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Ténèbres sur Sethanon (T3)
Raymond E. Feist
Bragelonne, août 2005, nouvelle édition revue par l’auteur, 25 €


Après un premier volume surprenant et passionnant (« Magicien »), une suite plus classique et typiquement fantasy (« Silverthorn ») tout aussi réussie, voici donc « Ténèbres sur Sethanon », le troisième et dernier opus des chroniques de « La Guerre de la Faille » de Raymond E. Feist.

Le noir et mystérieux Murmandamus a été contré une première fois par le Prince Arutha et ses compagnons (cf. « Silverthorn ») mais les forces du mal semblent toujours posséder une longueur d’avance. Pendant que la Guilde des Asssassins et ses Faucons de la Nuit planifient un mauvais coup à Krondor même, il prépare son armée des Ténèbres à l’assaut final. La catastrophe semble inévitable car en combattant les plans des acolytes de Murmandamus, le Prince Arutha est mortellement blessé !
Alors que Pug le maître magicien des deux mondes est parti à la recherche du mage Macros en compagnie de Thomas, l’époux mi-humain, mi-Valherus de la reine des Elfes, il semblerait bien que le sort de l’univers va se jouer à Sethanon, une place forte assez insignifiante des marches du royaume. Attention cependant, chez Raymond E. Feist, les apparences sont trompeuses et le mensonge n’est pas seulement l’apanage des forces du mal.

Tout en possédant les qualités déjà évoquées dans les deux premiers volumes de la série (suspense, inventivité, univers flamboyant, réel sens de la description, grande habileté à faire exister ses personnages, etc,. -la liste est longue !), « Ténèbres sur Sethanon » pourra par instants, décevoir le lecteur passionné par cette saga. En choisissant de ne pas seulement se consacrer aux développements classiques et guerriers de cette brillante aventure, Raymond E. Feist a visiblement souhaité donner une ampleur mythologique à son récit. Pour y parvenir, il consacre donc une grande partie de ce roman à la narration du voyage “magique” de Pug et Thomas aux sources religieuses (et quasi métaphysiques) de Midkemia (on comprend), voire de l’univers depuis sa création (c’est évidemment plus longuet pour le coup). Ce n’est pas que cette option soit décevante, au contraire, elle était risquée et donc à saluer, mais, rien à faire, le romancier est plus à l’aise quand il nous narre les petits et grands tracas de ses héros que quand il décide de s’écrire son « Silmarillion » (qui n’est de toute façon pas l’ouvrage le plus grand public et lisible de Tolkien). Soyons honnêtes, d’une certaine manière, Feist y parvient même mieux que beaucoup. Le propos est ramassé, la narration privilégie l’action et on ne s’y embête pas. Néanmoins, Tolkien ne possédait-il pas une érudition suffisamment importante pour réussir l’écriture d’une mythologie alors que Feist se noye par moment dans l’abondance des détails, des races, des planètes et de la création de l’univers. Manque de souffle poétique, volonté d’être logique et cohérent, Feist est peut-être resté trop terre-à-terre pour véritablement emporter le lecteur aux origines du Monde. Son Big Bang n’étant pas au final très différent de ce que pourrait nous en dire un astrophysicien lambda, seul le regard des témoins change, ici ce sont des êtres animés par un savoir magique -et non scientifique- qui en sont les narrateurs.
Bref, tout cela est plutôt formellement réussi, passionnant, même si sur le fond, on n’est pas toujours convaincu de l’utilité de ces passages.

Par contre, dès que l’on retrouve un monde plein de bruit et de fureur, le roman s’épanouit pleinement dans la verve, l’énergie et un sens de l’épique hors norme. Impossible de ne pas “voir” les batailles, de ne pas entendre le choc des épées, de ne pas sentir le souffle des volées de flèches, on vibre, on sue, on participe pleinement à ce combat apocalyptique.

« Ténèbres sur Sethanon » possède donc les qualités de ses défauts. Il est le résultat d’une ambition élevée et peut paraître s’épuiser sur la longueur -tout en restant brillant et maîtrisé. Néanmoins, à ne rien risquer, on ne gagne aucun lecteur et Feist, cela se sent, respecte son lectorat et ne fait pas n’importe quoi, n’importe comment. C’est tout à son honneur et c’est aussi le privilège des grands conteurs ne s’endormant pas sur leurs lauriers. Malgré nos quelques réticences, ce troisième opus vole quand même très haut, confirmant le statut à part et immanquable d’une trilogie majeure du genre dont l’amateur ne peut rater la découverte et la lecture.
Soyons clairs, « La Guerre de la Faille » s’achète chez Bragelonne, en bloc (les 3 volumes) et se dévore à la vitesse de l’éclair. En plus, avec « L’Entre-Deux-Guerres » et « La Guerre des Serpents », ce ne sont pas moins de cinq volumes qui prolongent ce monument de la fantasy (toujours chez Bragelonne). De quoi s’offrir de nombreuses heures de lecture et de rêves où la qualité rivalise avec la quantité.

Titre : Ténèbres Sur Sethanon
Série : La Guerre de la Faille (T3), nouvelle édition revue et corrigée par l’auteur.
Auteur : Raymond E. Feist
Traduction : de l’anglais (américain) par Antoine Ribes
Couverture : Stéphane Collignon
Nombre de Pages : 501
Éditeur : Bragelonne
Site Internet Éditeur : http://www.bragelonne.fr
Site Internet Livre : Ténèbres Sur Sethanon
Dépôt légal : août 2005
Format : grand format Bragelonne
Directeurs de Collection : Stéphane Marsan et Alain Névant
Diffusion : Harmonia Mundi
ISBN : 2-915549-33-8
EAN : 9 782915 549331

Prix : 25 €

Site Internet d’achat conseillé :

Amazon - Magicien (La Guerre de la Faille, T1)

Amazon - Silverthorn (La Guerre de la Faille,
T2)


Stéphane Pons
16 septembre 2005


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