Genre : comédie dramatique horrifique
Durée : 1h34

Avec Angela Bettis (May Dove Canady), Jeremy Sisto (Adam Stubbs), Anna Faris (Polly), James Duval (Blank), Nichole Hiltz (Ambrosia)

Film aux relents autobiographiques d’un jeune réalisateur prometteur, May se présente comme une comédie dramatique et une réflexion sur la solitude, le mal-être et la recherche de la perfection. Une œuvre au charme certain et à l’humour noir omniprésent qui, au fil du cheminement psychologique de son héroïne, bascule lentement dans l’horreur rouge sang. L’histoire nous plonge dans le quotidien de May Dove Canady, une jeune femme inadaptée, aux pulsions morbides, qui partage une relation exclusive avec une poupée de porcelaine que lui a offert enfant sa maman. Ayant enfin vaincu un strabisme récalcitrant au moyen de lentilles de contact, la jeune assistante vétérinaire essaie de se faire une place dans le monde réel et d’y rencontrer l’amour. Mais ses expériences avec un séduisant mécanicien aux mains fascinantes (Jeremy Sisto, vu récemment dans Détour Mortel ou à la télé dans Six Feet Under), ou avec Polly (Anna Faris, Scary Movie 1,2,3), une collègue de boulot à la gorge affriolante, se transforment rapidement en revers traumatisants. Ne parvenant pas à trouver le compagnon idéal, May, qui s’enfonce toujours plus loin dans l’isolement et la folie, choisit de faire sien l’un des préceptes de sa mère, « si tu ne parviens pas à te faire des amis, fabriques-toi en un », et, telle une Carrie suivant les cours du Dr Frankenstein, décide de s’en confectionner un en réunissant les parties esthétiquement satisfaisantes des personnes qui gravitent dans son entourage.

Surprenant, drôle, gore et troublant, ce premier long-métrage sans concession de Lucky McKee (qui a co-réalisé en 2001 All Cheerleaders Die) s’avère une totale réussite. Il faut dire que le réalisateur, en plus de s’être entouré d’une troupe d’artistes et de techniciens d’à peu près son âge, a trouvé en Angela Bettis (L’élue, Une vie volée) l’interprète idéal pour incarner son personnage (May étant en quelque sorte son propre reflet au féminin). Si, bien entendu, son sujet s’inspire du Carrie de Stephen King et du Frankenstein de Mary Shelley, la mise en scène personnelle et la prestation de la fragile Angela Bettis (récente interprète de Carrie White dans une version télé), qui promène son teint diaphane d’un bout à l’autre de la pellicule, se proposent sous la forme d’un univers original où se côtoient anecdotes personnelles, clins d’œil discrets, humour résolument noir et bande originale fortement imprégnée par Kelley Deal et les Breeders. Mais, c’est surtout le ton, décalé, et la structure de la narration qui happe l’audience dans le récit. Tout d’abord intrigué, le spectateur ne tarde pas à ressentir de la sympathie pour la jeune névrosée et se retrouve encore plus impliqué lorsque la frêle jeune fille se métamorphose en un monstre et commence à enchaîner les atrocités.
Sorti il y a un an et demi outre-atlantique, ce petit film a été une véritable révélation et d’ailleurs, Lucky McKee, après avoir fait l’acteur dans The Big Weird Normal, achève en ce moment son deuxième film, The Woods. Espérons que cette fois, le public français n’aura pas à attendre plus d’un an pour découvrir le nouvel opus du prodige. En tout cas, ce MAY qui sort en mars (désolé, j’ai pas pu m’empêcher) est incontestablement la bonne surprise de ce début d’année. Un conte macabre dont on ne sort pas complètement indemne.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : MAY

Réalisation : Lucky McKee
Scénario : Lucky McKee

Producteurs : Marius Balchunas, Scott Sturgeon
Producteurs exécutifs : Eric Koskin, John Veague
Coproducteur : Richard Middleton

Photographie : Steve Yedlin
Musique : Jaye Barnes-Luckett
Montage : Debra Goldfield, Rian Johnson, Chris Markhanian
Distribution des rôles : Shannon Markhanian
Directeur artistique : Charlie Gonzales
Décors : Leslie Keel
Décorateur de plateau : Lori Jakubov
Costumes : Mariano Diaz, Eva Lohse
Effets spéciaux et maquillages : Randy Westgate, Marcelo Pequeno
Premier assistant réalisateur : Brad Arnold
Effets spéciaux : Scott Nifong, Ric San Nicholas, Virgil Sanchez

Production : 2 Loop Films
Distribution : Zootrope Films