowsky, de Crisse & Besson pour les dossiers principaux, de Pierre Tchernia pour un rendez-vous qui se voudra régulier avec un passionné de BD, des focus sur des auteurs dans l’actualité tels Davodeau, Gwen & Duchazeau, Mig, une sélection de planches en guise d’amuse-gueule avant parution, de (trop courtes !) sections comics et mangas (qui s’affichent un peu en parents pauvres du franco-belge... et personnellement, je suis peu amateur des classements d’albums en tableaux) et bien entendu des infos, des critiques. Tout cela avec force images que l’éditeur a la bonne idée de livrer dans des mises en page qui les mettent en valeur. C’est beau, c’est classe, c’est intéressant...
Le n°2 est venu confirmer en octobre cette très belle impression avec deux très bons dossiers consacrés à Léo (Aldébaran et Bételgeuse) et Jean-David Morvan (Spirou, Sillage et tant d’autres séries entre SF et Fantastique... les fans de SF de la Yozone ne devraient pas louper ce numéro !!), mais aussi François Berléand (l’invité hors-monde BD), Blutch, Brüno, un dossier sur les rencontres Bédé et Ciné...
Le BullDozer est lancé, c’est vrai en affichant fortement des pointures, mais en essayant de parcourir au mieux l’actualité d’une activité extraordinairement vaste et souvent trop exubérante.
Pour ce que vaut mon avis, voilà une revue qui se veut digne de la bande dessinée.

Pour le prochain rendez-vous en novembre : Geluck et Marini.

Fiche technique :
 Nom de la revue : BullDozer
 Directeur de publication : Frédéric Bosser
 Périodicité : mensuelle
 Pagination : 98
 Prix : 6,50 e
 Abonnement : 11 numéros/55 euros
 Adresse : Éditions DBD/BullDozer, 4, rue Dante, 75005 Paris
 Site internet : BullDozer