Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Tuniques Bleues (Les) (T56) Dent pour Dent
W. Lambil & R. Cauvin
Dupuis

Le premier tome des Tuniques Bleues a été publié en 1969. Raoul Cauvin était déjà au scénario. Très vite, pour le cinquième volume, Willy Lambil rejoint le projet en 1972. Cette collaboration prolifique accouche aujourd’hui d’un cinquante sixième album des Tuniques Bleues. Plus d’un album par an depuis sa création. Rien que ça !
Selon certains, la série est sur le déclin depuis quelques années. Mais objectivement, quel est le niveau de qualité de ce nouvel épisode ?



Ah… Les Tuniques Bleues ! Quelle nostalgie !
Voilà quarante ans que Lambil et Cauvin nous propose les aventures de Blutch et Chesterfield. Malheureusement, cette dernière décennie n’a pas été très clémente pour nos unionistes préférés. Scénarios trop simplistes ou trop tordus et dessins sur le déclin sont autant d’éléments qui, au fil des ans, éloignent les fans de la première heure. Pour beaucoup, la série s’arrête autour du tome 30.
Néanmoins, sans être d’une grande originalité, loin de là, cet épisode a su me rappeler l’humour simple des premiers albums. Le talent d’Arabesque pour éviter la charge, les coups mesquins de Blutch, le fatalisme du médecin… Tout y est ! « Déjà vu » pour certains, « nostalgie » pour d’autres. La frontière entre les deux est souvent très mince.

L’histoire se résume en quelques phrases. Le sergent Chesterfield découvre qu’une drogue circule entre les soldats. Celle-ci inhibe et supprime la peur de son consommateur. L’utilité est toute trouvée pour le sergent. En cachette, il fait prendre cette drogue à Arabesque, la jument du caporal Blutch. Finis les évanouissements au premier coup de clairon ! Cette fois, Blutch chargera avec le reste de la cavalerie ! L’effet escompté est rapidement atteint. Un peu trop même, Blutch se retrouvant en première ligne, devançant même l’infatigable Stark. Blutch identifie rapidement le responsable cette tromperie et prépare sa vengeance en secret. Entre temps, une lettre parvient aux mains de Chesterfield. Avec effroi, le sergent apprend qu’il est l’heureux papa d’une petite fille, Philadelphie, qu’il aurait eu avec Charlotte Graham. Cornélius n’a pas le choix : il quitte l’armée pour protéger les siens. Oui mais voilà, quelques jours après sa démission, face à Charlotte, l’ex-sergent découvre qu’il a été victime d’un nouveau coup tordu du caporal Blutch. Philadelphie n’existe pas. Plus de mariage, plus de retraite. Chesterfield n’a plus le choix, il doit se réengager et refaire ses classes en attendant sa vengeance. Œil pour œil…

JPEG - 30.3 ko

Le scénario empreinte donc quelques idées aux précédents opus comme “Vertes années”, “Mariage à Fort Bow” ou “Blue Rétro”. Plutôt qu’une copie née d’un manque d’inspiration, ce récit constitue d’avantage, selon moi, un retour aux fondamentaux, aux histoires simples et percutantes. En ce sens, cet album sans prétention se lit rapidement et nous fait passer un bon moment, surclassant du coup les précédents opus. Comme si les auteurs avaient voulu répondre aux dernières critiques…

Certains regretteront un certain manque de profondeur narrative. Pourquoi ne pas profiter de cet album pour développer d’autres aspects du récit comme la consommation de drogue, la peur des soldats, la boucherie de la Guerre de Sécession ? Et bien tout simplement parce que ce n’est pas le but de cette série, qui se veut légère et grand public. N’attendez pas d’un « Tuniques Bleues » qu’il fasse une analyse critique sur cette période historique. D’autres albums, tels que “Gibier de Potence” ou “Le Caporal Rouge”, sont d’avantage conseillés dans ce cas.
Bien sûr que certaines idées auraient mérité d’être mieux exploitées, plus approfondie. Les retrouvailles entre Charlotte Graham et Cornelius Chesterfield auraient, par exemple, mérité quelques cases supplémentaires. Mais le dictât des quarante huit planches en a décidé autrement. Développer cet événement aurait été au détriment d’une autre scène. L’équilibre d’un scénario est un exercice périlleux qui fait rarement l’unanimité.

Le dessin est facilement reconnaissable, dans la lignée des précédents opus. Les lignes sont maîtrisées et les personnages expressifs. Certaines cases de Willy Lambil auraient toutefois mérité un arrière plan plus détaillé. Les couleurs de Leonardo collent parfaitement à l’ambiance de la série.

JPEG - 44.1 ko

Bref, “Dent pour Dent” renoue avec les thèmes fétiches de la série. De l’humour, quelques répliques percutantes, un binôme Blutch-Chesterfield en grande forme… constituent les ingrédients principaux de cet épisode réussi.

Certes, cet ouvrage de restera pas dans les annales de la bande-dessinée. Certains lui trouveront sans doute de nombreuses lacunes. Les fans des débuts de la série regretteront peut-être de ne pas retrouver cette saveur chère à leur enfance. A moins que ce ne soit, tout simplement, les lecteurs qui aient vieilli.


(T56) Dent pour Dent
- Série : Les Tuniques Bleues
- Scenario : Raoul Cauvin
- Dessin : Willy Lambil
- Couleurs : Leonardo
- Éditeur : Dupuis
- Dépôt légal : 5 octobre 2012
- Format : 220 x 300 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-8001-5195-3
- Prix Public : 10,60 €


A lire sur la Yozone :
Tuniques Bleues : L’hommage
Les Tuniques Bleues (T53) Sang bleu chez les Bleus


Illustrations © Lambil et Dupuis (2012)



Allison & Julien
23 décembre 2012




JPEG - 43.6 ko



JPEG - 52.7 ko



JPEG - 49.6 ko



JPEG - 50.7 ko



JPEG - 47.4 ko



JPEG - 48.6 ko



Chargement...
WebAnalytics