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American Gothic
Une création de Shaun Cassidy
(1985)


Distribution : Gary Cole (Shérif Lucas Buck), Lucas Black (Caleb Temple), Brenda Bakke (Selena Coombs), Sarah Paulson (Merlyn Temple), Nick Searcy (Adjoint shérif Ben Healy), Paige Turco (Gail Emory), Jake Weber (Dr. Matt Crower), John Mese (Dr. Billy Peale)

Voilà une très bonne occasion de sortir du carcan « science fictif » habituel, dans lequel baigne généralement ces colonnes, pour pénétrer dans l’univers fantastique d’AMERICAN GOTHIC.

Bien entendu, d’autres œuvres télévisuelles auraient méritées que l’on s’y attarde pour d’évidentes raisons de ton et/ou d’esthétisme - en un mot de style -, comme « BRIMSTONE / LE DAMNE » ou encore « KINDRED, le clan des maudits ». A la production exécutive de cette création originale de Shaun Cassidy (souvent considéré, à tort, comme une alternative à la vague X-Files / Millennium ou un clone de Twin Peaks ), on retrouve Sam « spécialiste ès gore » Raimi (Evil Dead, DarkMan) et son compère Robert Tapert. A cent lieues de leurs habituelles productions télévisuelles pop-corn ( Hercule , Xena , Jack of All Trades et Cleopatra 2525 ), AMERICAN GOTHIC, dont la construction allie avec réussite le style feuilleton à celui de la série, nous plonge dans un étrange récit situé aux frontières du réel.

Trinity, petite bourgade de l’Amérique profonde, est souvent comparée au triangle des Bermudes de Caroline du Sud, en raison des mystérieuses disparitions qui s’y produisent. Il faut dire que cet endroit vit sous la coupe d’un personnage maléfique, qui tire les ficelles et dirige insidieusement le devenir de ses concitoyens. Et quel personnage, puisqu’il s’agit du shérif du comté, Lucas Buck, dont les prérogatives lui permettent d’user de pressions et de manipulations et d’être le point central et incontournable de toute information.

Dès l’épisode pilote, Shaun Cassidy dévoile l’essence de son intrigue et la personnalité troublante des protagonistes, plus particulièrement celle du représentant de l’ordre. Mais la conception de l’ordre, selon Lucas Buck, est très particulière, comme l’expriment certaines de ses répliques à vous glacer le sang, « Pour ceux qui suivent ma route, la vie peut être un paradis, tandis que pour les autres, elle peut être un enfer » et démontre sa totale intransigeance « Il y a que deux routes en ce monde, et si tu écoutes une autre personne que moi, alors tu fais fausse route ».

La série débute sur la quasi-éradication de la famille Temple. Le père, dont l’épouse s’est suicidée après avoir donné vie à Caleb, un enfant conçu au cours d’un viol, est jeté à tort en prison pour le meurtre de sa fille. Après son pseudo-suicide entre les murs de sa cellule, son fils, le jeune Caleb, se retrouve désespérément seul.

Petit à petit, épisode après épisode, les mystères vont peu à peu se dévoiler, les signes se révéler et le puzzle s’emboîter.

Si Lucas Buck apparaît souvent dans le rôle du bienfaiteur, accepter son aide revient à passer un pacte avec le Diable - rien n’est offert avec le shérif- et le prix parfois fort élevé - il parviendra même à pervertir le représentant du culte -, son omniprésence transcende l’ambiance paranoïaque de Trinity et imprime un faux rythme pesant, dérangeant et sournoisement envoûtant.

On ne tarde pas à comprendre son intérêt malfaisant pour la famille Temple, puisque, à peine les parents de Caleb mis en terre, Buck revendique sa paternité et se positionne pour prendre en charge son éducation. Mais, heureusement, cette opportunité lui sera refusée.

Un rythme un peu lent, des manifestations discrètes de la
présence du Mal, les apparitions du spectre de Merlyn (la grande sœur de Caleb) et des effets spéciaux bien sentis au service du récit caractérisent cette petite merveille du Fantastique, qui fait abondamment référence au surnaturel et au mystique. Elle explore le côté psychologique du Mal, plutôt que ses représentations sanguinolentes et outrancièrement démonstratives, apanage de la « gore production ».

