À moins d’être resté enfermé dans une cave dans les années 90 (ce que je ne vous souhaite pas), vous n’avez pas pu louper le phénomène “Joe Bar Team”. Et tant mieux pour vous !
Beaucoup d’auteurs BD se sont mis, par la suite, dans les roues de Jean Manchzeck et Édouard Bracame. On ne compte plus « Les Fondus de Moto », « Les Motards à jamais » et autres « Jack Sélère ». Très peu ont reçu un accueil du public aussi favorable que les sept tomes du “Joe Bar Team”. Beaucoup regrettent d’ailleurs que cette série BD compte si peu de numéros. Les mêmes attendaient depuis longtemps une adaptation en roman ou en film.
L’auteur de la saga, Christian Debarre, alias BAR2 en BD, alias Chris Deb en littérature classique, répond enfin aux attentes de ses lecteurs. Ce roman comble les attentes de nombreux lecteurs : vous avez aimé les BD, vous apprécierez ce livre !
Chris Deb nous replonge instantanément dans ces albums cultes des années 90. L’ambiance générale, les vannes acérées, les bourres sur le périph, les situations improbables… tout y passe. On retrouve enfin les protagonistes des tomes 1 et 5 (ceux écrits par BAR2), les habitués du Joe Bar, à Montreuil dans le milieu des années 70. Une savoureuse madeleine.
Ce roman petit format se lit vite, très vite même. Ses moins de 200 pages, écrites en grosse police, ne devraient pas refréner les plus réfractaires à la lecture. La couverture, une photographie du pilote GP de 500cm3 Barry Sheene, reflète assez bien l’univers « seventies » retranscrit par Chris Deb. Comme ce roman, le tome 5 de la série BD est dédicacé au champion.
Mais comment réussir à recréer aussi facilement l’ambiance de la BD ?
C’est malheureusement là que le bât blesse : en reprenant tout simplement les blagues du comic strip. Passer de la planche à dessins à la description narrative n’est sans doute pas une chose aisée, mais on aurait préféré un peu plus d’originalité dans les histoires racontées.
Pour étoffer son roman, Chris Deb a su développer ses personnages fétiches, leur donner un passé, une légère densité psychologique, les inscrire dans une époque. Cet exercice est louable et crédibilise davantage le récit. L’auteur a également su fusionner plusieurs planches, issues parfois d’albums différents de la saga, dans des chapitres cohérents et assez bien ficelés. Mais, en lisant les pages des “Chroniques du Joe Bar”, on se rappelle trop souvent des cases des mythiques albums. Quel dommage.
Je suis un grand fan de la BD, c’est vrai. À force de lire ces planches vers la fin des années 90, j’ai sans doute fini par ancrer certaines histoires en mémoire. Du coup, quelques lignes suffisent à me rappeler la planche associée et à deviner la suite de l’intrigue, alimentant un certain sentiment de frustration. Compte tenu du succès de la série, je ne suis certainement pas le seul dans ce cas. C’est regrettable, surtout que ce roman s’adresse principalement aux amateurs de la bande dessinée. Le lecteur espère retrouver l’atmosphère et l’humour de la saga qu’il a tant appréciée et se retrouve simplement face à ses souvenirs. Tout au plus, ce roman lui donnera envie de se replonger dans ces albums cultes.
Pour information, un septième tome de “Joe Bar Team” est prévu en fin d’année 2013…
Titre : : Chroniques du Joe Bar
Auteur : Christian Debarre, alias Chris Deb
Préface : Bertrand Thiébault
Éditeur : 12bis
Dépôt légal : janvier 2013
Format : 14 x 22,5
Pages : 200
ISBN : 978-2-35648-488-8
Prix : 19 €
Illustrations © Debarre et 12bis (2013)
