Ariane Gélinas nous invite à une randonnée au nord de Labrador City. Le temps se gâte, l’ambiance n’est pas au beau fixe, surtout lorsque l’on doit suivre celle qui a pris le cœur de votre ex. Si en plus on se perd, alors là... Déjà qu’une légende locale fait froid dans le dos.
On pardonne bien vite à l’auteure la facilité scénaristique qui donne le piment des “Glaces éternelles” pour se laisser gagner par l’ambiance, par la montée lente et insidieuse de l’horreur.
“Artisans du vide” de David B. Lachance m’a perdu en cours de route. Dans cette histoire de surveillance d’un suspect, on se demande vite qui est qui, qui est vraiment l’observateur. La construction en paragraphes assez courts n’aide pas forcément à la compréhension. Cela relève surtout de la figure de style, pas accessible d’emblée.
Romain Billot nous plonge dans les égouts. Roger est un vieux de la vieille qui y a déjà tout vu. Pas comme le bleu qui l’accompagne. Pourtant les bas-fonds peuvent encore réserver à Roger de mauvaises surprises.
“Fait comme un rat” relève de l’horreur, allant jusqu’au gore. C’est justement cet éclectisme qui fait tout le charme de cette revue nous réservant toujours de bonnes surprises.
Suit la superbe nouvelle “Sous les fils de l’élégance” de David Hébert. Un journaliste désire s’entretenir avec Galdy. Le hasard lui permet d’assouvir cette envie. Que va-t-il en penser ?
Société futuriste bien rendue, histoire intrigante jusqu’au bout. Vingt pages qui se dévorent littéralement et qui laissent une très bonne impression. Par contre, la rencontre du début sur la terrasse d’un café m’a laissé dubitatif sur son intérêt.
Dans le genre short story choc, Marius Mars, un pseudonyme de Jean-Pierre April, n’en est pas à son coup d’essai. Deux apparitions dans « Brins d’Éternité 32 » nous ont déjà convaincus de son talent en la matière.
Pourtant, “Bianca et son bâton intelligent” n’a pas le même impact. Peut-être parce que l’effet de surprise est un peu passé. D’autant que Vanessa Vénus est aussi passée par là (numéro 33).
Le lecteur averti aura tout de suite deviné que le bâton intelligent n’est rien d’autre qu’un gode et que le nom de Bianca, à savoir Jolicul, augure d’où il va finir.
La forme originale est mise au service d’une imagination toujours aussi perverse. Le bougre semble en avoir sous la pédale !
Avec “Kamouraska perdu”, Alain Ducharme fait dans la retenue. Quel meilleur choix que ce village québécois typique, un peu hors du temps, pour se ressourcer ? Pourtant, la voisine de son lieu de location est toujours triste.
Sans grands effets, le lecteur assiste à un glissement lent et discret de la réalité. Il se laisse bercer par le rythme lancinant et il faut reconnaître qu’Alain Ducharme réussit là une belle performance.
Dans la section article, celui de Lilia Kessens sur “L’influence de la communauté” ne présente guère d’intérêt. Tout le contraire de celui de Pierre-Alexandre Bonin sur “ L’effet fantastique et ses motifs chez Jean Ray”. Il analyse la nouvelle “Le psautier de Mayence” écrite par l’écrivain, s’attardant sur la distorsion spatiale et la double figure de la présence et du monstre. Une très belle illustration de l’effet fantastique. Un excellent article à méditer pour celui qui songe à écrire du fantastique.
De très bonnes nouvelles d’inspirations très variées et relevant aussi bien de la science-fiction, de l’horreur que du fantastique. Cette variété permet à chaque fois de nous surprendre agréablement. De plus, un article de haut-vol est souvent à disposition pour notre enrichissement.
Décidément, « Brins d’Éternité » a tout d’une grande !
Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 34
Directeur littéraire : Guillaume Voisine
Couverture : Cyril Rolando
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : hiver 2013
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 978-2-9812757-2-1
Dimensions (en cm) : 13,9 x 21,4
Pages : 120
Prix : 7,50 CAD
