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Solaris n°184
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°184, science-fiction et fantastique, nouvelles –articles - critiques, automne 2012, 160 pages, 10CAD

Voilà vingt années qu’Isaac Asimov nous a quittés. Après le « Bifrost 66 », c’est au tour de « Solaris » de s’attarder sur la production de cet écrivain majeur de la science-fiction. Ce spécial Asimov, regroupant 7 nouvelles d’inspiration asimovienne, un hommage et un article, est sorti juste avant l’édition 2012 du festival littéraire Québec en toutes lettres centré autour de l’œuvre du bon docteur.
Il va sans dire que les robots et la psychohistoire hantent ces pages…



Francine Pelletier donne le départ avec un papier où elle dit tout le bien qu’elle pense de l’écrivain. Pas forcément impartial -le titre “Le Cimetière des amours passées : une réflexion personnelle sur l’œuvre d’Isaac Asimov” donne le ton-, mais elle reconnaît les faiblesses inhérentes à sa production : l’ensemble a vieilli, souvent mal, les personnages sont creux, le style en rien transcendant. D’un côté, il y a la réputation, l’adulation dont son nom jouit toujours ; de l’autre, une vaste production qui convient aujourd’hui davantage à un jeune public, alors il n’est pas forcément facile de faire la part des choses.
Toutefois, un bon papier qui a le mérite de poser la problématique.

Alain Bergeron nous offre une histoire directement inspirée du cycle des robots. Le nom Calvin y fait clairement référence, même s’il est utilisé à contre-emploi. Pour sauver la planète, des mesures drastiques ont été prises et certains se sont considérablement enrichis. À présent, Hary Thoren a un autre projet en tête, mais pour cela, il a besoin d’argent. Pas étonnant qu’il fasse donc appel à ceux qui ont profité du plan de sauvetage de la Terre. Rosemonde se méfie, mais un élément va la pousser à accorder sa confiance à Hary…
Aurores à venir” ballade Rosemonde comme les lecteurs.

Nando Michaud nous envoie “Dans les bras de Murphy”. Une mission de deux ans, reclus sur un satellite de Jupiter, sans contact avec l’extérieur, pour un salaire géré par une IA qui promet d’être mirifique au retour sur Terre. Trop beau pour être vrai ?
Dans “i-Robot” de Hugues Morin, on suit un cybernéticien qui va tester une nouvelle génération de robot. L’auteur se plaît à embrouiller, mais à bon escient, le déroulement de l’expérience. Prospective, manipulation…
Même sans savoir que les deux ont été écrits pour un spécial Asimov, le parallèle va de soi, pour un résultat vraiment sympathique.

Un journaliste découvre que les membres d’une famille occupent des postes importants dans le secteur bancaire depuis des générations. Information que ceux-ci ne préfèrent pas ébruiter, mais qu’ils entendent bien contrôler.
La race des seigneurs” de Jean-Louis Trudel, une nouvelle bien ficelée aux multiples questionnements.

Dans “Le nom” de Michel Lamontagne, les hommes ont disparu, laissant la place aux robots. Ceux-ci veulent redonner vie à leurs créateurs. Pour ce faire, il vont partir de la seule donnée à leur disposition : les trois lois robotiques.
Le raisonnement du récit est très bien trouvé. L’idée de base est assez simple, mais la suite en tire le maximum.

Philippe Aubert-Côté signe, à mon sens, la meilleure nouvelle du numéro. “Le fantôme dans le mécha” dépasse le carcan asimovien, se place d’emblée dans une science-fiction plus actuelle avec un langage plus recherché, nous plongeant dans une ambiance beaucoup plus technologique.
Un peu comme avant, l’homme est censé avoir disparu, laissant sur la planète les robots vivre leur propre existence. Pourtant, leur comportement se rapproche assez de celui de leurs géniteurs. Entre eux, ils ressemblent finalement à des requins ne se faisant pas de cadeaux.
Originale, elle explore la psychologie des machines livrées à elles-mêmes. Les trois lois peuvent-elle y survivre ?

Mario Tessier achève ce « Solaris 184 » avec la nouvelle “Apothéose” et l’article “La psychohistoire, ou j’avais prévu que vous liriez cette chronique…”
Dans la première, Hari Seldon apparaît une dernière fois pour dire que rien n’était écrit ou prévu à l’avance. Mais cette ultime révélation ne fait–elle pas partie du grand plan ?
Dans le second, il nous parle justement de cette science inventée par Asimov pour son cycle des Fondation. Extrapolation de la théorie cinétique des gaz pour un grand nombre d’individus, elle n’est qu’une belle théorie ne tenant finalement pas la route. Pourtant, l’homme cherche toujours à détenir les clés du futur, testant différents outils pour le prévoir et donc le manipuler. Très intéressant et montrant toute la pertinence d’Asimov sur le sujet.
Belle fin, traitant du second apport majeur du bon docteur à la science-fiction.

Les auteurs au sommaire se sont bien appropriés les thèmes des robots et de la psychohistoire, les dépoussiérant à l’occasion de ce numéro hommage à Isaac Asimov de très haute volée.
En conclusion, oserais-je dire que je trouve ces nouvelles supérieures à leur substrat d’origine ?


Titre : Solaris
Numéro : 184
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Grégory Fromenteau
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 184 ; volet en ligne du numéro 184
Période : automne 2012
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
31 décembre 2012


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