Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Siorn (T1) Le Parfum de la dryade rouge
S. Viozat & M. Tanco
Soleil Productions

Siorn est le digne héritier de Conan. Dans la pure tradition du genre, ce héros solitaire ne fait confiance qu’à lui-même et il a bien raison ! Au cœur d’un environnement dominé par la violence et la traîtrise, ce nouveau héros prend logiquement les traits d’un mercenaire sans foi ni loi, prêt à tout pour accomplir sa propre mission.
Un univers opulent et complexe nécessite du temps, et donc des planches, pour se révéler. Or, les auteurs misent sur un diptyque pour raconter leur histoire. L’objectif est ambitieux. Est-il réalisable ?
Et bien oui.



En les feuilletant rapidement, les premières pages de cette BD peuvent en réfréner quelques-uns. Un encrage très marqué et des teintes particulièrement sombres donnent à l’ensemble une ambiance noire singulière, assez repoussante de prime abord. Les planches tranchent avec la couverture (magnifique !) plutôt lumineuse. Et pourtant, en y regardant de plus près, on comprend que c’est justement cette noirceur qui constitue la richesse de l’ouvrage. Siorn est un barbare, un vrai. Du genre qui évolue dans un environnement hostile en ne faisant confiance qu’à lui-même. L’ambiance de la série est donc à l’image de son héros.

Et une fois cette première impression passée, on constate la finesse des traits de Morgann Tanco. Très réalistes, ses dessins fleurissent de détails et de textures variées. Quelques cases somptueuses présentent un paysage désolé, en guerre. Ses personnages sont assez expressifs et une attention particulière a été apportée à chaque vêtement. Le point fort reste la mise en page dynamique et le découpage des scènes d’actions, indispensables dans ce genre d’aventure. Ça tranche, ça assomme, ça transperce, ça cogne, ça fend, ça décapite, ça écrase… avec une fluidité sans faille. Un régal ! Les plus critiques pourront éventuellement pointer le character design de certains personnages secondaires, assez difficiles à identifier parfois.
A l’inverse, les personnages principaux du récit sont parfaitement reconnaissables. Leurs trognes uniques et leurs personnalités très travaillées en font des protagonistes lookés et charismatiques. Ils ne sont pas beaux, loin de là, mais restent super attachants.

JPEG - 31.7 ko

Les aventures épiques d’un barbare solitaire demeurent un genre assez classique. On ne compte plus les “Conan”, “Krän” et autre “Ronal” (quoi que ce dernier n’est peut-être pas le plus représentatif du genre…). La série « Siorn » respecte tous les classiques de cet univers. Siorn est un chef de clan des steppes glacées, un Nosvar. Les guerres tribales ravagent ce territoire nordique hostile. Pour recruter des mercenaires et armer ses hommes, Siorn s’introduit dans les territoires plus au Sud, au sein de la citée minière de Jolarsh, et vole de précieuses gemmes. Ce méfait est vite découvert et Siorn est rattrapé et appréhendé par les autochtones. Impressionnée par tant de talent et d’audace, la comtesse de la cité, Ysbel, propose un étrange marché au guerrier : s’il lui ramène la tête de son frère aîné, Olshorn, son propre souverain, alors Ysbel assurera la victoire du clan de Siorn dans les contrées du Nord. La belle comtesse s’assure de la loyauté du barbare en l’empoisonnant à l’aide d’une toxine puissante, le pollen de dryade rouge, dont elle est la seule à posséder le remède. Siorn n’a plus le choix, il doit s’exécuter. Après tout, ce ne sera pas le premier seigneur qu’il décapitera ! Mais le fil des événements va très vite échapper au barbare, l’obligeant à revoir continuellement ses plans.

Ce genre de scénario n’est, à priori, pas très original. Un héros patibulaire et des centaines d’ennemis sans morale offrent des milliers de possibilités de morts brutales et sanglantes. Bref, un principe simple mais toujours efficace. Cependant, quelques originalités viennent ponctuer le récit. Par exemple, la scène de fuite de Siorn introduit l’histoire, séparée des autres planches par la page de titre habituelle. Un peu comme le préambule de la plupart des épisodes de séries américaines, juste avant le lancement du générique. Une belle inspiration, qui dynamise le récit. Une autre idée originale est la citation de Robert E. Howard, l’auteur de “Conan”, au début de l’album : « Les hommes civilisés sont bien moins courtois que les sauvages, car ils savent qu’ils peuvent être impolis sans se faire défoncer le crâne ». L’ambiance du livre est donnée.

JPEG - 48.6 ko

Le rythme de cet album est très soutenu. Les rebondissements sont légions, obligeant notre héros à revoir les objectifs de sa quête toutes les cinq ou six planches. Fort heureusement, la qualité narrative est telle que le lecteur ne se sentira jamais perdu dans cette course effrénée. Est-ce que le scénario aurait pu d’avantage être étiré en longueur, en plusieurs épisodes ? Sans doute. Mais les auteurs ont fait le pari, osé, de raconter une histoire florissante en seulement deux tomes. Notre porte-monnaie les en remercie. Et il faut l’avouer, cette contrainte est respectée sans abandonner la qualité scénaristique. Bravo !

Cette nouvelle série possède donc tous les attributs pour plaire à son public. Si elle ne renouvelle pas le genre, elle conserve l’avantage de nous faire passer un excellent moment, plongé dans un univers complexe et riche en actions.

Aucune date de sortie n’a été annoncée pour le prochain et dernier tome. Quelques planches sont toutefois dévoilées sur les sites des auteurs. Il faudra sans doute être un peu patient pour savourer la conclusion de cette aventure qui verra s’affronter les derniers Nosvars.


(T1) Le Parfum de la dryade rouge
- Série : Siorn
- Scénario : Sébastien Viozat
- Dessin : Morgann Tanco
- Couleurs : Morgann Tanco
- Éditeur : Soleil Productions
- Dépôt légal : 17 octobre 2012
- Format : 234 x 323 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-3020-2362-8
- Prix Public : 13,95 €


Illustrations © Tanco et Soleil Productions (2012)



Allison & Julien
8 février 2013




JPEG - 31.2 ko



JPEG - 54.3 ko



JPEG - 61.5 ko



JPEG - 66.3 ko



JPEG - 67.1 ko



JPEG - 27.7 ko



Chargement...
WebAnalytics