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La Mort dans une boule de cristal
Alan Bradley
Le Masque, collection MsK, traduit de l’anglais (Canada), fanastique, 405 pages, septembre 2012, 17,60€

Après « Les étranges talents de Flavia de Luce », ou la jeune héroïne se livrait à une étonnante investigation pour innocenter son père, après « La Mort n’est pas un jeu d’enfant » où elle menait l’enquête sur l’assassinat d’un marionettiste de passage, la jeune Flavia est de retour, pour, cette fois, se trouver confrontée à une disparition ancienne, un crime récent, un étrange trafic d’objets de valeur. Au programme, aventures, déductions, et les inévitables coups fourrés avec ses deux pestes de sœurs.



« Pour un observateur posté à l’étage, je ressemblais sûrement à un pion sur un immense échiquier gothique. »

L’Angleterre des années cinquante. Flavia de Luce, onze ans, habite dans l’ancien manoir de Buckshaw. Orpheline de mère, elle vit en compagnie de son père, passionné de philatélie, et de ses deux sœurs, Daphné alias Daffy, de deux ans son aînée, et Ophélie alias Fely, âgée de dix-sept ans. Avec elles, c’est une guerre de tranchées perpétuelle, une succession de fourberies et de coups bas qui ne s’arrête jamais. Fort heureusement, Flavia est animée par une passion qui lui permet de s’éloigner de ces turpitudes : dans une aile distante de ce manoir, si grand qu’il permet de se soustraire à toutes les curiosités, elle a installé un petit laboratoire dont nul ne soupçonne l’existence.
Pourtant, ce n’est pas dans son jardin secret qu’elle va trouver l’aventure, mais dans le monde extérieur. Après avoir accidentellement mis le feu à la tente d’une voyante, elle invite celle-ci à installer sa roulette sur les terres familiales, dont cette même voyante avait été chassée une génération plus tôt. Mais la vieille dame, très rapidement, est sauvagement agressée, et laissée pour morte.

« J’avais très tôt appris que l’esprit aime beaucoup se faire des frayeurs en se racontant des histoires invraisemblables, comme s’il prenait les neurones pour une bande de scouts crédules et innocents rassemblés autour d’un feu de camp dans l’obscurité du crâne. »

Mais Flavie sauve la voyante, puis héberge ensuite secrètement, au sein même du manoir, Porcelaine, la petite-fille de cette dernière, également dotée de certains dons de prescience. Dès lors, indices étranges, constats bizarres, et questions attenantes s’accumulent. Et, malgré la présence bienveillante de Dogger, le serviteur, du Dr Darby, et d’inspecteurs amicaux et sagaces, la jeune fille ne doute pas que de hideux secrets vont bientôt être déterrés. Pourtant, elle n’imagine pas à quel point elle a raison.

« Sais-tu ce qu’il a dit au petit-déjeuner hier matin, avant que tu descendes ? « Flavia a encore trouvé un cadavre ! » On aurait dit qu’il était fier de toi. »

Flavia mène donc l’enquête dans les environs du manoir, dans les hameaux de l’entourage, dans la ville voisine. Cette enquête, souvent sur son compagnon fidèle, une bicyclette BSA Keep-fit renommée Gladys, est l’occasion de rencontrer des personnages singuliers, de s’arrêter sur ses curiosités architecturales, de décrire la campagne alentour. Mais, parfois, le paysage devient subitement moins bucolique : « au-dessus de tout cela flottait une nappe de fumée grise et âcre qui donnait à l’endroit des airs d’enfer victorien tel que représenté sur les gravures de la bible victorienne illustrée.  » Ou même, pire encore : « Ce que je vis ressemblait à un tableau de l’enfer. Dans la lumière verdâtre et aqueuse, bousculés par le vent et illuminés par les éclairs irréguliers, les trois policiers avaient entrepris de décrocher le cadavre de Brookie du trident.  »
Pourtant, avec astuce et au péril de leur vie, Porcelaine et Flavie de surprise en surprise, de mystère en mystère, comme celui de la fée Hildemoer ou de la secte des Hobblers, poursuivront leurs investigations jusqu’à ce que tout soit éclairci. Une enquête qui repose sur la débrouillardise et la logique, mais qui n’exclut pas non plus des aspects profondément humains.

Des aspects didactiques

Ce récit destiné aux enfants tient également ses promesses didactiques. C’est ainsi que l’on apprend comment l’on peut se débarrasser – définitivement – de quelqu’un à l’aide d’une simple fourchette à homard, ce qui peut toujours être utile. Mais nos chères têtes blondes seront plus intéressées – du moins, espérons-le – par d’intéressants apartés concernant l’histoire de la chimie et des scientifiques ayant marqué cette science, en une série de paragraphes suffisamment courts et dispersés pour ne jamais lasser. Et elles apprendront au passage bien des choses utiles, par exemple, qu’il est facile de lubrifier des fenêtres à guillotine avec des tranches de lard dérobées au breakfast, que les bas de nylon, jusqu’à une certaine température, peuvent être utilisés comme sacs de cuisson, qu’avec une demi-tasse d’acide sulfurique, deux pièces de monnaie et une batterie de voiture il est possible de fabriquer une solution propre à stopper les hémorragies nasales, ou comment s’y prendre pour laisser sur un miroir un message qui ne se révélera que lorsqu’une personne viendra s’y examiner. Quelques astuces parmi d’autres qui séduiront les jeunes et les moins jeunes, et contribueront, en sus du plaisir de lecture, à l’édification de chacun.


Titre : La Mort dans une boule de cristal (A red herring without mustard, 2011)
Série : Flavia de Luce tome III
Auteur : Alan Bradley
Traduction de l’anglais (Canada) : Hélène Hiessler
Couverture : Nelly Riedel
Éditeur : Editions du Masque
Collection : MsK
Site Internet : la collection MsK (site éditeur)
Pages : 405
Format (en cm) : 15 x 21,5 x 2,6
Dépôt légal : septembre 2012
ISBN : 978-2-7024-3696-7
Prix : 17,60 €



Hilaire Alrune
13 novembre 2012


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