La chaleur moite et pesante du Sud des Etats-Unis, associée à l’ambiance sonore développée par Joseph LoDuca, donne un incontestable cachet à ce tableau et offre un terrain propice à la manipulation. Il y règne un climat fertile à l’expression d’une sensualité empreinte de perversité. Il faut dire que la galerie de personnages qui gravitent autour du shérif et de l’enfant n’est pas exempte de toute responsabilité, loin s’en faut.

Autour du jeune Caleb, qui parcourt l’histoire coincé entre les forces maléfiques héritées de son père et les forces du bien, incarnées par les apparitions fantômatiques de Merlyn, sa sœur, on trouve le Docteur Matt Crower - en quête de repentir depuis que son alcoolisme a entraîné la mort de sa femme et de sa fille - qui décide de s’opposer au shérif et de protéger Caleb de son influence démoniaque. De même, sa très charmante cousine, Gail Emory, une journaliste, choisit de rester à Trinity pour enquêter sur ses mystères et déjouer les manigances du shérif.

Au côté de Buck, sévit Selena Coombs. Sorte de mante religieuse aux charmes de l’enfer, elle partage avec lui une relation sadomasochiste et prend une part plus qu’active dans les plans diaboliques de son amant.

Seul Ben Healy, l’adjoint du shérif, subit les évènements sans vraiment choisir son camp. Apeuré, il est incapable de se rebeller contre son effrayant patron, et, malgré sa connaissance des faits, il préfère garder le silence de peur d’être inquiété.

Victime d’une programmation aléatoire lors de sa première diffusion sur le réseau ABC, cette série n’est composée que d’une unique saison de 22 épisodes.

Diffusée en VOST sur la chaîne 13ème Rue, la qualité de cette production mériterait vraiment de se voir offrir une diffusion sur une chaîne nationale, et cela malgré sa nette impression d’inachevée.

Bruno Paul
article : Imagivore 10 - Mai 2000

FICHE TECHNIQUE

Titre original :American Gothic
Création :Shaun Cassidy
Producteurs  : Shaun Cassidy, David Eick, Edward Ledding
Coproducteur :Judi Ann Mason
Producteur associé  : Billy Crawford
Producteur exécutif :Sam Raimi
Coproducteur exécutif : Robert Palm
Supervision de la production : Robin L. Green
Consultant : Dean Barnes
Design :C. Robert Holloway
Photographie :Stephen McNutt
Musique  : Joseph LoDuca
Montage :Brian L. Chambers, Chris Innis, Tom Moore, Pietro Scalia
Casting :Marc Hirschfeld, Michael A. Katcher, Meg Liberman
Direction artistique : Geoffrey S. Grimsman
Costumes :Peggy Farrell
Réalisateurs :Lou Antonio, Mike Binder, Jim Charleston, James A. Contner, Mel Damski, James Frawley, Bruce Seth Green, Michael Katleman, Elodie Keene, Michael Lange, Doug Lefler, Nick Marck, Michael Nankin, Peter O’Fallon Oz Scott
Scénaristes :Stephen Gaghan, Michael R. Perry
Production :CBS Television [us], Renaissance Pictures

GUIDE DES EPISODES

01. La vérité (Pilote)
02. L’arbre de la résurrection (A tree grows in Trinity)
03. Le reflet du miroir (Eye of the beholder)
04. Le ferrailleur (Damed if you don’t)
05. La morte vivante (Dead to the world)
06. Le topinambour (Potato boy)
07. Les carnassiers (Meet the Beetles)
08. Œil pour œil (Strong arms of the law)
09. Aller-retour en enfer (To Hell and Back)
10. La leçon de Lucas (The Beast within)
11. Résurrection (Rebirth)
12. Amours incendiaires (Ring of fire)
13. Le pays des ombres (Resurrector)
14. Inhumanitas (Inhumanitas)
15. La semeuse (The plague Sower)
16. Le cycle diabolique (Doctor Death takes a holiday)
17. La leçon de Maître Buck (Learning to Crawl)
18. L’ultime adieu (Echo of your last good-bye)
20. Equation à une inconnue (Triangle)
21. L’étrangleur de Boston (Strangler)
22. Lucas Buck se repose (The Buck stops here)
23. Requiem (Requiem)

INTERNET

Site officiel : http://www.scifi.com/americangothic/
Pétition contre l’arrêt de la série : http://www.geocities.com/TelevisionCity/Stage/7048/
alt.tv.amer-gothic : news sur AMERICAN GOTHIC.


Bruno Paul
11 juillet 2004



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