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Nina des Loups
Alessandro Bertante
Fleuve Noir, traduit de l’italien (Italie), post-apocalyptique, 248 pages, mars 2013, 18,50€

Le monde s’est écroulé. À la crise économique et l’effondrement politique, se sont succédées, en très peu de temps, famines et épidémies. Dans un village reculé, cloîtré, la survie de quelques personnes s’est organisée. Mais la quiétude ne peut durer toujours, les hommes sont mauvais et, avant de renaître, la civilisation doit achever de brûler.



Nina n’est qu’une enfant. À treize ans, elle en paraît onze. Il faut dire que la vie est rude à Piedimulo. Cachée, protégée mais dure. Encadré de montagnes, desservi par une seule route vite ensevelie par les habitants grâce à quelques bâtons de dynamite, avant que la folie ne gagne leur cachette, le village survit en autosuffisance depuis trois ans, malgré la rudesse du climat. L’attaque par une bande de pillards était malheureusement à prévoir tant un tel havre de paix est chose rare. Et elle tourne vite au drame car les villageois sont des paysans, des montagnards, pas des combattants. Et pour les pillards, c’est la vie au village qui tourne vite au cauchemar. Ils ont tué tous les hommes et presque toutes les femmes, mais l’autarcie est un luxe dont ils rêvent. Malheureusement pour eux, la montagne réclame des hommes d’une sacrée trempe et eux sont lâches, fainéants et faibles.
Nina, elle, est parvenue à fuir et se cache dans les montagnes avec un ermite qui va lui apprendre à survivre, à chasser et finalement lui redonner assez d’envie de vivre pour reprendre ce qui lui appartient et devenir « Nina des Loups ».

Alessandro Bertante est loin d’être un nouveau venu dans le monde littéraire, il semble pourtant peiner à se faire un nom en France. Cet ouvrage post-apocalyptique, genre encore sous représenté (à mon sens), devrait lui donner un sacré coup de pouce.
Surfant sur une actualité sombre qui sert de base à sa tragédie, l’auteur imagine une descente aux enfers de la société qui n’a, malheureusement, pas grand-chose d’illusoire tant elle est crédible et plausible, illustrée par tant d’histoires racontées dans les journaux télévisés. Cette proximité à la réalité stimule l’appétit du lecteur pour ce récit très accessible, tantôt réaliste, mais tantôt affabulé. Superstitions et malédictions y vont bon train, donnant lieu à des passages décalés, à la limite de l’ésotérisme ou du fantasmagorique. Ces éléments contribuent à créer l’ambiance sombre et menaçante régnant sur l’œuvre, tout en permettant au lecteur de découvrir l’étendue du talent littéraire d’Alessandro Bertante qui joue avec les mots comme d’autres avec les couleurs. Les passages les plus décalés pourraient cependant perturber un lecteur qu’ils coupent, sans préavis, de l’action du livre.

Les personnages, simples, entiers, aux caractères comme taillés à la serpe, développent des relations sans ambiguïté mais toujours évoquées avec tact et pudeur. Même, ou surtout, la relation qui pourra choquer le plus, car socialement incorrecte. De toute façon, ce n’est pas vraiment sur cette dynamique que se situe l’intérêt du récit. En effet, l’auteur apparaît beaucoup plus réceptif aux dynamiques des groupes. Les nombreux flash-backs sur le comportement de la communauté pendant la catastrophe, les références à l’équilibre, fragile, mis en place dans la petite communauté ou à l’ermitage posent également une sensibilité plus environnementale et globale qu’il pourrait y paraître de prime abord. Toute l’évolution de la société semblant concentrée, conditionnée, métaphorisée dans l’évolution de Nina qui passe d’enfant chétive et maladive à jeune femme autonome et épanouie.
Il n’y a cependant pas que des points positifs à ce roman. En effet, « Nina des Loups » présente certains défauts. À commencer par les loups, présents dans le titre, ils sont aussi présents dans l’ouvrage mais sans beaucoup de relation avec la jeune héroïne. Par ailleurs, si les flash-backs sur les pillages et certaines morts liées à l’épidémie sont effectivement bien présents, étrangement très peu d’informations sont fournies sur le pourquoi des épidémies, par exemple. Et encore moins d’explications sur la réapparition somme toute soudaine des structures gouvernementales.

Un post-apocalyptique initiatique pas forcément destiné aux jeunes lecteurs que certains passages pourraient heurter. À noter que l’adaptation cinématographique est d’ores et déjà en cours de tournage.


Titre : Nina des Loups (Nina dei Lupi, 2011)
Auteur : Alessandro Bertante
Traduction de l’italien (Italie) : Jean Rusto Ramon
Couverture : Sébastien Cerdelli / Le Miroir Création
Éditeur : Fleuve Noir
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 248
Format (en cm) : 14 x 22,4 x 2,2
Dépôt légal : mars 2013
ISBN : 978-2-265-09528-1
Prix : 18,50 €



Emmanuelle Mounier
7 mai 2013


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