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Bifrost n°68
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°68, science-fiction, nouvelles – articles - critiques - entretien, octobre 2012, 184 pages, 11€

Après une longue éclipse dans le paysage éditorial de la science-fiction en France, Ian McDonald est depuis quelques années à nouveau traduit par chez nous, et ce, grâce à l’impulsion de Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d’Encre chez Denoël.
« Roi du Matin, Reine du Jour », « Le Fleuve des Dieux » et maintenant « La Maison des Derviches », avant le recueil « Cyberabad Days » annoncé pour 2013, dont est justement extrait “La petite Déesse” au sommaire de ce numéro, autant de titres marquants qui ne peuvent qu’aiguiser la curiosité des lecteurs.
Bragelonne, surfant opportunément sur la vague, a aussi publié « Brasyl ».
Autant dire que ce « Bifrost » spécial Ian McDonald n’est que justice et l’opportunité de découvrir plus avant l’écrivain.



La novella “La petite Déesse” appartient à l’univers du « Fleuve des Dieux », mais ne pas avoir lu le roman n’est aucunement gênant à sa compréhension.
Plusieurs jeunes filles répondant à quelques caractéristiques sont réunies dans une pièce pour définir laquelle est la déesse. L’élue voit sa vie chamboulée, mais cela ne peut durer qu’un temps, car dès l’apparition du moindre sang, elle est déchue et une nouvelle déesse la remplace. Après ce statut quasi divin, que peut-elle encore attendre ?
Cette longue nouvelle vraiment géniale nous immerge dans une Inde du futur. Ian McDonald réussit à donner un cachet d’authenticité à “La petite Déesse”. On ne se dit pas : « c’est de la fiction ! », mais plutôt « voilà un avenir qui fait froid dans le dos et qui n’est pas dénué d’une certaine justesse », surtout que l’écrivain a le sens de l’image, parvenant sans peine à rallier nos suffrages quant à son histoire.
C’est passionnant, intelligent, et comme le style suit, on ne peut qu’applaudir et se dire que le recueil « Cyberabad Days » doit mériter le détour.

Gilles Dumay interviewe Ian McDonald. Comme il règne une certaine complicité entre les deux hommes se connaissant, cela donne un bel échange. En plus, l’auteur, né en Angleterre d’une mère irlandaise et d’un père écossais, apparait un bon vivant très sympathique et qui n’embellit pas son parcours. Entretien instructif sur sa carrière et aussi sur la situation irlandaise.
Suit sa bibliographie commentée. Si certains ouvrages ont été traduits en français, il reste encore des inédits, mais difficilement traduisibles. Pour ma part, j’ai découvert l’auteur assez tôt (« Nécroville », le recueil « État de Rêve »), puis du fait d’une éclipse éditoriale française difficilement explicable, si l’on se fie à la qualité de ses écrits, je l’ai perdu de vue. À présent, je me demande ce que j’attends pour lire les deux Lunes d’Encre traînant dans ma pile de livres à lire…
Ce dossier Ian McDonald que l’on qualifiera d’amplement mérité démontre son immense talent. Olivier Girard le compare d’ailleurs à Lucius Shepard, autre voix atypique de la science-fiction. La comparaison n’est pas injustifiée, tant les deux se méritent, mais quel plaisir de lecture au final !

Thierry Di Rollo nous amène aussi dans l’avenir ; bien sûr, il est plutôt inhumain. Une fois l’âge de soixante ans atteint, âge où l’on n’est plus qu’un boulet pour la société, un choix s’impose : aller directement en orbite dans une station pour bosser ou 20 ans dans une ferme d’élevage de clones pour gagner un voyage en orbite avec soit disant sinécure à la clé ?
Pluies sombres” dépeint avec efficacité une société future où l’on cherche à se débarrasser des vieux. Si en plus, cela peut être utile… Il y a du Harry Harrison là-dedans. Thierry Di Rollo excelle dans ce type de nouvelles. Ce n’est guère réjouissant, mais qu’est-ce que c’est bien rendu.

Roland Lehoucq revient sur une découverte qui a fait les grands titres scientifiques. On aurait enfin observé le boson de Higgs ! Pour une fois, il s’éloigne des articles où il décortique la science dans la science-fiction. Personnellement, j’ai trouvé cela ardu à suivre. Tout à son enthousiasme, le professeur s’est laissé aller, perdant sûrement des lecteurs en cours de route.
Bien sûr,« Bifrost » c’est aussi un important volet critique de bonne tenue.

Une fois ce numéro 68 achevé, un nom s’impose à notre esprit : Ian McDonald.
À consommer sans modération !


Titre : Bifrost
Numéro : 68
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Philippe Gady
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, nouvelles, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 68, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : octobre 2012
ISBN : 978-2-913039-65-0
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 184
Prix : 11€



François Schnebelen
13 novembre 2012


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