Ce second volume de « Blood Ninja » s’avère plus captivant que « Le Destin de Taro ». L’action y est plus ramassée, moins dispersée. Vous me direz, il fallait bien présenter les choses à un moment, et le premier tome a, en quelque sorte, essuyé les plâtres.
Néanmoins, en se limitant à peu de lieux géographiques (les deux monastères et leurs collines, le village natal de Taro, un peu la montagne des ninjas) et en faisant la part belle au monde spirituel, tant dans les légendes racontées et répétées que dans les voyages spirituels qu’effectue Taro, le roman capte mieux l’attention.
L’action est toujours présente, l’intérêt rehaussé par la supériorité physique des adversaires du héros : malgré son statut de super-vampire, il perd régulièrement (sauf à la fin, bien entendu), supplanté au sabre par les moines, Yukiko ou Oda.
Le point le plus positif de ce volume est peut-être de faire mentir son titre : Oda reste relativement discret dans cette histoire, et sa transformation en super-vampire ne change pas grand-chose (sauf le fait de ne pas être mort à la fin du tome 1, comme Taro en est persuadé).
On aurait pu craindre une dérive à la manière d’« Underworld 2 » (déluge d’action, furie vengeresse du méchant et absence totale de scénario), il n’en est rien. Oda était un redoutable combattant, il l’est toujours. Point.
Et Taro devra finalement le vaincre d’une autre façon.
Deux points majeurs retiennent donc l’attention dans ce tome : le mélange entre spiritualités et mythologies, bien abordées par les légendes, la présence de fantôme et la quête de la boule du Bouddha, et les intrigues politiques menées par Tokugawa et accomplies par Shusaku (oui, lui aussi est vivant ! mais bien diminué quand même...)
L’histoire pourrait s’arrêter là, et au vu de la 4e de couverture du tome 3 « La trahison des vivants », avec un dragon qui se réveille et un sabre magique à aller chercher, je vois mal la continuité : n’est-ce qu’une étape de plus dans le plan de Tokugawa pour asseoir la position de futur shogun de Taro ? On verra bien.
Cette absence de perspective n’est qu’un petit défaut, qui s’ajoute à un style moyen qui souffre de répétitions : d’une page à l’autre, Nick Lake nous martèle régulièrement des évidences qui sont déjà bien rentrées dans la tête du lecteur, sur le caractère ou les objectifs de tel ou tel personnage. Parfois au mot près. Et jusque dans les dialogues, qui sonnent soudain faux alors que l’objectif était certainement l’inverse. C’est d’autant plus dommage que l’auteur peut nous garder en haleine avec un fond de qualité et quelques idées de formes (des récits dans le récit).
Ce n’est pas qu’une sévérité de lecteur adulte ou de lecteur rapide (le livre s’est lu étalé sur moins d’une semaine) : certaines lourdeurs sont des défauts que l’étiquette « jeunesse » n’excuse pas.
Mais sur 420 pages, ils ne sont pas encore handicapants. Les jeunes lecteurs passeront comme moi sur ces quelques aspérités pour ne retenir que les aspects positifs : de l’action, un aperçu de la spiritualité bien expliqué, et quelques morceaux de bravoure et plans retors finalement fort savoureux.
Titre : La Vengeance de sire Oda (Blood Ninja 2, the Revenge of Lord Oda, 2010)
Série : Blood Ninja, tome 2
Auteur : Nick Lake
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Philippe Giraudon
Couverture : copyright Dmitrijs Bindemanis / shuttershock
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Littérature Hors série / grand format
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 423
Format (en cm) : 15,4 x 22,5 x 3,3
Dépôt légal : novembre 2011
ISBN : 9782070632718
Prix : 18 €
À lire aussi sur la Yozone :
tome 1 : « Le Destin de Taro »
